
Riner : "Les Japonais veulent ma peau !"

Teddy Riner - AFP
Teddy, vous avez été sacré champion de France des lourds il y a dix jours après un petit mois d’entraînement. Cela vous a-t-il fait du bien de retrouver la compétition ?
A l’approche des Jeux Olympiques, on a préféré reprendre plus tôt cette année. J’ai eu à peine trois-quatre semaines de vacances. Et même avec très peu d’entraînement, j’ai décidé avec mes coaches de faire ces championnats pour prendre la rivalité française. Il n’y avait pas beaucoup de monde à l’entraînement et je sais que c’est l’enjeu de la saison pour eux. C’était important d’aller les chercher sur leur compétition.
Avez-vous senti vos adversaires impressionnés pendant la compétition ?
La plupart d’entre eux me connaissent. Ils ont l’habitude de me prendre à l’entraînement et ils étaient plus là pour me mettre des bâtons dans les roues. Mais j’ai réussi à bien exprimer mon judo et à mettre en place tout ce que j’avais travaillé à l’entraînement. Les périodes sans compétition peuvent être délicates à gérer mais je suis motivé par la perspective des JO dans moins de deux ans et les championnats du monde en fin de saison (en août 2015 à Astana, au Kazakhstan, où il visera un huitième sacre en individuel).
Vous partez la semaine prochaine pour une tournée asiatique. Qu’allez-vous y chercher ?
C’est super important pour nous. Lorsque je vais au Japon ou en Corée, il y a des plateaux d’entraînement de 100 ou 200 athlètes. En France, on est 40 max sur le tapis. Je vais en Asie pour me retrouver dans des combats internationaux face aux meilleurs. Quand tu arrives sur un championnat du monde ou à l’approche des Jeux, il faut avoir un minimum d’informations sur tes adversaires.
« 2024 ? Impossible, je serai trop vieux »
Etes-vous reconnu en Asie ?
Oui, surtout au Japon. C’est le pays qui a inventé ce sport et ce n’est pas évident quand j’arrive dans le monde du judo. A l’entraînement, tout le monde veut faire un combat avec moi et ils ne sont pas moins forts que moi, je vous l’assure. C’est moi qui me débrouille bien en compétition. Ils veulent ma peau ! (rires).
Vous êtes invaincu depuis 2010. Est-ce un objectif de le rester jusqu’à la fin de votre carrière ?
Oui, c’est un objectif. Je veux au moins le rester jusqu’en 2016. Après, je n’aime pas perdre et je ferai toujours en sorte de rester invaincu, mais je n’en demande pas trop. Tout doucement, on sent que le corps commence à s’user. Quand on me parle de 2024 (il aurait alors 35 ans, ndlr), je ne pense pas que j’irai jusque-là. Après 2016, on verra comment le corps se sent, quels auront été les résultats et après on ira jusqu’en 2020. Les Jeux seront à Tokyo et ça peut faire une belle médaille au pays du judo. Ce serait leur mettre la cerise sur le gâteau aux Japonais (rires). Mais je ne vois pas continuer jusqu’en 2024. C’est impossible, je serai trop vieux.