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Philippe Auclair 14/12

Par où commencer, les amis? Nous venons de vivre un week-end comme seule la Premier League peut nous en offrir, fertile en buts, en rebondissements, en controverse, en surprises, bref, en tout ce qui fait que, le samedi venu, nous prenons le chemin du stade, et que les autres jours, nous parlons de ce que nous avons vu.

Trois coups de chapeau pour commencer; à Thomas Sorensen, qui a maintenant arrêté 5 des 6 derniers pénalties sifflés contre son équipe de Stoke (du jamais vu?); à Maynor Figueroa, auteur d’un but de près de 60m qui ne devait rien à la chance – soyons précis: d’un coup-franc direct situé à 55m26 du but de...Thomas Sorensen, précisément, qui trouva la lucarne après un vol de 2 secondes 63 centièmes, soit une vitesse de 76,25 kms/heure; merci aux amis du Daily Mail pour ces precisions!et à Birmingham City, dont je vous parlais déjà la semaine passée, et qui a remporté son 4ème match d’affilée pour pointer à la 8ème place, à égalité de points avec Liverpool.

Mais la vedette doit évidemment revenir à Arsenal et à Aston Villa, auteurs de deux exploits de nature bien différente, mais qui ont ceci en commun: ils ont su exploiter la situation qui se présentait à eux pour se replacer dans une course au titre dont le vainqueur est plus que jamais incertain.

Les Gunners ont sans doute livré – le temps d’une mi-temps – leur pire match depuis un certain 1-6 à Old Trafford en 2001. A la pause, des amis et moi échangions des textos: ‘Arsène va devoir les secouer comme jamais il ne l’a fait’, disais-je alors. Ce qu’il fit, à en croire Cesc Fabregas. Liverpool avait annihilé un Arsenal paralysé par la peur. Les Reds auraient mené 3-0 que personne n’aurait trouvé à y redire. Mais tout changea à la reprise. Un brin de chance, un soupçon de génie (Archavine, bien sûr), et la crainte changea de camp. L’espoir aussi.

Villa a enfin exorcisé Old Trafford. Ils n’y avaient pas gagné depuis 1983, et l’ont fait à la régulière, quoi qu’en dise Sir Alex. L’homme du match? Martin O’Neill, plus encore que Gaby Agbonlahor, Ashley Young ou le magnifique Richard Dunne, qui manque tant à Manchester City. Wenger a sa vision, O’Neill a la sienne: l’une comme l’autre méritent le respect, aussi, bonne chance au manager venu d’Irlande du Nord qui entend prouver à l’Angleterre qu’elle sait encore produire de bons footballeurs.

Mais je dois en venir au sujet qui semble aveugler tant d’observateurs britanniques: l’état des lieux à Chelsea (0 victoire en 4 matchs, 10 buts encaissés). A les lire et les entendre, l’étrange vertige qui a saisi les Blues depuis un 3-0 plus que convaincant à l’Emirates est d’abord le fait d’un joueur, Petr Cech. Ce qui me fait bondir. Que Cech traverse une période de doute, je l’accepte. Mais ce n’est pas lui qui en a semé la graine.

C’est son capitaine, John Terry. Mais pas touche à la ‘légende’, au capitaine de Capello, oh non. Alors permettez-moi de lui rentrer dedans, histoire de rétablir l’équilibre, n’en déplaise aux fans des Blues qui me taillent depuis des semaines lorsque j’ose écorner l’image de leur héros.

Regardez à nouveau les trois buts donnés à Everton. Terry qui se fait dominer dans un duel aérien avec Louis Saha (encore bravo, Louis!); Terry qui oublie de dégager le ballon dans un 50-50 avec cette terreur, Leighton Baines, et le Yak qui dit ‘merci’; Terry, enfin, qui fait reculer sa ligne sur le coup-franc qui amène le but du 3-3. Cech pète les plombs. Il a raison.

Terry court au ralenti depuis quelques mois, et il le sait. Alors il compense. Sur les coups de pied arrêtés, Chelsea compte d’abord sur la présence exceptionnelle de Cech dans sa surface pour contrer les mouvements de ses adversaires; mais il a besoin d’espace pour cela, ce qui exige que ses défenseurs soient placés aussi haut que possible. Si le patron de son back four, conscient de sa lenteur (quel autre mot?), décide de reculer, c’est tout le système défensif de Chelsea qui est ébranlé, avec les résultats que l’on sait. Ne vouez pas Cech aux gémonies. Essayez de comprendre comment, à 27 ans, l’un des meilleurs gardiens du monde peut donner l’impression de ne plus savoir lire le jeu. Et ne me parlez pas de sa fracture du crâne d’octobre 2006. Cech a livré bien des matchs de référence depuis. Terry également – mais aucun depuis le début de cette saison. Mais que voulez-vous? Un gardien tchèque obligé de porter un casque de protection est une cible autrement plus facile que le skipper des futurs champions du monde.

Philippe