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Manaudou à l’épreuve du temps

Laure Manaudou

Laure Manaudou - -

Anonyme ce week-end aux championnats des Etats-Unis, la Française a montré ses limites à multiplier les courses. Payant le prix de ses deux années sabbatiques, l’ex-championne de 25 ans va devoir faire des choix en vue des JO de Londres.

La championne olympique est ressortie des championnats des Etats-Unis, à Atlanta, ce week-end, l’orgueil rincé. Elle a fini ses deux finales sur 200 m et 100 m dos loin derrière les leaders. En Géorgie, la Française a terminé 10e, soit dernière, du 200 m (2’01’’71) et 10e du 100 m dos (1’03’’14). De quoi laisser un goût amer à l’ancienne super woman des bassins qui s’entraîne dorénavant à Auburn. « J’ai un sentiment mitigé, avoue-t-elle, c’est difficile de ne pas arriver première et de voir les autres se rapprocher de mes meilleurs temps. » A six secondes de son record personnel sur 200 m et à trois secondes sur celui du 100 m dos, la nageuse de l’Alabama ne progresse pas par rapport à sa précédente sortie à Minneapolis, mi-novembre. Dans le Minnesota, elle nageait déjà en 2’01’’42 sur 200 m et en 1’03’’42 sur 100 m dos. Ce week-end à Atlanta, on l’a vue à la peine l’après-midi, montrant ses limites à encaisser les efforts. « Je n’ai plus 16 ans, et j’ai du mal à enchainer », concède-t-elle.

Laure Manaudou est une maman de 25 ans, son retour à la compétition après deux années à la retraite s’annonce donc plus compliqué que prévu, et le chemin qui doit la mener à Londres sinueux. Visiblement dans le dur lorsqu’elle multiplie les courses, l’ancienne élève de Philippe Lucas va devoir économiser ses efforts. « Il va falloir que je fasse des choix, et les bons. » Interrogée sur la distance qu’elle devrait privilégier à Londres, Manaudou répond d’abord dans un éclat de rire : « La plus courte ! » Avant de poursuivre : « Je me sens bien sur 100 m dos. » Son choix semble évident. « Je trouve que ce qu’elle fait sur 100 m dos est très propre », analyse Lionel Horter, directeur de l'équipe de France et ancien coach de la nageuse avant Pékin. Reste que pour le technicien, « Laure va devoir faire des perfs avant les sélections pour emmagasiner de la confiance. » Dans quatre mois, elle a rendez-vous avec les championnats de France (18-25 mars), à Dunkerque.

Horter : « Laure est à un moment charnière »

« Je dois courir pour moi sans me préoccuper de ce que font les autres », affirme Manaudou. Une révolution nécessaire décryptée par son compagnon d’entraînement à Auburn Frédérick Bousquet. « Moi, j’ai souvent été dans le dur, elle pratiquement jamais. J’accepte ce que son orgueil refuse pour l’instant », analyse le Marseillais. Avant de poursuivre : « Elle découvre un système d’entraînement différent que je pratique depuis 4 ans. » On peut déjà croiser la nouvelle Manaudou en dehors des bassins, comme l’a fait sa rivale Camille Muffat qui juge l’ex-star « beaucoup plus ouverte ». Mais le changement est attendu maintenant entre les lignes d’eau. « Laure est à un moment charnière », lâche Horter.