Arthaud, Vastine, Muffat : ces « immortels » devenus simples mortels

Parce qu’ils ont défié la mort tout au long de leur carrière, Florence Arthaud, Alexis Vastine et Camille Muffat semblaient en être « immunisés ». Mais « ironie » de l’histoire et du sport, c’est hors de leur terrain de jeu favori qu’ils ont perdu la vie.

Aucune façon de s’en aller n’est plus belle qu’une autre. Aucune circonstance de décès n’est plus appréciable qu’une autre. Mais la mort brutale hors compétition de sportifs de haut niveau qui ont tutoyé et défié la mort tout au long de leur carrière nous laisse un peu plus sans voix. Et pantois.

Mers démontées, dépressions dantesques, tempêtes d’un autre monde, creux de quinze mètres, avaries, voies d’eau, collisions et autres chavirages. En trente ans de carrière, Florence Arthaud a souvent navigué sur le fil du rasoir et pris les pires risques pour assouvir sa passion. Les yeux dans les yeux avec la faucheuse. Il y a deux ans encore, la navigatrice s’était même accrochée à la vie après être tombée à l’eau au large de la Corse de longues heures durant. La vie à tout prix, contre vents et marées.

Le côté obscur de l'existence

Sur le ring, Alexis Vastine cohabitait lui aussi avec la mort et connaissait parfaitement les risques du métier. Un KO, un coma, un AVC, un coup mal placé. En un crochet ou un uppercut, la carrière du médaillé de bronze olympique aurait pu basculer du côté obscur de l’existence.

Moins violente ou exposée, la natation n’était pas non plus sans risques pour Camille Muffat qui chaque jour davantage à l’entraînement, repoussait ses limites et se faisait « exploser la caisse ». Non sans conséquences parfois dramatiques, comme en témoignent les quelques décès par mort subite qui surviennent dans les sports d’endurance.

Cruelle défaite

Mais ils tenaient bon. Droit debout. Conquérants et insubmersibles. Et à force de les voir dompter la mort ou déjouer les pièges inhérents à leur sport, on avait inconsciemment fini par faire de ces champions d’exception des immortels. Sentiment renforcé par les images de leurs exploits, à jamais gravés dans l’histoire du sport, et que l’on rediffuse régulièrement comme on traverse les époques. Mais finalement, c’est hors de leur terrain de jeu et en s’amusant que la vie les a fauchés en plein vol. Tels de simples mortels. Cruelle défaite.

Gérald Mathieu