
"Clairement pas suffisant", regrette Manaudou, malgré son titre national qui le rapproche de Tokyo
Il a assuré l’essentiel en décrochant le titre national sur le 50m nage libre avec à la clef le temps de qualification pour les Jeux olympiques en 21''73 (21"80 pour le chrono exigé par la Fédération, mais il n'est pas encore officiellement qualifié puisqu'il faut attendre la fin de la période de trois mois), mais Florent Manaudou faisait grise mine au moment de débriefer sa course. Loin, trop loin, de ses espérances chronométriques.
Le champion olympique 2012 livre un constat sans concession: "Ce n’est pas suffisant." Florent Manaudou va rentrer chez lui à Marseille et ne nagera pas ses deux dernières épreuves de ces championnats de France, le 50m papillon et le 100m nage libre. Le Marseillais va prendre des vacances et n’a qu’une hâte: "Bosser. Je vais en chier, mais j’ai besoin de ça."
Est-ce que l’essentiel a été assuré ce soir avec la qualification olympique?
Non je voulais nager plus vite. Maintenant c’est fini, donc on va se contenter de ça…
Il y a de la frustration…
Bah ouais, j’ai arrêté de nager trois ans, j’ai fait du handball trois ans, je me suis entraîné 10 semaines et je fais exactement ce temps-là en séries du meeting de Rome (juin 2019) avec tout ce que ça impliquait, le stress d’une première compétition… Ce n’est clairement pas suffisant. Le temps n’est pas mauvais, mais c’est ce que je faisais en période de préparation. C’est mon moins bon 50m depuis que je suis revenu je crois (dans une finale ndlr). Je pense qu’il faut que je travaille plus, parce que ce n’est pas suffisant. Je ne sais pas encore trop sur quoi. Mais je patine à une vitesse qui ne me permet pas d’aller plus vite. Je pense que ce n’est pas mécanique, parce que j’ai beau chercher des choses, ça ne va pas plus vite. Je fais un bon premier 25m, je me sens bien et je n’ai pas la maîtrise de la nage ensuite. A moi de bosser.
Le fait de sortir de six semaines de compétition avec l’ISL, ça ne vous fait pas relativiser?
Depuis que je suis revenu, j’ai été surpris à Rome, où j’avais bien nagé, j’ai été surpris l’an dernier sur l’ISL, et en janvier dernier au Luxembourg, quand je nage 21"5. Je me donne peut-être des objectifs trop hauts, je ne sais pas. Je veux être honnête envers moi-même et envers vous, je comptais vraiment nager 21"4 et je suis déçu pour moi, parce que franchement, ce n’est pas suffisant. C’est dommage parce que j’ai fait l’ISL, c’est bien, tout ce que ça comporte, c’est super. Par contre je ne sais pas si j’ai rechargé les batteries ou pas. Il faut juste que je bosse un peu parce que vu l’année que l’on a eue, c’est compliqué.
En voyant le verre à moitié plein, ça peut aussi faire du bien de prendre une petite claque non?
Je m’en suis pris beaucoup là quand même (rire). Autant par mes résultats que par ceux des autres qui étaient à côté de moi. A moi de me remettre en question. Franchement je prends du plaisir à nager, à l’entraînement c’est super. Je fais des trucs supers dans ma vie personnelle. Dans mon entraînement aussi, avec du travail sur la nutrition, le sommeil et je suis super content de ça. C’est pour ça que je m’attends aussi à nager plus vite, mais peut être que ça paiera un peu plus tard.
Ce gros bloc de travail dont vous parlez, c’est la première chose que vous avez dit à votre entraîneur Julien Jacquier après la course?
Je vais en chier! Je sais que j’ai besoin de ça. Ce que j’ai fait là, c’est un niveau que je peux avoir pendant dix ans en faisant des sprints. J’ai la chance d’avoir les qualités naturelles qui font que je peux nager ce temps-là presque tout le temps. Mais il faut que je nage plus vite. J’ai envie d’avoir peur d’aller à l’entraînement, d’avoir mal, parce que je pense que c’est en détruisant que l’on construit un peu mieux après.
Etes-vous prêt à ce genre de gros blocs de travail qui font mal?
Là maintenant oui, je suis prêt, je viens de me prendre encore une claque. Enfin ce n’est pas une vrai claque, parce que le temps n’est pas non plus horrible. Mais pour moi c’est une claque, parce qu’entre 21"4 et 21"7, il y a un monde. Donc là ouais, je suis prêt! Après quand il faudra se lever à 7h, si vous me demandez, je dirai non… Mais là oui, je pense que c’est vraiment ce dont j’ai besoin et je suis content de l’affirmer, parce que je suis un peu flemmard de temps en temps. Et là, il faut que je travaille.
Repères chronométriques pour situer cette performance:
21"73: Cela ne veut pas dire grand-chose pour le moment car peu de nations ont nagé en grand bassin, mais c’est à ce jour la meilleure performance mondiale de l’année. C’était le sixième 50m en grand bassin depuis son retour.
1. 21"56 à Luxembourg 2020 (10ème performance personnelle)
2. 21"72 à Rome 2019 en finale
3. 21"73 à St Raphaël en finale
4. 21"73 à Rome 2019 en séries
5. 21"89 à St Raphaël en séries
6. 21"91 à Luxembourg en séries
Loin de ses meilleures performances personnelles
1. 21"19 à Kazan en 2015 - finale des championnats du monde
2. 21"32 à Berlin en 2014 – championnats d’Europe
3. 21"32 à Rio en 2016 – ½ finale des Jeux Olympiques
4. 21"34 à Londres en 2012 – finale des Jeux Olympiques
5. 21"37 à Barcelone 2013 – championnats du monde
6. 21"41 à Kazan 2015 – ½ finales championnats du monde
7. 21"41 à Rio en 2016 – finale jeux Olympiques
8. 21"42 à Montpellier 2016 – championnats de France sélections Olympiques
9. 21"55 à Rennes en 2013 – championnats de France
10. 21"56 à Luxembourg 2020 – meeting (meilleur chrono depuis son retour)