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Le coronavirus met un coup très dur au marché des paris sportifs

90% de chiffres en moins, le championnat biélorusse cartonne, sollicitations du Nicaragua, les conséquences de la pandémie sur les paris en ligne. Le président de l'Arjel Charles Coppolani fait le point.

L'Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) a rendu ce jeudi son rapport d'activité 2019 au Ministère des Sports avec un records d'échanges sur des anomalies de paris l'année passée observées sur les compétitions en France ou les compétitions ouvertes aux paris sur le territoire. En cette période de pandémie, malgré l'absence quasi totale de compétitions au niveau mondial, le gendarme français des paris en ligne, voit le marché des paris évoluer vers des compétitions surprenantes. Explications de son président, Charles Coppolani. 

Quel bilan dressez-vous de l’année 2019 sur le marché des paris en ligne?

L’année 2019 a été marquée par un phénomène de record de notices: 192 (ndlr: les échange d’informations à la suite de l’enregistrement d’anomalies ou d’atypismes sur un événement sportif). Cela ne veut pas dire qu’il y a eu plus de problèmes que les années précédentes, mais plutôt que la vigilance s’est accrue car on travaille désormais en collaboration avec les plateformes du groupe de Copenhague (33 plateformes dont 29 en Europe). D'ailleurs, la majorité de ces notices ne traduisait pas un problème au final. Enfin, sur ce total, une minorité concerne les paris ouverts sur des compétitions en France.

Dans le domaine des paris, 2019 a été aussi marqué par de nombreux cas de matches truqués dans le tennis…

Effectivement, un réseau a été démantelé par les services belges avec la collaboration du Services Central des Courses et Jeux qui a procédé à un certain nombre d’interpellations. Sur la deuxième partie de l’année 2019, les alertes relatives au tennis ont chuté ce qui prouve que ce réseau était particulièrement actif.

Depuis le début de l’épidémie liée au COVID-19, comment se porte le marché des paris en France?

Il se porte mal, il y a eu une chute de 90 % des mises et du produit brut des jeux parce que les compétitions ont disparu. Afin d’éviter que les joueurs n’aillent sur les offres illégales des compétitions pas officielles, ou dans certains cas des compétitions factices, on a quand même essayé de trouver des compétitions qui se poursuivaient comme le football biélorusse (ouvert depuis 2010 aux paris en France). Nous avons ouvert la possibilité de parier sur le football australien il y a quelques semaines, ou le base-ball coréen qui est un sport très populaire là-bas. On ouvre l’accès à des compétitions où il n’y a pas d’historique de manipulation et qui sont organisées par des fédérations nationales ou internationales, avec des résultats facilement accessibles.

Le championnat biélorusse est donc la compétition phare en ce moment pour les parieurs?

En général, les matches du championnat génèrent environ entre 10.000 et 40.000 euros de mise. En mars 2019, on était à 600.000 euros de mise. Sur ce mois-ci, cette année avec le contexte de la pandémie cela atteint 27 millions d’euros. 

>> Les conseils Paris de la Dream team RMC sur le championnat biélorusse sont ici

Avec le manque de compétitions, avez-vous des sollicitations d’opérateurs pour l’ouverture de paris sur des compétitions atypiques?

On a été sollicité pour le football au Nicaragua (les playoffs de première division), mais nous n’avons pas accepté, car nous n’avons aucune information sur le championnat, ce que l’on sait c’est que les joueurs étrangers ont quitté le pays, il y a eu des articles disant que les joueurs étaient contraints de reprendre. On a aussi été sollicité pour une compétition de tennis de table en Europe que l'on a refusée. 

La période d’avril à juin est synonyme de fin de saison, et d’activité très forte sur le marché des paris. En l’absence de compétitions, la criminalité dans le domaine devrait baisser drastiquement?

Il semblerait que les réseaux soient assez actifs sur des compétitions que nous n’autorisons pas, il y a des alertes de la part du groupement des loteries sur des compétitions pas ouvertes aux paris en France. Je pense que les réseaux essaient de se poser sur des compétitions mineures qui attirent des parieurs sur l’offre illégale, c’est pour ça qu’il faut être vigilant.

Propos recueillis par Anthony Rech