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Natation: Manaudou soigne son retour et réaffirme ses ambitions pour les JO

Florent Manaudou a facilement remporté le 50m nage libre de l’Euro Meet au Luxembourg en 21"56 ce samedi, pour sa première compétition en grand bassin de la saison olympique. Ambitieux, le Français a réaffirmé, après sa victoire, sa volonté de décrocher l'or à Tokyo.

Florent Manaudou affichait un grand sourire à l’arrivée de son premier 50m nage libre en grand bassin cette saison. A six mois des Jeux olympiques, le champion olympique a marqué les esprit ce samedi, en s’imposant avec de la marge sur ses adversaires et en réalisant la deuxième performance mondiale de l’année en 21"56 à l'occasion de l’Euro Meet au Luxembourg (derrière les 21"50 du Russe Vladimir Morozov). C’était seulement sa deuxième compétition en grand bassin depuis son retour à la compétition, après son premier plongeon à Rome en juin dernier.

Florent Manaudou, c’était quoi l’idée pour ce 50m?

Toujours prendre des repères, nager plus vite que ce matin. Je suis beaucoup plus satisfait de mon 50m de ce matin parce que j’ai mieux mis les choses en place. Là ce soir je perds un peu le tempo, je ne suis plus trop sur mon rythme, je pioche un peu sur la fin je regarde à droite à gauche. Après 21"56 comme ça c’est bien, c’est cool.

Il faut continuer à réapprendre la confrontation...

Oui bien sûr, c’est plus dur de nager 21"50 à fond ce soir que 21"90 ce matin, où je sais que je vais passer en finale et que je peux essayer des choses. Là il y a un peu plus d’enjeu, et c’est rare en janvier d’avoir de la confrontation directe. Je l’ai eue tout l’hiver avec Dressel, avec Ben (Proud, le Britannique deuxième performeur de l’histoire hors combinaisons sur 50m ndlr). Maintenant, ça va être toutes les compétitions comme ça et ça me pousse un peu à être plus focus que sur une compétition, où je sais que le deuxième nage 22"50, c’est différent.

Ce matin, vous disiez que vous cherchiez à mettre de la délicatesse dans votre nage. Pouvez-vous expliquer?

Je suis un nageur qui nage beaucoup en force parce que c’est mon atout numéro 1, donc je sais qu’en posant, en ralentissant un peu les deux-trois premiers mouvements, ça va me permettre de mieux sentir les choses, d’avoir plus de sensations et de pouvoir accélérer et ne pas piocher en fin de course. Je n’ai pas bien réussi ce soir mais en enlevant Rome au mois de juin, où le contexte était totalement différent, c’est ma première compétition depuis mon retour en grand bassin et je suis content de gagner et de faire 21"50. Maintenant le problème, c’est qu’il va falloir que je nage plus vite à chaque compétition et 21"50 c’est déjà bien!

104kg cet hiver au moment de l’Euro en petits bassin, c’était cinq de plus que votre poids sur votre "première carrière". C'est plus désormais?

Oui… (rires) La dernière fois que je suis monté sur la balance, elle indiquait 109kg, donc c’est un petit peu lourd. Bon là je pense que je suis plus à 107kg, mais que c’est un peu trop lourd pour du grand bassin. Je ne sais pas si c’est ça, mais je sens sur la fin que je perds un peu de vitesse. Il va falloir que je regarde sur les stats. Mais je pense que entre 102 et 104kg, ce serait parfait pour les sélections.

C’est lié à quoi? Il faut faire attention à ne pas faire trop de musculation?

Oui… Et je n’ai pas forcément trop fait attention à ce que je mangeais ces derniers temps. Le problème c’est que pour un homme, le pic de forme pour la force, c’est entre 30 et 35 ans. Donc je ne fais que prendre de la masse musculaire et c’est entre guillemets un problème pour moi, parce qu'il ne faut pas que je sois trop lourd. C’est un sport où on essaie de mixer être le plus rapide en étant le moins lourd. Donc il faut que je bosse sur la puissance sans prendre trop de muscles, ce qui est compliqué.

Quels sont vos objectifs aux JO?

Gagner! Je suis revenu pour gagner. Il y a un nageur qui va très vite, c’est Caeleb Dressel, et ça va être dur de le battre. Mais je suis un challenger et je suis content de pouvoir me mesurer à des nageurs qui sont allés plus vite que moi. C’est un challenge, pour l’instant ils sont plus forts. Ils ont été plus forts que moi dans leur carrière et je vais essayer de les battre comme je l’ai fait en 2012. Cela va être dur parce que je ne ferai peut être pas de médaille, peut être que je gagnerai… On verra mais l’ambition c’est de gagner.

Vous parlez de Caeleb Dressel qui a pris votre record du monde du 50m lors de la finale ISL où il vous a devancé. Avez-vous été piqué?

Bien sûr! Je sais que les records sont faits pour être pris. C’était compliqué parce que quand je suis arrivé à Las Vegas, franchement j’étais au bout, j’ai fait beaucoup de compétitions, j’ai eu l’enchaînement des championnats d’Europe à Glasgow et les championnats de France à Angers où je n’ai pas pris beaucoup de vitamine D (rire). Après le record du monde, c’était très dur pendant 10-15 minutes, après ça l’était moins, et là je suis content d’avoir perdu parce que c’est lui le plus fort et il aura certainement plus de pression que moi aux Jeux.

Quand on voit l’énorme différence que fait Dressel en petit bassin au moment du virage au 25m, on se dit que le grand bassin est un avantage pour vous?

"C’est impressionnant ce qu’il fait, je suis à côté et franchement ça fait mal en plus je ne suis pas un nageur qui ne va pas vite sous l’eau et il doit me mettre 50cm! Sachant que moi je mets 30 cm à Ben (Proud) et on est tous les trois très bons en coulées. Je ne sais pas, il rebondit bien sur le mur, il est plus ample, c’est dur de se faire battre comme ça. Mais en tout cas au premier 25m, on est tous les trois ensemble donc ça, c’est bien pour les Jeux."

Quel est votre regard sur le 100m programmé dimanche?

"Il ne faut regarder que le premier 50m parce que 109kg sur un deuxième 50, ça va être compliqué. Je vais me régaler, je suis content parce que ma compétition est validée, parce que je fais un bon 50m nl, deux bons premiers 15m vendredi sur le 50m papillon. Je vais être un petit peu plus relâché sur 100m demain et ça va faire un peu plus mal mais ça va être bien, ça va être cool. Ça me fait plaisir de le faire et d’être avec les copains. Si je peux motiver les autres pour le relais, c’est bien. Je vais essayer de le faire pour le relais. Après franchement, je n’en ai pas fait depuis quatre ans. Je me demande si le dernier c’était pas aux sélections olympiques et j’étais mort sur le deuxième 50m ce n’est pas un très bon souvenir! Je vais juste me régaler, je suis content de faire des courses."

Julien Richard