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Ce qui a changé à Clermont après le « drame de Dublin »

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Deux ans après la finale perdue à Dublin face à Toulon, l’ASM Clermont-Auvergne n’est plus tout à fait la même. La qualité des nouveaux joueurs, le changement d’attitude et le travail mental ont modifié le visage de l’équipe. Suffisamment pour faire chuter Toulon ?

Des nouveaux qui pèsent

L’équipe clermontoise qui débutera la finale samedi face à Toulon sera à quelques exceptions près la même qu’il y a deux ans. Mais les quelques nouveaux visages qui n’étaient pas du « drame de Dublin » (défaite d’un seul point, 15 à 16, après avoir mené au score, ndlr) de Dublin apportent une vraie plus-value à Clermont.

Le deuxième-ligne international Sébastien Vahaamahina est devenu le parfait complément du Canadien Jamie Cudmore. L’alliance d’expérience et de jeunesse de ces deux colosses fait des dégâts.

En troisième-ligne, le Samoan d’origine Fritz Lee, nominé pour le titre de joueur européen de la saison, apporte puissance, vitesse et aisance technique au pack.

Au centre, le Gallois Jonathan Davies confirme enfin les promesses liées à son statut d’international gallois et Lion britannique. Il a trouvé ses marques avec Wesley Fofana, et monte en puissance depuis quelques semaines.

Sur l’aile, on ne présente plus le funambule Noa Nakaitaci. Le Franco-fidjien a explosé à Clermont et avec les Bleus, et a fait oublier Sivivatu.

A l’arrière, l’Anglais Nick Abendanon est la divine surprise du recrutement clermontois. Méconnu à son arrivée, il a éclaboussé toute la saison européenne de ses coups de génie.

L’arrivée dans le staff du Néo-zélandais Jono Gibbes, adjoint de Franck Azéma, apporte de la précision au jeu des avants. Il offre aussi son expérience positive après trois titres européens d’affilée avec le Leinster.

Un discours plus offensif

Mourad Boudjellal se régalait ces dernières saisons à piquer Clermont, d’autant plus qu’il trouvait peu de répondant dans le camp d’en face... Cette année, le nouveau head coach Franck Azéma et le président Eric De Cromières n’ont pas laissé le président toulonnais faire le show en solo. Toulon est double champion d’Europe, donc Clermont est outsider. Pour autant, Mourad Boudjellal a tenté d’inverser la pression en déclarant Clermont favori. « C’est ce qu’il dit à chaque fois, coupe Eric De Cromières. A trop en dire, on finit par être un peu hors-jeu… » « Il y a quinze jours ils parlaient d’entrer dans la légende et maintenant, ils font de nous les favoris, ironise Franck Azéma. Ils ont un statut à assumer. »

Azéma absorbe le stress

Loin du style en apparence stoïque de Vern Cotter, peu enclin à entrer dans la guerre des petites phrases, Franck Azéma ne refoule pas son sang catalan. Le nouvel homme fort de l’ASMCA a volontiers endossé la pression médiatique ces dernières semaines, pour en épargner au maximum ses joueurs.

Incisif en conférence de presse, il fait front, et les joueurs sont apparus cette semaine plus détendus qu’ils ne semblaient l’être les saisons dernières. « L’environnement est moins lourd, témoigne Julien Bonnaire. Il y avait l’histoire de l’invincibilité à la maison qui est terminée aussi… On se pose moins de questions qu’avant et ce n’est pas plus mal comme ça… »

Un nouveau travail mental

La finale d’il y a deux ans était presque gagnée avant que les « Jaunards » ne la laissent échapper. Reconnus pour la qualité de leur jeu, les Clermontois -parfois irrésistibles- ont souvent du mal à conclure.

Azéma a tenu à travailler sur l’aspect psychologique dès sa prise de fonction. Il s’est adjoint les services de Denis Troch, ancien entraîneur de foot reconverti dans le coaching mental, pour tenter de libérer ses joueurs du poids du passé.

« J’ai accroché parce que son approche est très simple, basée sur le bons sens et les discussions, confie Franck Azéma. C’était lié au management que j’avais en tête, au fait d’être bienveillant, de faire attention aux autres. Pour les joueurs, c’est basé sur le volontariat. C’est une facette importante de notre sport, et ça ne peut pas nous faire de mal. »

« Il nous donne quelques leviers pour trouver des solutions collectives et non individuelles », ajoute Aurélien Rougerie.

Par ses interventions ponctuelles depuis le début de saison, Denis Troch, présent à Saint-Etienne, a peut-être permis de débloquer quelque chose dans la tête des Auvergnats…

Clermont semble avoir changé… Au point d'enfin triompher samedi ?

Julien Teiller