
Accord FFR-LNR: "On a réussi à protéger les joueurs", salue Didier Lacroix
Un accord a été conclu entre FFR et LNR après des jours de bataille, parfois même juridique. De manière générale, après tous ces épisodes est-ce déjà un soulagement?
Oui. Parce que je pense que le rugby ne sort pas grandi et n’a pas besoin de ces épisodes. C’est une négociation de longue haleine car la problématique des doublons est profonde et non réglée. Elle tente de l’être de temps à autre de façon ponctuelle, comme sur l’accord du Tournoi de 2020. Et puis la Covid arrive et complexifie le système. Et tout le monde a raison. Car on est en train de parler de la fin du Tournoi 2020 et celui-ci avait prévu de se finir à cette date. Alors qu’à l’origine, il n’y avait pas ce nombre de matchs. Donc quelque part tout le monde a raison et ça rend les choses complexes. Mais à un moment il faut trouver un accord, car le départ des joueurs se fait dimanche. Et ils ont besoin de préparer ce France-Irlande pour gagner le Tournoi. Pour jouer ce titre, il faut se donner les meilleurs moyens et eux-mêmes ont envie de bien se préparer. Pour autant, nous, on a envie de faire attention au club. Car l’an passé, avec tous les doublons, ça s’est moins bien passé pour nous. Et c’est là où on commence à avoir des intérêts divergents. L’équipe de France s’était engagée pour six matchs. Certains diront qu'elle s’était engagée trop tôt. Le Top 14 a fait un calendrier similaire à celui des années précédentes, sans tenir compte des dates supplémentaires qui ont été confirmées tardivement. Tout ça vient en superposition et on a peur pour le nombre de matchs des joueurs.
>>> FFR-LNR: accord pour six matchs avec le XV de France
Alors que la LNR proposait cinq matchs, il y en aura six, mais avec trois feuilles de matchs maximum par international. Peut-on dire que vos joueurs majeurs vont donc être moins sollicités que prévu?
On a réussi à protéger les joueurs. Sans les impliquer pour savoir s’ils veulent jouer en club ou en équipe de France. Le rapport d’opposition n’a pas lieu d’être et j’espère qu’ils ont envie de jouer avec l’un et avec l’autre. Et ces joueurs-là, il faut leur donner les moyens de se préparer, de la meilleure des façons. Il faut gérer leurs temps forts et leurs temps faibles. Et je pense que le nombre de matchs "à la carte" était primordial. Pour à la fois bien gérer le retour des internationaux en club et pour que Fabien Galthié dispose de l’équipe de France la plus performante possible. Et je pense que le rugby français a intérêt à avoir une équipe de France performante. Mais que les entraîneurs de clubs ont aussi intérêt d’y voir plus clair sur cette organisation. C’est une situation certes pas complètement idéale mais on sort grandis de ces discussions.
On ne voit pas de traces de quota de joueurs par club. Mais comme la sélection va concerner automatiquement plus de joueurs du Top 14, le Stade Toulousain peut potentiellement fournir encore plus d’internationaux?
Le Stade Toulousain peut fournir plus de joueurs internationaux. C’est mathématique, il y a plus de joueurs qui vont devenir internationaux, les matchs n’étant pas joués par les mêmes. Mais il y aura certainement plus de joueurs internationaux venant de clubs qui sont moins sollicités et qui rencontreront cette joie des doublons. Il y en aura peut-être encore plus au Stade Toulousain, mais peut-être encore plus sur d’autres clubs. On verra en fin de tournée.
"J’espère que ça va apaiser les relations entre la Fédération et la Ligue"
Cet accord va-t-il apaiser les relations entre la FFR et la LNR?
Je pense que ça va les apaiser. Je l’espère bien entendu. On va en tirer les enseignements. Encore une fois, ce n’est la faute de personne et celle de tout le monde à la fois. Cette discussion devait avoir lieu à la fin du Tournoi 2020. Face à une expérience que nous avions faite avec une autre forme de mise à disposition des joueurs (42 au lieu de 31, ndlr), on avait convenu de revoir, avant la fin juin, cette mise à disposition. Elle allait être analysée par l’équipe de France en termes de performance et par les entraîneurs. Car sur le moment, ces derniers ont mal vécu le retour tardif dans la semaine au club des joueurs non retenus. C’est ce qui semble les avoir marqués, comme un point faible. C’est ce qui nous a contraint à partir sur un effectif de 31 pour cette automne, même si trois seront de nouveau mis à disposition à partir du jeudi. On n’a pas pu faire ce bilan-là puisque la crise du Covid nous a stoppé. Les discussions et les analyses n’ont pas eu lieu.
Et enfin, est-ce qu’un jour ces histoires de doublons vont être réglées? Êtes-vous prêt à changer la formule, Top 12, des matchs de phases finales en moins, même si l’enjeu économique est présent?
Il est évident que pour pouvoir éviter les doublons il faut faire des arbitrages sur les compétitions. Sur celles internationales? Domestiques? Il y a un réel questionnement. C’est une voie. L’autre voie, c’est de considérer qu’il faut les accepter mais les limiter. Ça oblige une organisation différente. A cause du mérite, des blessures, des méformes, c’est difficile de connaître le nombre de joueurs sélectionnés à l’avance. Donc si on ne modifie pas les compétitions, il faut que les clubs s’adaptent en terme d’effectif. Et il faut donc avoir les moyens financiers et une grosse organisation d’indemnisation. Car là on joue le même nombre de matchs que lors d’une Coupe du Monde, mais sans les "jokers Coupe du Monde" qui permettent de nous adapter. Donc les clubs sont réticents à libérer les joueurs autant de temps. Il faut donc des règlements pour permettre au club de s’adapter.