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Natation: la France change de philosophie pour ses sélections olympiques

La crise du Covid 19 a bouleversé le calendrier mondial du sport, et forcé la natation française à remettre à plat son système de qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo.

La Fédération française de natation (FFN) a dévoilé ce vendredi les critères de sélection pour les Jeux Olympiques l’été prochain. Avec des changements majeurs par rapport à ce qui était initialement prévu, à cause de la crise sanitaire du Covid-19.

La qualification olympique se fera en deux phases. La première étalée du 10 décembre au 21 mars, durant laquelle les nageurs pourront décrocher un billet pour le Japon en réalisant un chrono très exigeant imposé par la FFN et qui correspond à une entrée en finale olympique sur les deux dernières éditions. Sur huit épreuves, le chrono demandé est par exemple plus rapide que les records de France actuels. Un seul nageur pourra décrocher une qualification par ce biais. Si plusieurs athlètes réalisent le chrono exigé sur une épreuve, seul le plus rapide s’assurera un ticket pour Tokyo.

La deuxième phase, plus classique, se déroulera lors des championnats de France à Chartres du 15 au 20 juin. Les nageurs français devront d’abord réaliser un minima international "B", puis le soir un minima "A" plus exigeant. Ils devront prendre l’une des deux premières place de la finale (deux nageurs seront qualifiés au maximum par nation sur chaque épreuve en natation aux JO).

Un mini-révolution culturelle

"L’objectif avec l’ajout de cette première phase de qualification, c’est de permettre à nos top athlètes de sécuriser leur qualification olympique, leur façon de se préparer et concevoir leur saison, explique le directeur technique national Julien Issoulié. On s’est aperçu que 90% des médaillés olympiques avaient réalisé des performances de ce standard dans la saison olympique. Quand on reprend nos performances, tous les médaillés français depuis 2008 l’avaient fait. Mais on ne leur met pas un boulevard! On leur dit: voilà la barre à atteindre et, si vous y arrivez, on vous qualifie. On a besoin de sécuriser ces athlètes-là. Mais pour qu’ils soient sécurisés, on leur demande un haut niveau de performance".

Autre grande nouveauté, les championnats de France ne seront placés que cinq semaines avant les Jeux olympiques. Une configuration qui tranche avec les championnats habituellement situés au mois d’avril et qui ressemble au système américain et ses "trials". Une mini-révolution culturelle pour la natation française. "Avec cinq semaines d’écart, il n’y a pas beaucoup de temps de latence, explique Issoulié. Quand il y a 14 semaines entre les qualification et les Jeux, l’athlète va peut-être s’octroyer quatre, cinq ou six semaines où il n’est pas à 100%. Donc je ne pense pas qu’il y ait un grand risque. Pour en avoir parlé avec plusieurs entraîneurs, ils ne sont pas inquiets".

"C’est vraiment bienvenu"

Un choix qui enthousiasme Fabrice Pellerin, entraîneur notamment de Charlotte Bonnet à Nice. "C’est vraiment bienvenu, ça faisait longtemps que l’on n’avait pas renouvelé notre philosophie de sélection. On sort d’une situation sanitaire que tout le monde connaît. Je pense que donner un bon coup de fouet à notre système de sélection, une bonne bouffée d’oxygène à une natation qui a été confinée, qui se déconfine, qui doit se réadapter à un nouveau calendrier, fait du bien à tout le monde".

Une nouvelle stratégie qui aura, selon l’entraîneur niçois, plusieurs répercussions positives pour la natation française. "Le fait de rester mobilisé jusqu’en juin, au lieu d’avril, va permettre de rallonger les saisons en matière d’énergie, préparation, motivation et de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération". L’ouverture d’une période de qualification en plus des sélections des championnats de France "responsabilise les coachs et les nageurs. Sur des fenêtres qui vont s’ouvrir, chacun va devoir cibler une période et se préparer en conséquence et je trouve ça formidable. Parce que ça va donner une responsabilité à chacun et la responsabilité fait partie de la performance".

Les JO de Paris en filigrane

Le DTN Julien Issoulié qui n’a pas caché son envie d’avoir "l’équipe la plus performante et la plus complète possible", avec dans l’idée de pouvoir qualifier un maximum de relais pour les Jeux olympiques de Tokyo. "On sera à trois ans des JO de Paris. Si on peut commencer à mettre nos plus jeunes sur un strapontin et dans la confrontation mondiale, je pense que ça peut nous permettre d’optimiser l’avenir et notamment 2024".

Le premier grand rendez-vous pour la natation française aura lieu à Saint-Raphaël avec les championnats de France hiver organisés exceptionnellement en grand bassin, du 10 au 13 décembre. Une première compétition nationale post-coronavirus qui lancera donc la campagne de sélection olympique pour Tokyo.

Julien Richard