
Philippe Auclair 10/11

Arsenal peut-il aller jusqu’au bout?
C’est en train de devenir le sujet de conversation fétiche entre journalistes dans les salles de presse de la Premiership. Ce dimanche, alors que nous attendions la feuille de match de Chelsea-Manchester United, la discussion se portait naturellement sur les événements de la veille: Manchester City et son 5ème match nul d’affilée, et face à...Burnley, grands dieux. Vous aurez peut-être remarqué que j’ai un gros faible pour l’équipe d’Owen Coyle, qui ne ferme jamais le jeu. Et qui, avant samedi, avait encaissé 17 buts à l’extérieur, sans en inscrire le moindre. Mais City est d’humeur généreuse par les temps qui courent. Bridge et Lescott, dignes de figurer sur la liste des 23 de Capello? Après des performances comme celle-là, on a le droit d’en douter. Un coup de chapeau, au passage, pour un footballeur de la vieille école: l’international écossais Graham Alexander, 38 ans depuis octobre, qui jouait à l’occasion son 901ème match professionnel. Il avait marqué un doublé contre Hull le week-end précédent. Il y a ajouté un pénalty contre Les Citizens, dont tout espoir de titre s’est envolé: 10 points laissés sur le bord de la route lors des 5 dernières journées, c’est too much, tout simplement. Arsenal, par contre...36 buts marqués – par 17 joueurs différents - après 11 matchs, je prends ma calculette...3,27 buts/match, multiplié par 38...124 buts sur une saison. Il faut remonter à la saison 1930-31 pour trouver une équipe qui tourne à un tel rythme: Aston Villa, 128 au total; et à cette époque, 22 clubs de l’élite se disputaient le titre dans la vieille First Division. Villa avait fini 2ème, d’ailleurs. Derrière les Gunners de Herbert Chapman. Non que j’imagine ceux de Wenger maintenir ce tempo hallucinant. Leur destin sera sans doute déterminé, non par leur pléthore d’attaquants (van Persie, Archavine, Walcott, Vela, Eduardo, Nasri, Bendtner, sans oublier Fábregas, meilleur buteur actuel avec 9 réalisations. Et Rosicky...et Wilshere...), mais par une défense qui n’a certainement pas la même épaisseur en termes d’effectif. Vermaelen-Gallas, c’est le top du top. Mais que l’un des deux se blesse...qui prendrait sa place? Curieusement, il se pourrait qu’un certain Philippe Senderos joue un rôle inattendu cette saison. Le départ de Song pour la CAN sera tout aussi préjudiciable. Et là, ce sera à Aaron Ramsey de montrer que sa progression n’est pas un effet d’optique. Je l’en crois capable. Je les en crois capables. Victoire et défaite sont frères jumeaux dans l’imposture
Je paraphrase le vers de Rudyard Kipling, bien sûr. Mais, au retour de Stamford Bridge, je me demandais encore comment United avait pu laisser 3 points chez les Blues. Je venais d’assister à un hold-up. Ferguson avait concocté un plan tactique parfait pour contrer le ‘diamant’ d’Ancelotti: Anderson, que j’ai rarement vu aussi bon, avait pour mission d’empêcher Essien de se projeter vers l’avant. Du coup, le trio Ballack-Lampard-Deco se trouvait privé de ballons de qualité, et Nicolas Anelka (excellent) était contraint de décrocher en permanence, laissant un Drogba en quart de teinte bien seul à la pointe de l’attaque. L’homme du match? Darren Fletcher, comme si souvent dans les grands matches. Le meilleur joueur qu’ait produit l’Ecosse depuis la génération Lambert-Collins-McAllister, et de loin. Quelle intelligence dans le placement et la distribution. Quel désir dans la conquête. Quelle présence dans les duels! L’histoire retiendra que Chelsea a pris 3 points, et fait le break (oh – vivement cet Arsenal-Chelsea du 29 novembre...); mais on aura eu le rappel de deux choses ce dimanche. Les limites des Blues, et le potentiel de United, même sans Ferdinand, Vidic, Park, Berbatov et Scholes. N’oubliez pas que, lors des 2 dernières saisons, MU a perdu davantage de matches que son dauphin. Le paradoxe de cette 12ème journée? Si, mathématiquement, Chelsea a fait un joli coup, on serait tenté de revoir à la hausse les chances de l’équipe qu’il a vaincue.
Pour finir, des nouvelles des Français de Premier League avant Croke Park...Louis Saha a marqué son 9ème but (en 14 matches) pour Everton à West Ham...oups. Pardon. Loic Rémy et Sydney Govou sont tellement meilleurs. Encore toutes mes excuses.
Et à tout de suite, ladies and gentlemen.
Philippe