RMC Sport

Philippe Auclair 28/09

Un Britannique nommé Roberto Martinez...

Je m’étais un peu avancé dans France Foot au début de la saison, en parlant de Roberto Martinez, ci-devant entraîneur d’un épatant Swansea, comme de l’un des managers à suivre en 2009-10. Le match suivant, Wigan sombrait. Evidemment! Mais le plus britannisé des Espagnols – son épouse vient d’Ecosse, où il a passé une partie de sa carrière de joueur, à Motherwell – vient de frapper un gros coup en mettant un point final à la série de 11 victoires d’affilée de Chelsea en championnat. Un succès sans discussion...si ce n’est qu’il y a beaucoup de choses à discuter. Martinez, à 36 ans, dégage déjà l’autorité d’un manager bien plus expérimenté, et je ne serai pas étonné si un club de son pays natal – et pas un petit – se tournait vers lui d’ici peu. Mais le débat, inévitablement, doit concerner Chelsea.

6 victoires en 7 matchs ne constituent pas une crise. Mais la plupart des phrases que je souhaite écrire au sujet des Blues s’achèvent par un point d’interrogation. Le Terry de cet automne est-il vraiment l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète, comme l’annonnent tous les commentateurs britanniques? José Bosingwa, épatant lorsqu’il provoque son vis-à-vis, n’est-il pas trop fragile lorsque c’est lui qui est provoqué? Carvalho, le si classieux Carvalho, a-t-il surmonté les problèmes physiques qui ont plombé sa dernière saison? Et comment, sans Petr Cech, suspendu, les Blues pourront-ils museler une attaque de Liverpool dans laquelle Torres est plus brillant que jamais, maintenant qu’il peut aussi compter sur l’inventivité de Benayoun?

Chelsea-Liverpool, ce sera dimanche prochain. Le temps des réponses, et d’un match qu’on ose espérer à moitié aussi bon que le dernier rendez-vous entre ces deux clubs. La Ligue des Champions, ce match-retour...vous vous souvenez? Moi, j’en frissonne encore.

Arsenal dans la douleur: un bon signe.

Roy Hodgson est un authentique gentleman du football. Un manager au palmarès magnifique, un superbe motivateur – et un type mieux que bien. Mais Roy avait son visage des mauvais jours samedi soir. J’étais au match (je ne loupe jamais une occasion de m’asseoir sur les sièges en bois de cette merveile de stade, surtout quand le soleil fait vibrer la Tamise toute proche), et j’ai encore vu un Fulham entreprenant, bien organisé, et teriblement malchanceux. N’avait été Vito Mannone, 3ème gardien des Gunners (pour combien de temps? S’il sort un autre match comme celui-là contre Olympiakos demain soir, Manuel Almunia et Lukasz Fabianski ont du mouron à se faire), Fulham aurait dû au moins prendre un point. Mais van Persie marque avec sa ‘jambe en chocolat’ (sa propre expression), Mannone fait son Gordon Banks, et les Gunners repartent avec trois points. L’an passé, ils auraient sans doute perdu ce match. Cette fois-ci, pris à la gorge, ils ont refusé de se laisser asphyxier. Cruel pour Fulham, encourageant pour Arsenal, qui a de plus un calendrier très favorable sur les deux mois à venir.

Portsmouth, un public en or.

Votre équipe vient de prendre sa 7ème défaite consécutive. Vous êtes bons derniers du championnat, avec 0 point. Votre club bien-aimé a été ‘acheté’ par un clown, Sulaiman al-Fahim. Vous avez semé vos meilleurs joueurs (Defoe, Krancjar, Johnson, Crouch, Diarra, Distin) comme le Petit Poucet ses cailloux. Et au coup de sifflet final, vous vous levez, et vous acclamez votre équipe vaincue (...et 7 buts pour Louis Saha, en 7 matchs, au passage!). Chapeau. Vous avez su voir que Kaboul et cie avaient tout fait, et bien, si ce n’est qu’en face, il y avait Tom Howard sur la ligne d’Everton. Ou Leighton Baines. Mais si Fratton Park continue de brûler d’une telle ferveur, Pompey se sauvera. La (mal)chance tournera. Peut-être qu’al-Fahim finira par trouver une âme sensible pour lui avancer les millions dont il a besoin (car, croyez-moi, il n’en mettra pas un de sa poche). Rien que pour ces fidèles qui méritent leur nom, c’est ce qu’on a le devoir de souhaiter.

Vive le Championship!

Bis repetita...sauf que, non, ce n’est pas une erreur. Si la D2 anglaise est le 3ème championnat le plus populaire du monde (au nombre total de spectateurs), c’est que le spectacle est formidable, et souvent imprévisible. QPR qui marque 5 buts? Cardiff à nouveau battu? Hat-trick de Nolan à Ipswich? Et Blackpool en barragiste...ça, c’est extraordinaire. Ce serait extraordinaire. Comme l’a dit son manager Ian Holloway, le Pierre Dac du foot anglais, ‘nous avons couru 100 yards du marathon. Si c’était un premier rendez-vous avec une fille, et qu’ils n’avaient même pas pris la commande au resto, la soirée pourrait encore être pourrie. Elle pourrait me laisser en plan’. Mais elle pourrait rester, non? Voir le club des deux grands Stan (Mortensen et Mathews) y croire, rien qu’un peu, c’est déja beau. Comme ce que Chris Hughton est en train de faire à Newcastle, que tout le monde (moi compris) pensait devoir plonger les pieds dans le béton. Hughton est un de ces hommes qui vous redonnent confiance dans le football: modeste, droit, capable, passionné sans emphase. Et qui, aujourd’hui, contre toute attente, dirige les leaders d’un Championship en plein boom. Bravo. A ce soir, autour du micro!

Philippe