
Mondiaux de natation : Manaudou, l’obsession de la performance
Une quête perpétuelle de performance et d’adrénaline. Voilà comment résumer la vie de Florent Manaudou. Dans les bassins comme en dehors, le nageur français doit aller vite, enchaîner, pour ne jamais tomber dans une routine ennuyeuse. Sacré champion du monde sur 50m papillon et 4x100m nage libre à Kazan, il visera une troisième médaille d’or sur 50m nage libre ce samedi. Sans pression et avec le sourire d’un gamin de 24 ans qui prend du plaisir dans tout ce qu’il fait. Mais aussi avec l’envie de tout maitriser, tout le temps. « Il compte tout, il calcule tout, tout est maitrisé, explique son entraineur Romain Barnier. La valise est faite deux jours avant… Il n’y a rien qui est laissé dans le détail. »
Chute libre, ski et moto
Enchainer les longueurs et les séances de musculation, d’accord. Mais Manaudou a aussi besoin d’évasion : il s’est mis à la moto, pourtant pas spécialement recommandée pour des sportifs de haut niveau. « Oui, je fais de la moto. Pourquoi, c’est interdit ?, demande-t-il aux journalistes avec le sourire. Apparemment, c’est compatible. Tant que ça marche et que j’arrive à performer… La moto, ce n’est pas ‘’je roule à 300 sur l’autoroute !’’ Je vais faire des balades, ça permet de changer un peu d’air. »
Ce qui ne fait pas vraiment le bonheur de son entraîneur Romain Barnier qui, s’il n’est pas opposé aux multiples activités de son poulain, n’est pas non plus très fan. « Il a deux ou trois sauts en chute libre cette année, du ski, de la moto… Je suis plus fataliste là-dessus. Il était tout le temps blessé avant d’arriver à Marseille. Il ne faisait pas une saison sans se blesser à un pouce ou autre part. Aujourd’hui, on prend des risques parce qu’on fait des sports à risque… C’est un choix. Ça fait partie d’une philosophie. Ça peut s’arrêter demain parce qu’il aura fait une erreur, mais il en assumera les conséquences. Je ne l’encourage pas. Je ne me fais pas de souci. » Pas de souci, même si ces activités peuvent avoir des conséquences en compétition. « Il a chuté quinze jours avant les championnats de France, il s’est fait une cheville et il a nagé avec une cheville qui était déplacée pendant un mois et demi, raconte Barnier. Ça faisait partie des risques. »
La guitare à s’en faire mal
Et comme la moto et la chute libre ne suffisent pas, le nageur marseillais s’est mis… à la guitare. Moins dangereux a priori. Sauf pour Florent Manaudou. « Vu que je suis un peu un acharné, je commence à avoir très mal aux doigts, reconnaît-il. Le problème, c’est que quand je commence un truc, il faut que je le fasse à fond et je joue de 3 à 4 heures par jour... » La demi-mesure, connait pas. « Flo, dès qu’il essaie quelque chose, il sait le faire », confie Camille Lacourt, qui s’entraine avec lui à Marseille. Avec un bémol toutefois. « Je l’ai vu chanter par contre : il vaut mieux qu’il reste à la guitare (rires). » Au moins un domaine qui lui résiste.