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Euro de judo: sans Riner mais avec Agbegnenou, quelles ambitions pour les Bleus?

Clarisse Agbegnenou

Clarisse Agbegnenou - AFP

Alors que le coup d'envoi des championnats d'Europe de judo est donné ce jeudi à l'O2 Arena de Prague, les jodukas tricolores, privés de Teddy Riner, peuvent nourrir de belles ambitions à un an des Jeux de Tokyo.

Les championnats d’Europe de judo débutent ce jeudi à Prague. Dans une bulle sanitaire, les judokas vont disputer leur dernière compétition de l’année 2020. La quête de points en vue de la qualification olympique se poursuit, à différents échelons. Le calendrier 2021 pourrait être bien chiche en tournois. Certains se préparent pour Tokyo, d’autres veulent confirmer leur place de numéro un français et certains ont l’espoir de venir coiffer sur le poteau leur principal rival. 

Les valeurs sûres

Clarisse Agbegnenou est arrivée lancée comme un TGV vers Tokyo 2020. Quadruple championne du monde, elle était ultra-favorite à l’or des moins de 63 kilos. Le report a mis un coup au moral de la judoka de Champigny-sur-Marne. Elle renfile le judogi vendredi pour faire repartir la machine. Face à elle, la Slovène Trstenjak, championne olympique en titre, pour jauger de la remise en action de la leader tricolore. Championne du monde deux jours après Clarisse Agbegnenou l’été dernier à Tokyo, Madeleine Malonga (-78kg) a confirmé avec une victoire marquante lors du tournoi de Paris en février. Une manière de résister à la poussée de Fanny-Estelle Posvite et Audrey Tcheuméo. Alignée seule sur les tatamis tchèques, la longiligne Mado débarque pour cette reprise de compétition "sans pression car l’objectif est d’être championne olympique." Les hommes ne peuvent pas compter sur Teddy Riner, absent à Prague. Axel Clerget, bluffant de régularité depuis deux saisons avec deux médailles de bronze en Mondiaux, mène la troupe de huit hommes. De retour d’une pubalgie tenace, le judoka de Haute-Marne vise une deuxième médaille européenne dans cette catégorie des moins de 90 kilos embouteillée en talents.

En bataille pour un billet

C’est un duel dont rêverait beaucoup de nations. La championne du monde face à la championne d’Europe. La puissante Marie-Eve Gahié face à la maline Margaux Pinot. Le billet olympique des moins de 70 kilos se dispute entre ces deux combattantes aux profil très différents. Pour leur rentrée, Gahié s’est inclinée au deuxième tour à Budapest tandis que Pinot a récolté l’argent. Malgré son revers précoce, la première était satisfaite de ce retour. Car pas évident de repartir à la bagarre après six mois sans tournoi. Le feuilleton pourrait s’étirer jusqu’au bout du printemps. Revenu bronzé du tournoi de Budapest, Luka Mkheidze (-60kg) est de retour dans le jeu de manière brillante. Son judo moins fouillis le remet dans les pattes du leader tricolore, Walide Khyar, champion d’Europe 2016. Cet Euro arrive à point nommé pour mieux cerner le duel entre les deux super-légers. Khyar le survolté a introduit de la méditation et du yoga dans son programme. Peut-être la clef pour trouver de la constance. Même si elle est la seule moins de 57 kilos alignée sur ce championnat d’Europe, Sarah-Léonie Cysique sait qu’une première médaille en grand championnat serait de très bon goût. La judoka de Boulogne-Billancourt est une adversaire redoutée. Le scotch qu’elle a infligé à la Japonaise Tsukasa Yoshida l’an passé à Tokyo ne trompe pas. Elle qui a pris l’habitude de battre des filles très fortes doit répondre à l’argent d’Hélène Receveaux, non sélectionnée à Prague. Cysique a travaillé son attitude sur les matches à médaille pour inverser la tendance. Elle est tête de série numéro une de sa catégorie. Romane Dicko n’est que la troisième française à la ranking list mondiale (25e) derrière Anne Fatoumata Mbairo (14e) et Julia Tolofua (19e) mais la lourde Francilienne est la numéro un dans les têtes. Déjà titrée en 2018 à Tel-Aviv pour sa première expérience, l’étudiante en mathématiques, vainqueur du tournoi de Paris, règlerait le problème de sélection avec une nouvelle performance de choix samedi. 

Ils viennent troubler le jeu

Shirine Boukli (-48kg) a déboulé cet hiver en poussant à la limite la double championne du monde Daria Bilodid puis en remportant avec autorité le prestigieux tournoi d’Allemagne. Le report des JO d’un an est une chance pour cette fan de gâteaux. Actuellement 16e mondiale, elle vient marcher sur les plates-bandes de Mélanie Clément, 5e, et très régulière en tournoi, mais encore jamais médaillée en grand championnat. Le rendez-vous praguois va peut-être rebattre les cartes. Nicolas Chilard (-81kg) est arrivé au dernier moment dans cette sélection. Il a d’abord gagné son billet pour le tournoi de Hongrie à la faveur d’une victoire ric-rac en test-match. A Budapest, il a bluffé tout le monde avec son judo tranchant et des victoires de prestige contre quelques-uns des meilleurs européens dont le champion olympique russe dans le match pour le bronze. Le Breton est 43e dans le classement olympique et Alpha Djalo, le premier français, 33e , est pour l’instant titulaire du quota européen pour les Jeux Olympiques. Chilard tient une belle occasion de se replacer en vue de Tokyo : "Je me dis pourquoi pas lui passer devant. Aujourd’hui, je ne pense qu’à ça. J’ai mis des choses en place pour aller chercher la qualification."

Libérés mais pas encore délivrés

Réguliers en tournois Kilian Le Blouch (-66kg), Guillaume Chaine (-73kg) chercheront à briser le mur des grands championnats. Une performance déjà réussie par Alexandre Iddir (-100kg) avec un bronze en 2013. Le styliste des Bleus peut garnir son palmarès à Prague mais la catégorie des moins de 100 kilos est un enfer à chaque tour. Il sera aligné aux côtés de Cédric Olivar qui va découvrir ce niveau après des sorties intéressantes en tournoi. En l’absence de la numéro une mondiale, Amandine Buchard, blessée à une côte, Astride Gneto enquille son deuxième Euro consécutif. Sans pression ,la plus jeune des sœurs Gneto a tout à gagner.

Morgan Maury à Prague