
Riner, le voyage vers l’infini

Teddy Riner champion du monde pour la 6e fois - -
« Oh, Teddy, tu descends ? » Du bord du tatami, le monde observe le géant (2m03, 138 kg) s’élever dans la hiérarchie du sport mondial. Son or olympique et ses six titres mondiaux le placent désormais naturellement parmi les monstres sacrés que sont Schumacher, Phelps, Bolt, Lewis… Dans son sport, un nouveau sacre olympique fera de lui sans conteste le plus grand de tous les temps. Mais déjà, son énorme domination et la longueur d’un règne qui pourrait s’étendre sur plus d’une décennie, le désignent comme la référence ultime.
Dans un futur proche, aucun adversaire ne semble en mesure de bousculer l’icône. Son plus grand défi ? Conserver l’envie. Alors, de l’avis de tous les observateurs, rien ne pourra l’empêcher d’enquiller les titres. « Ce qui me marque le plus chez lui, c’est son aspect psychologique, s’émerveille Larbi Benboudaoud, l’entraineur de Lucie Décosse. Il a tout gagné. On pourrait se dire qu’il va lever la patte à un moment donné ou va être démotivé. Non ! Il a certainement une autre conception de la légende. Il veut être le plus grand champion de tous les temps, voir toutes disciplines confondues. Il a les moyens de le faire. » « Il n’y a rien qui puisse l’arrêter, abonde Stéphane Frémont, responsable de l'équipe de France masculine. Il s’est entrainé trois fois par jour sur les huit semaines qui ont précédé le championnat avec la banane. C’est un tueur. »
Traineau : « Il est sur Mars »
Champion du monde en 1991 à Barcelone, Stéphane Traineau voit en Riner un véritable pionnier : « Il est en train de défricher. Il avance sur un terrain inconnu. Il est sur Mars, il est déjà très loin, là où l’homme n’est jamais allé. Son seul adversaire, c’est lui. Sa tête, son corps… Il a une telle marge. Il est chez lui. C’est phénoménal. » Lorsqu’il regarde vers l’avenir, Riner confie viser jusqu’à l’horizon 2020. Il voguera alors sur ses 31 ans, l’âge de David Douillet lors de son deuxième sacre olympique à Sydney (2000). Dans son sillage, l’équipe de France tutoie les sommets. Meilleure nation d’Europe en avril, les Bleus ont talonné les Japonais (7 médailles individuelles dans les deux camps, mais trois d’or côté nippon contre deux pour le clan français) lors de ces Mondiaux de Rio.
Loué de tous pour sa simplicité, toujours très accessible, Riner, malgré sa jeunesse, affiche une maturité étonnante, à l’opposé de la triste bouderie du footballeur Florian Thauvin, seulement de quatre ans son cadet… Samedi soir après son titre, il a rapidement honoré une réception organisée par la Fédération française de judo, avant de filer se coucher. C’est qu’il fallait récupérer en vue de l’épreuve par équipe du lendemain… Car le patron en voulait encore plus. « Bien sûr, le judo français se porte très bien. Mais clairement, on aurait dû sortir avec plus de médailles », clamait ainsi Riner après son titre. Las, Riner n’aura même pas eu à combattre, les Bleus subissant d’entrée la loi de redoutables Géorgiens. Adam Okruashvili, sa victime samedi en quarts de finale, a dû respirer. Mais ça ne durera pas…
A lire aussi :
>> Riner, pour une samba six étoiles
>> Riner : « Cette année, j’étais en miettes »
>> Riner : « Je veux marquer l’histoire »