
Philippe Auclair 30/11

La fin d’un rêve?
La colère si perceptible d’Arsène Wenger n’y changeait rien: il ne pourrait faire appel de la victoire de Chelsea, qui s’est imposé à l’Emirates par trois buts d’écart pour la deuxième fois consécutive. Après le 4-1 de mai dernier (quand il n’y avait que la fierté pour enjeu), un 3-0 cinglant qui place les Gunners à 11 points des Blues, autrement dit hors-course. Certes en 1997-98, Arsenal comptait treize longueurs de retard sur Manchester United à Noël, et finit par leur souffler le titre. Mais cette fois-ci, un pareil come-back parait plus qu’improbable. Chelsea et Manchester United, qui avance sereinement, sans faire de bruit, ne séduisent peut-être pas souvent, mais ont le don de savoir encaisser, puis de réagir quand le besoin s’en fait sentir. Arsenal? Je le croyais, je n’en suis plus si sûr. On montrera du doigt le manque de ‘vice’ des Gunners, qui n’ont pas de Mikel, de Fletcher ou de Mascherano – voire de Palacios – dans leurs rangs. Leur absence de réalisme aussi, alors qu’ils avaient réalisé une entame de match quasi-parfaite, gagnant la plupart des duels en milieu de terrain.
On s’interrogera surtout sur cette scoumoune qui semble les suivre à la trace. Et je ne parle pas du but – valable – d’Andreï Archavine qui aurait pu, et dû, les faire revenir à 2-1; ou du malheureux but contre son camp de Thomas Vermaelen, par ailleurs excellent, sur un centre parfait d’Ashley Cole...entre nous soit dit, le seul des ‘Invincibles’ de 2003-04 à être sur la pelouse ce dimanche soir. Tout un symbole, non?
Je parle du nombre invraisemblable de blessures qui accable le groupe de Wenger, qui doit lui faire se poser bien des questions. Est-ce la préparation physique des joueurs qui est en question? Le suivi médical? Toujours est-il que, cette année encore, c’est un Arsenal amoindri qui se bat pour le titre. Et la plupart de ces blessures ont une origine musculaire, pas un tacle trop violent ou mal placé. Aucun club n’est épargné, bien sûr, mais j’ai fait les comptes. Depuis le début de la saison, Arsenal: 33 blessures. MU: 27. Chelsea: 22. Liverpool: 17, tout comme Tottenham. Curieux. Et cela, quand la densité du squad de Wenger est inférieure à celle de celui d’Ancelotti et de Ferguson. Prenez le cas de Robin van Persie, l’homme aux chevilles de cristal. Le 4-3-3/4-1-4-1 de Wenger est bâti autour de ses qualités, tout comme le 4-5-1 de 2005-06 était bâti de celles d’Henry. Mais quand le Néerlandais n’est plus là...qui mettre à sa place? Bendtner lui aussi est blessé, et Eduardo n’est pas fait pour ce rôle. Du coup, si le ballon circule toujours aussi bien, il n’y a personne pour le pousser au fond des filets – en tout cas, pas comme RvP sait le faire dans ce contexte tactique. Nombre de buts marqués en championnat par Arsenal depuis son absence: 0. Avant cela? Les Gunners tournaient à 3 par match. Un Chamakh aurait fait du bien. Peut-être en fera-t-il bientôt, d’ailleurs.
Le vrai héros de Liverpool
Non, ni ‘Stevie G’, ni ‘El Nino’, mais José Manuel Reina Páez, dit ‘Pepe’, une nouvelle fois brillant et décisif pour les Reds. Comme à sa bonne habitude. Sans l’ancien portier de Villareal, Rafa serait reparti de Goodison Park avec une défaite de plus dans ses valises. Ce double arrêt, grands dieux...Combien de points Benitez doit-il à l’éternel numéro 2 de la Roja? A ce sujet, mon cher Fred, même si je ne vois que des bribes de ce qu’accomplit Casillas dans la cage du Real, permets-moi de m’étonner que son statut ne soit pas remis en question: Reina n’est peut-être pas aussi spectaculaire sur sa ligne que Casillas (encore que...); mais pour ce qui est de son poids sur le jeu dans la surface, sa maîtrise des ballons aériens, sa relance à la main ou au pied, eh bien...je me dis que l’Espagne a bien de la chance. Ah, si l’Angleterre en avait un seul comme celui-là...
Et bravo Tottenham!
Vous savez que Harry Redknapp ne figure pas vraiment dans la liste des gens avec lesquels j’aimerais partir en vacances: il y a quelque chose de frelaté autour de ce faux bon enfant qui me dérange profondément. Mais je dois dire que ses Spurs m’étonnent. Même si je maintiens que leur 3ème place actuelle ne sera pas celle qu’ils occuperont en mai prochain, ils ont montré des qualités inattendues à Villa Park, à commencer par une ténacité qui leur faisait défaut autrefois. Menés au score, ils ont réagi avec beaucoup de cran, et personne n’aurait crié au scandale s’ils étaient repartis de Birmingham avec 3 points. Rendons à César ce qui lui appartient: Tottenham est l’une des bonnes surprises de cette Premier League. Redknapp...c’est une autre histoire.
A tout de suite a l’antenne!
Philippe