
Profession : Christophe Pieux

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Vous avez vu le film Incassable ? Il aurait pu traiter de la vie du plus célèbre jockey d’obstacle de la planète (un peu de chauvinisme ne tue pas). Incassable, inclassable, Christophe Pieux est un homme, un athlète hors du commun. Il possède non seulement quinze cravaches d’or à son palmarès, ce qui n’est pas près d’être réédité, mais sa carrière est loin d’être terminée. Et cet «Iron Man» des hippodromes a pourtant franchi le cap de la quarantaine.
Une carrière incroyable
Un cap ? En réalité, à peine une virgule pour celui dont le compteur frôle avec les 2.000 victoires. Depuis 1985, et quelques 300.000 obstacles plus tard, il est toujours là. Sa gueule de boxeur, son enthousiasme et sa soif de vaincre chevillée au corps ne peuvent laisser indifférent. Comme le dit le célèbre metteur au point Jean-Paul Gallorini à ses jeunes ouailles «ne cherchez pas à faire comme lui, il est inimitable». Il le sait, le maître entraîneur, imiter Pieux serait s’exposer à des risques inutiles. C’est lui, qui a commencé à raccourcir ses étriers, montant les pieds au plus près de la selle, à l’image des jockeys de plat. C’est lui, encore, alors âgé d’une trentaine d’année, qui a battu le record de victoires (1007) en obstacle, qui tenait depuis 1923, à la mort accidentelle de Georges Parfrement, tombé sur l’hippodrome d’Enghien. C’est lui, toujours, qui donne du fil à retordre aux «petits jeunes», valeurs montantes de l’obstacle en France.
Réussite et fidélité
Ceux qui le connaissent le savent, la gentillesse du bonhomme n’a d’égal que son talent. Personnellement, je me souviens d’un après-midi printanier sur la butte Mortemart. J’avais accompagné un ami photographe à la réception de la dernière haie, là où les photos sont toujours grandioses. Au passage du peloton, je vois, à quelques mètres de moi, le partenaire de Christophe faire un «soleil» sur l’ultime haie, projetant l’infortuné jockey à une dizaine de mètres en avant, à pleine vitesse. J’ai cru qu’il allait se planter dans la piste ! Et je peux vous assurer que le bruit de son corps touchant le gazon me confortait dans mon impression. Paniqué, je regardais pourtant les photographes revenir vers la salle de presse, comme si de rien était. En me retournant, je compris pourquoi mes collègues n’avaient même pas prêté attention à cet événement, classique pour eux. Pieux se relevait, époussetant sa casaque, avant de chercher sa cravache dans le trou qu’il venait de faire avec son propre squelette. Pour la petite anecdote, ce jour-là, il monta encore deux courses avant de se faire recoudre le menton...
Le Grand Steeple-Chase de Paris
N’est-ce pas lui qui termina le parcours du Grand Steeple-Chase de Paris avec une fracture du pied, il y a trois ans ? Alors que son cheval lui écrasa la jambe contre une lice à un kilomètre du but, il franchi tout de même le poteau en tête. C’est ça Christophe Pieux, un génie d’acier, une légende vivante. Tombé au départ l’an passé, en selle sur ce même Remember Rose (décidément), il sera encore là en 2011, associé à Rolino d’Airy, pour l’entraînement d’une vieille connaissance, Jacques Ortet, qui fut son mentor à ses débuts. Déjà lauréat à trois reprises de cette épreuve (Line Marine en 2003, Sleeping Jack en 2005 et Remember Rose en 2009), il serait logique que Pieux inscrive son nom, encore, au palmarès d'une compétition qui lui ressemble...