
Conflit LNR/FFR: pour Mola, "ce n'est pas la guerre"
Difficile de ne pas lui poser la question. Même à deux jours d’une demi-finale de Champions Cup à Exeter, quand on apprend que la Ligue nationale de rugby (LNR) décide d’aller devant le tribunal administratif pour protester contre les six matchs des Bleus, alors que l’instance des clubs professionnels n’en acceptait que cinq, on voulait savoir ce que le manager du Stade Toulousain, plus gros pourvoyeur d’internationaux, en pensait.
"On pourra être impacté sur huit ou neuf joueurs sur une formule à 31 voire même onze ou douze sur une formule à 42 joueurs retenus", a commenté Ugo Mola. Une véritable saignée au sein d’un effectif. Et pas d’entente entre les instances: "Ce n’est pas l’absence d’entente qui pose problème. On doit prendre en considération tout le rugby français. Et c’est là la question. J’entends beaucoup parler de dichotomie entre le monde amateur et le monde professionnel, je peux vous dire que nous, le monde amateur, on le prend vraiment en considération. Ne serait-ce que dans notre club et dans le partage qu’on peut faire avec les autres".
Pourtant, les discussions sont restées lettre morte. Chacun campe sur ses positions. "Mais la dichotomie entre la Ligue et la fédé est liée au fait qu’on se retrouve sur une formule avec sept semaines et six matchs de haut niveau à jouer, poursuit Mola. Alors que trois matchs, plus un, avaient été prévus, avec le match en retard face à l’Irlande. Donc je pense que chacun est dans son rôle. Après, il y aura des gens qui jugeront et qui décideront ce qui est le mieux pour les uns et les autres".
"Un moyen légal de pouvoir faire valoir ses droits"
Mais il refuse de mettre de l’huile sur le feu au moment où le rugby vit une semaine particulière, avec la garde à vue du président de la FFR Bernard Laporte: "Ce n’est pas la guerre. Il ne faut pas le vendre comme une guerre. C’est juste que chacun défend ses droits". Et les siens sont ceux d’un entraîneur privé de ses meilleurs éléments sur potentiellement cinq journées de Top 14, dans une année de pandémie qui met déjà à mal les clubs.
Impossible à tenir selon lui. "Je comprends que les calendriers ne peuvent pas se superposer. Je comprends la position de Fabien Galthié et de son staff. Mais je comprends surtout celle des clubs aujourd’hui qui vont se retrouver en difficulté si nos joueurs sont obligés de partir six matchs, quand ils auront joué pour la plupart des phases finales européennes, autour de cinq ou six journées de championnat selon les rencontres. Donc déjà, on les met en danger. C’est ça qu’on veut réguler, c’est autour de ça qu’on veut échanger. Après ce n’est pas la guerre. Il faut arrêter de voir la guerre partout. C’est juste un moyen légal de pouvoir faire valoir ses droits. Après on se pliera à la décision qui sera prise. Donc on attend de voir ce qu’il va se passer, mais on est très attentif". Une situation quasi ubuesque, qui dure depuis trop longtemps et qui va maintenant être tranchée au tribunal.