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Coronavirus: la natation française se retrouve en cale sèche

L’épidémie de coronavirus continue d’affecter les événements sportifs en France et la natation ne fait pas exception. Si les nageurs tricolores espèrent encore participer aux JO de Tokyo, la fermeture des piscines les empêche de s’entraîner et leur situation inquiète.

La France est passée au troisième stade de l’épidémie de coronavirus pendant le week-end et la plupart des installations non-essentielles à la survie des Français ont fermé. Outre les restaurants, bars et autres commerces non-alimentaires, les infrastructures sportives ont également clos leurs portes.

Si les mesures sanitaires qui s’appliquent à l’ensemble de la population impactent le sport en général, le cas de la natation pose particulièrement problème pour les athlètes qui rêvent des Jeux olympiques de Tokyo cet été (du 24 juillet au 9 août). Les fermetures de piscines se multiplient, et l’inquiétude des nageurs grandit. Les sélections olympiques prévues à Chartres du 14 au 19 avril ont été repoussées à la fin du mois de juin (23-28 juin). Et beaucoup de sportifs se retrouvent dès lundi dans l’impossibilité de s’entraîner.

Repos forcé pour l’INSEP

Et les nageurs tentent comme ils peuvent de s’adapter à la situation. Le jeune sprinteur qui a pris la neuvième place des derniers Championnats du monde sur 50m nl à Gwangju, Maxime Grousset fait partie du groupe d’entraînement de Michel Chrétien à l’INSEP.

Mais l’établissement est désormais fermé. Après avoir envisagé une solution de replis à Amiens, son entraîneur a décidé de mettre au "repos" forcé ses nageurs qui sont donc rentrés chez eux avec un programme d’entretien physique laissé par le préparateur physique.

Un nageur du groupe a trouvé une solution de repli originale. Maxime Grousset va pouvoir s’entraîner à partir de mardi chez un particulier en Normandie qui possède une piscine de 25m dans sa propriété ainsi qu’une salle de musculation. Il bénéficiera d’un plan d’entraînement donné à distance par Michel Chrétien.

"Et encore ce sont de bonnes conditions par rapport à certains autres. On a des athlètes qui peuvent s’entraîner, pour l’instant, a estimé au micro de RMC, Julien Issoulié, le DTN de la natation tricolore. Je ne suis pas certain que cela puisse durer dans le temps." 

"Pas les plus à plaindre" à Nice, Manaudou en vacances

C’est le cas par exemple à Nice où le club dispose d’une piscine qui lui est dédiée. Charlotte Bonnet et le groupe d’entraînement de Fabrice Pellerin peuvent encore s’y entraîner sans contrainte. Pour le moment. "Nous sommes à l’écoute de ce qui se dit quotidiennement lors des conférences de presse, raconte le coach niçois. Nous avons acté que nous n’aurons pas de compétition à nous mettre sous la dent avant au moins le mois de juin. En attendant nous ne sommes pas les plus à plaindre puisque les spécificités de notre bassin nous permettent de nous entraîner dans de bonnes conditions, à huis clos. Mais qui de ce qui sera annoncé demain… Nous ne sommes pas à l’abri d’un confinement obligatoire et durcit qui nous amènerait comme tout le monde à stopper les entraînements jusqu’à nouvel ordre."

A Marseille, le groupe de Julien Jacquier va continuer à s’entraîner pendant une semaine au cercle des nageurs qui est fermé, mais autorisé pour le groupe élite. Ils prendront ensuite une semaine de vacances. Florent Manaudou se trouve en congés cette semaine et reprendra la semaine suivante à Marseille. A Antibes le groupe élite pouvait continuer à s’entraîner jusqu’à samedi… Le reste du club est arrêté. 

A Dijon où s’entraîne Amaury Leveaux, la piscine a fermé ses portes. Eric Rebourg l’entraîneur a annoncé la fin des entraînements pour trois semaines. Le pôle dijonnais qui utilise les installations du CREPS pour la musculation ne peut plus effectuer de préparation physique sur place également. Mais avec l’annonce faîte samedi par le Premier ministre les choses pourraient changer.

"On va voir comment la situation va évoluer en France mais il faut aussi rappeler que l’on ne fait que du sport. C’est sûr qu’il y a un coup d’arrêt un peu violent pour le rêve olympique de certains nageurs, a aussi confirmé Julien Issoulié. Nos qualifications ont été reculées et des TQO sont annulés, des frontières fermées. Tout cela rajoute un peu de stress dans les têtes."

L’eau libre en difficulté

La natation française compte déjà trois nageurs qualifiés pour Tokyo, sur le 10km en eau libre. Lara Grangeon qui s’entraîne à Rouen, Marc-Antoine Olivier et David Aubry à Montpellier avec Philippe Lucas. La piscine où s’entraîne le groupe du célèbre technicien est fermée. Celle de Rouen également. Un vrai casse-tête pour une discipline qui ne permet pas de s’arrêter de nager et qui oblige à passer beaucoup de temps à l’entraînement dans l’eau. 

"Pour tous les nageurs de demi-fond et d’eau libre cela va être vraiment compliqué de rebondir. Il faut passer du temps dans l’eau pour être performant. Il y a une motricité bien particulière et on ne peut pas la retrouver sur un banc de musculation. Il faut nager et développer les capacités physiques dans l’eau, a encore expliqué Julien Issoulié sur RMC. Avec la fermeture des piscines cela va être de plus en plus compliqué. Les nageurs d’eau libres peuvent s’entraîner dans la mer mais l’eau est fraîche en ce moment. Mais même ça je ne suis pas sûr qu’on les laisse faire dans les jours à venir."

La natation bleue attend le CIO

Face à la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus, plusieurs instances sportives internationales se réuniront en urgence ce mardi. C’est notamment le cas du CIO dont le plan d’action est attendu avec impatience par les nageurs français. Si les organisateurs nippons assurent pouvoir organiser les JO à Tokyo cet été, le CIO pourrait également choisir prendre des mesures radicales et annoncer leur report jusqu’en 2021. Du côté de la FFN ont attend surtout d’en savoir plus afin de mettre fin à cette incertitude.

"Cela ferait du bien à tout le monde de savoir ce que le CIO pense vraiment car il ne s’est pas encore trop positionné sur les JO de Tokyo, a conclu Julien Issoulié. […] Je pense que les athlètes et les entraîneurs ont juste besoin de savoir où ils vont car leur vie est très cadrée via ce calendrier et des objectifs. Là ils sont paumés car le calendrier est flou. Cela devient inégalitaire et anxiogène. Eux veulent aller s’entraîner." Si les JO de Tokyo sont maintenus, reste à savoir dans quelles conditions et si les athlètes pourront véritablement y défendre leur chance. Pour le moment et comme le reste de la France, les nageurs français se retrouvent dans le flou et l’incertitude face à cette épidémie de coronavirus.

JGL avec Julien Richard