
Double Contact - Earvin Ngapeth: "J’ai commencé à rapper avant de jouer au volley"
Il se présente comme "un rappeur qui a percé dans le sport". "C’est quelque chose de réel parce que j’ai commencé à rapper avant de faire du volley. Ça me représente bien par rapport à ce que je vis en ce moment", nous explique Earvin Ngapeth, lorsqu’on le rencontre pour la promo de son projet évolutif "Palmarès" (mis à jour en février dernier). Le volleyeur de l’équipe de France, sacré champion olympique à Tokyo en 2021, est aujourd’hui pleinement investi dans sa vie d’artiste. Une activité qu’il mène en parallèle de son quotidien d’athlète de haut niveau. Avec un équilibre qui le satisfait pleinement.
"Ce sont deux mondes qui se complètent bien et qui font qui je suis, résume le réceptionneur-attaquant de 32 ans. J’ai vraiment besoin de mon mood rap, studio, de l’ambiance qu’il y a autour de cette musique-là. Et ça se complète bien avec l’ambiance sportive. Mais le sportif ne peut pas être ce qu’il est sans le rappeur." Né dans le Var, Earvin Ngapeth a grandi à Poitiers, dans la Vienne. C’est là qu’il a découvert la musique urbaine à l’époque du collège. Un vrai coup de foudre.
La Russie, un déclic dans sa vie de rappeur
"J’ai écrit mes premiers textes autour de 13 ans, précise la star des Bleus. J’ai eu la chance de grandir dans une ville où il y avait pas mal de scènes rap et d’open mic (scène ouverte, ndlr). C’est parti de là, tu montes ton premier groupe avec tes potes. Petit à petit, ça a pris plus de place dans ma vie et dans mon quotidien. Et ça ne m’a jamais lâché jusqu’à aujourd’hui…"
Même si le son a toujours fait partie de son univers, il s’y est mis plus sérieusement il y a quelques années, lors de son passage au Zenit Kazan, au Tatarstan: "Là où je me suis vraiment rendu compte que j’avais besoin de ça, c’est quand j’étais en Russie. J’étais tout seul, sans la famille. C’était dur, il fait -30 degrés, tu ne parles pas la langue. La seule chose qui m’occupait, c’était d’écrire et de faire du son. C’est là que je me suis rendu compte que le rap avait une importance pour moi. J’avais fait mon petit home-studio pour pouvoir faire mes maquettes et j’allais à l’entraînement avec le sourire grâce à ça."
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"J’aime bien écrire lors des déplacements"
Revenu à Modène il y a deux ans, Earvin (son nom d’artiste) continue de gratter ses textes et de poser dès qu’il en a l’occasion. Entre deux compétitions, il se rend régulièrement à Paris pour enregistrer ses projets. "Le moment que je préfère pour écrire, c’est quand je pars en déplacement, explique le joueur d’origine camerounaise (par son père). En Italie, on voyage beaucoup en bus. On met l’instru et puis téléphone, notes, c’est nickel. A l’hôtel aussi. Je suis papa de trois enfants. Quand je ne suis pas à l’entraînement, je profite de la famille donc j’aime bien écrire en déplacement. Quand je suis seul, au calme (…) Ça arrive qu’en préparation de match, j’écoute des prods. Après j’ai des idées, mais je les note direct."
Un premier gros concert à Paris
Depuis quelques temps, le public et le monde du volley observent différemment sa carrière de rappeur. "Je sens le changement de regard et de discours quand on en parle. Dans le bon sens, parce qu’ils voient que c’est sérieux. On bosse, tu vois. Ce n’est pas un caprice. Les gens le sentent." Après avoir assuré plusieurs show-case, en France et en Italie, Earvin (dont le prénom est un hommage au basketteur américain Magic Johnson) va gérer son premier gros concert le 18 mai au Cabaret Sauvage de Paris.
L’occasion de rencontrer ses fans et de faire découvrir aux autres sa large palette musicale. "C’est une pression vraiment différente. J’ai l’habitude de jouer devant 6.000 personnes au volley. Un show-case devant 500 personnes, c’est un autre truc. Moi, je suis plus à l’aise sur du rap kické. C’est ce que je préfère. Après, j’ai mes moods. Les sons vont avec", précise le double vainqueur de la Ligue mondiale.
"Je ne veux pas que ça m’apporte des soucis dans le sport"
Son statut de sportif professionnel ne lui permet pas toujours de dire ce qui lui passe par la tête au micro. Alors il s’impose une certaine retenue, sans s’interdire non plus d’aborder les thèmes dont il a envie. "Il y a des choses qui vont peut-être créer du buzz pour un rappeur, mais moi ça va me créer une sauce, glisse Ngapeth. Et je ne fais pas de la musique pour ça. Moi, c’est mon kiff, c’est un peu une échappatoire. Mais je ne veux pas que ça m’apporte des soucis dans le côté sport. Aujourd’hui, je suis un volleyeur, je joue en équipe de France, il y a les Jeux de Paris qui arrivent (lors desquels il aimerait être porte-drapeau, ndlr), on est champions olympiques. Donc il faut quand même faire attention à ce que tu dis et ce que tu fais, encore plus."
Ses morceaux ambiancent parfois les vestiaires de l’équipe de France de volley. Ils passent même durant certains matchs. "Ça arrive beaucoup dans les compétitions internationales, confirme le punchliner d’1,94m. Aux Jeux (de Tokyo), on s’est mis le DJ de la fédération internationale dans la poche. Il vient à toutes les grosses compétitions. Quand il faut faire un peu de promo, on lui glisse les sons par mail (sourire)."
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