
Philippe Auclair - 30-31 janvier 2010

Torres, la trahison. La FA Cup, ou le vrai football anglais...
Pour mémoire, le tirage officiel des huitièmes de la FA Cup, qui se dérouleront les 19 et 20 février:
West Ham United v Burnley Manchester City ou Notts County v Aston Villa Stoke City v Brighton Birmingham City v Sheffield Wednesday Leyton Orient v Arsenal Chelsea ou Everton v Reading (en fait, Chelsea-Everton, le match contre Reading ayant lieu plus tard) Manchester United v Crawley Town Fulham v Bolton Wanderers or Wigan Athletic
Un joli menu, en particulier pour Crawley Town, cinquième équipe de D5 à se qualifier pour les huitièmes depuis 1990, et pour les ‘Os’ de Leyton Orient, qui recevront les Gunners, l’occasion, peut-être, de prouver qu’ils peuvent remplir le stade olympique de Stratford, comme l'a joliment dit Andy Townsend?
A ceux qui affirment que la FA Cup est ‘morte’, une réponse en deux chiffres: 9000 supporteurs de Huddersfield s’étaient rendus à l’Emirates pour leur match contre Arsenal. Plus de 59 000 spectateurs au total pour cette rencontre...Et 4000 fans des Seagulls de Brighton avaient fait le voyage pour assister à la victoire 1-0 de leur équipe à Watford.
Quand vous voyez en plus St Mary’s bourré à craquer pour la venue de Manchester United dans le remake de la finale de 1976, vous vous dites que le vieille dame du football mondial a encore les mollets d’une jeune fille, et qu’on se retourne au passage de celle-ci.
Ce week-end, malheureusement, n’aura pas seulement été un week-end de Cup, mais celui qui précède la fermeture du mercato de vingt-quatre heures. Au lieu de parler des exploits de Crawley, et du dynamitage des Spurs (qui m’inquiètent) par Fulham, il n’est question que des tractations d’arrière-boutique entre Chelsea et Liverpool. Torres pour 60m€, Torres pour 50m€ plus Anelka, etc, etc.
Pendant ce temps, Samir Nasri pète un muscle de la cuisse gauche, est out pour Arsenal-Barcelone – une catastrophe – mais, non, on ne parle que d’un transfert qui se fera peut-être, encore que, ce dimanche soir, les personnes les mieux informées (et j’inclus des ‘décideurs’ des deux clubs dans le lot) n’en savaient absolument rien. Le ballon est dans le camp d’Abramovitch. Voilà des années qu’il court après son Nino. S’il le veut vraiment, il peut l’avoir. S’agit-il d’un coup de com’, destiné à apaiser Ancelotti et le public de Stamford Bridge? Il y a quelques jours, on le croyait; on a changé d’avis depuis. Liverpool ayant refusé Sturridge en part-échange, ce qui se comprend, Anelka servirait de morceau de sucre pour faire passer la pilule. Les supporters d’Anfield l’apprécient, un sentiment qui est d’ailleurs réciproque. Chelsea se fait prier pour prolonger son contrat. It makes sense...
Pendant ce temps, Torres se fait massacrer sur les forums des Reds, au point qu’on peut douter qu’il soit accepté à nouveau dans la maison rouge. Quand j’écris ‘douter’, je manie l’euphémisme: Torres, adoré à Liverpool, a trahi, point barre. Or, à Liverpool, quand on aime, on aime à fond, et pour toujours. Mais quand on hait, pareil. Torres a franchi le pas. Il a chanté faux dans le choeur qui clamait son nom. S’il devait rester, je craindrais pour lui; la réaction serait –est déjà – terrible. Pauvre Luis Suarez, dans quel pétrin es-tu arrivé! Un détail qui n’a pratiquement jamais été mentionné: l’Uruguayen ne peut pas jouer la Ligue Europa avec les Reds, y ayant déjà participé avec l’Ajax (alors que Torres, lui, peut jouer la Ligue des Champions, le graal d’Abramovitch). Or cette compétition est une priorité pour Dalglish et ses employeurs. Que Torres parte, et il ne resterait plus personne, enfin, juste David Ngog et Jovanovic, pour mener leur attaque. Vu le temps qu’il reste jusqu’à la clôture du marché de janvier, il faudrait donc trouver illico un remplaçant, d’où l’attrait de faire revenir Anelka.
En attendant, il se passe de drôles de choses en Angleterre, que Torres fasse exploser le record des transferts ou non. Notre économie est entrée dans le mur (récession dite ‘secondaire’ dans les trois derniers mois de 2010, chômage record depuis la glorieuse ère Thatcher, la sterling qui part en vrille, etc, etc). Mais notre football a dépensé trois fois plus, les achats de demain non compris, qu’en janvier 2010. Quelle est la vérité du football anglais? La surenchère de certains? Ou ces cars pleins de fans prêts à faire 1000kms en 24 heures pour honorer leurs maillots, et inspirer ceux qui le portent? Je crois que vous avez deviné ma réponse:
Vive la FA Cup.