
Championnats de France natation: Hénique, le 50m de "l'abnégation"
C’est l’aboutissement d’un long chemin. Le début d’une nouvelle quête. A 27 ans, Mélanie Hénique touche enfin au but olympique après lequel elle a dû courir toute sa longue carrière. Médaillée de bronze mondiale en 2011, championne d’Europe en 2018 sur une distance qu’elle maitrisait sur le bout des ongles, le 50m papillon... qui n’est pas une distance olympique. La Picarde d’origine a passé ses saisons à forcer sa nature pour faire partie de la fête olympique. Non qualifiée en 2012, elle est repêchée en 2016 dans une équipe de France aux portes grandes ouvertes. Puis éliminée en séries du 50m nage libre.
A 27 ans, elle maitrise enfin ce 50m nl. "C’est beaucoup de travail, beaucoup de temps passé à réfléchir à comment placer un bras, à comment est le corps dans l’eau, comment faire pour aller de l’avant, raconte la Marseillaise. Aujourd’hui tout s’est bien imbriqué donc ça donne quelque chose de très bien. C’est mon premier titre sur le 50m nl. L’année des Jeux c’est de bon augure."
"Abnégation"
Son entraîneur Julien Jacquier raconte: "Elle a investi dans elle-même, elle a été chercher ce qu’elle pouvait améliorer. Elle est heureuse maintenant de faire ça, de rechercher ça, alors qu’avant elle ne cherchait que la performance et c’était devenu toxique."
La quatrième place aux Mondiaux en petit bassin en 2018, sur 50m papillon, suivie d’une non qualification pour les championnats du monde 2019 vont servir de déclic final à ce long processus. "A partir de là, je me suis demandé ce qu’on pouvait améliorer et on s’est rendu compte qu’il y avait tellement de choses à améliorer, détaille Hénique. Je pense que ma plus grosse qualité, c’est que j’arrive à me remettre en question et je prends les points négatifs pour les transformer en positif."
Un si long chemin qu’elle résume en un mot: "Abnégation. Parce que vraiment il en a fallu. Comme dans toute carrière de haut niveau. J’ai fait mes premiers championnats de France ici en 2007 donc ça remonte… Ce n’est pas une fin en soi, mais c’est bien d’être là, au bon endroit au bon moment… Affaire à suivre."
Bonnet: "Mel, c’est vraiment une battante"
Un chemin qui impressionne sa concurrente et grande amie, deuxième de la course ce samedi, Charlotte Bonnet: "Ce que fait Mel en ce moment, c’est vraiment extraordinaire. Avec ce qu’elle a vécu, sa non qualification en 2019, les galères qu’elle a traversées, je suis vraiment contente pour elle." Et en experte de la résilience, elle ajoute: "Elle a vraiment bien su rebondir et c’est ce qui fait la marque des grands champions. Au moindre obstacle, ne pas s’arrêter, ne pas flancher. Mel, c’est vraiment une battante."
Julien Jacquier acquiesce: "Cela force le respect d’accompagner Mélanie au quotidien… Cette volonté d’aller mieux personnellement. Elle est plus en conscience de ce qu’elle fait, elle donne beaucoup de positif aux gens. La recherche du bonheur qu’elle essaye d’avoir depuis deux ans explique tout ça, c’est aussi simple que ça, essayer d’être heureuse dans ce qu’elle fait. Elle a fait une grosse introspection."