
Comment jouer avec As-Roi?

Antoine Vannini, consultant poker RMC. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La question d'optimiser sa manière de jouer As-Roi est récurrente chez les joueurs débutants. Tout simplement car c'est la premium la plus fréquente, et également la moins évidente à manoeuvrer.
La première considération qui nous intéresse est notre profondeur de tapis absolue et relative. Il sera plus délicat de parvenir à faire engager 200 blinds à nos adversaires avec autre chose que QQ+ avant le flop, tandis qu'on se sentira invincible en ouvrant la même main avec un stack de 10 blindes.
Le second élément qui vient jouer dans notre prise de décision sera le profiling de nos adversaires, ainsi que la lecture de la dynamique. On aura du mal à partir à tapis pour 60 blindes contre un joueur qui n'avait pas relancé une seule main du tournoi, tandis qu'on sera très enclin à payer 300 blindes si le maniaque de la table qui n'arrête pas de bluffer se sent pousser des ailes.
Enfin, interviennent les mêmes paramètres habituels dans notre prise de décision tels que la position ou les calculs d'ICM.
Les deux grosses erreurs avec AK sont du sur-jeu : s'isoler contre des meilleures mains avant le flop en relancant un montant qui empêche nos adversaires de faire des erreurs et leur font abandonner leurs mains dominées, et ne pas savoir lâcher après le flop quand notre main n'a pas amélioré, en finissant par la transformer en bluff dans des situations où nos adversaires représentent de la force légitime.
Deux exemples :
⁃ lors de la table finale du PPT de 2011, à quatre joueurs restants, Ilan Boujenah est chip-leader. Il va bet/4b et call le tapis de Salman Behbehani pour 60 blinds avec AK, pour s'empaler sur la paire d'as de son adversaire. Un coup qui le prive du podium et a beaucoup fait parler de lui à l'époque.
⁃ plus récemment, lors de la finale du PCA à Nassau, Antoine Saout est en demie-finale avec un stack confortable de 100 blindes. Il est dans le top 3 et semble en route vers la table finale. Mais il va 3b puis 5b et call le tapis de Pascal Lefrancois qui détient les rois.
Enfin, Lucille Cailly, brillante runner-up de l'EPT Monte-Carlo en 2012, est passée à un coin-flip du titre, en perdant AK contre QQ de Mohsin Charania. Une main qui ne sourit donc pas forcément aux tricolores.