RMC Sport

Tokyo 2021, gymnastique: Samir Ait Saïd, l’indestructible

Privé de JO car touché au tibia en 2012, Samir Ait Saïd avait dû quitter Rio en 2016 suite à une grave blessure pendant la compétition. Le gymnaste français spécialiste des anneaux arrive à Tokyo (début des qualifications la nuit prochaine) avec un objectif doré, fort de ses expériences passées.

Porter le drapeau bleu-blanc-rouge lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux, c’était un symbole important pour Samir Ait Saïd. Toute une délégation derrière celui qui incarne la persévérance, la hargne. "Je n’y ai pas cru, racontait-t-il il y a quelques semaines. C’est une fierté parce que j’ai cette histoire particulière avec les Jeux. J’en ai bavé, bavé, bavé…" Le gymnaste français va vivre ses deuxièmes JO. Et tenter de monter sur le podium pour la première fois, alors qu’il aurait déjà pu être médaillé. "L’objectif c’est d’aller chercher ce titre olympique. Ça va être une belle bataille parce qu’il y a du lourd, mais je sais que j’en suis capable."

Pas de saut de cheval

Jusqu’ici, la pièce est tombée du mauvais côté. "Il n’y aura pas de saut de cheval", sourit-il, comme pour nous rassurer. Car c’est sur cet agrès que la carrière du champion d’Europe et médaillé de bronze mondial a basculé. En 2012, il est privé des JO de Londres à cause d’une blessure à la jambe droite contractée sur un saut lors des Championnats d'Europe à Montpellier, deux mois avant les Jeux. En 2016, le coup est encore plus rude, plus violent.

A Rio, il s’élance pour l’épreuve du saut de cheval, tente un triple salto arrière. Lors de la réception, sa jambe se brise, à l’équerre. Les images sont terribles, Ait-Saïd reste une dizaine de minutes au sol, soigné, avant de sortir sur civière. Il souffre d’une double fracture ouverte du tibia péroné. Ses rêves de médaille s’envolent… Mais pas pour longtemps. "Dès le lendemain de l’opération, pour moi la préparation pour Tokyo avait déjà débuté. J’étais focalisé à aller chercher ce titre." Cette année, il ne participera qu’aux anneaux, sa spécialité.

"Aller chercher ce que j’ai laissé à Rio"

Après l’opération, vient le temps de la rééducation, le retour de l’entraînement. Le tout "en équipe": "Je suis entouré, j’ai ma famille, mes amis, mes partenaires qui m’aident…" Jeune papa d’une petite fille, Ait Saïd est apaisé. Il a cherché, exploré d’autres méthodes, s’est renouvelé à l’entraînement. "Je vais beaucoup courir. Je fais énormément de travail de piste, de travail en forêt… Beaucoup de boxe, de jiu-jitsu brésilien. J’ai un cardio qui commence à être plutôt pas mal." La motivation, elle, est la même. Toujours avec Rio dans un coin de sa tête: "Je vais transformer cette histoire et ce livre se terminera par une fin heureuse. Je n’ai pas peur, ce qui doit arriver arrivera. C’est une certaine revanche. Je veux aller chercher ce que j’ai laissé à Rio."

Valentin Jamin