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Thanou privée de médaille d’or ?

En 2008, la Grecque s'était vu retirer son accréditation des Jeux de Pékin. Mercredi, le CIO devrait infliger un nouveau camouflet à la sprinteuse en refusant de lui remettre le titre olympique du 100m de Sydney.

En 2008, la Grecque s'était vu retirer son accréditation des Jeux de Pékin. Mercredi, le CIO devrait infliger un nouveau camouflet à la sprinteuse en refusant de lui remettre le titre olympique du 100m de Sydney. - -

Le CIO, qui avait retiré la médaille d’or du 100m féminin des JO 2000 à l’Américaine Marion Jones après ses aveux de dopage, devrait décider mercredi de ne pas accorder de titre olympique. Au grand dam de la Grecque Ekaterina Thanou, deuxième, mais dans le collimateur du CIO.

On s’approche du dénouement. Depuis que Marion Jones s’est vue retirer ses cinq médailles des JO de Sydney, le 12 décembre 2007, par le Comité international olympique, après ses aveux de dopage dans le cadre du scandale Balco, on attendait de connaître les nouveaux podiums, et notamment celui du 100m féminin. De report en report, la décision devrait enfin tomber mercredi après-midi à Lausanne. La Commission exécutive du CIO s’apprête à créer une petite sensation en… n’attribuant pas de médaille d’or pour le sprint féminin. Denis Oswald, membre de la Commission de discipline qui fera son rapport mercredi, avant qu’une décision ne soit prise, s’explique à RMC Sport : « Traditionnellement, les athlètes classés juste derrière un athlète dopé accèdent (à la médaille), mais le CIO reste libre quant à l’attribution des médailles, et peut juger au cas par cas, parce que toutes les situations ne sont pas identiques. Dans certains cas, il peut paraître que le suivant mérite une médaille, d’en d’autres que ce ne soit pas le cas ».

Directement visée par l’avocat suisse, Ekaterina Thanou, la Grecque arrivée deuxième de la course, mais au passé chargé en matière d’infractions aux règlements antidopage. La championne du monde 2001 a été suspendue deux ans (de 2004 à 2006) pour non-présentation (« no show ») répétée (trois fois) aux contrôles antidopage. Dans le collimateur du CIO et de son président Jacques Rogge, qui ne s’en est jamais caché, la sprinteuse grecque s’est ensuite vue refuser une participation aux Jeux de Pékin, alors qu’elle avait réussi les minimas. Elle et son avocat Gregory Ioannidis ont toujours adopté une stratégie frontale, menaçant de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) en cas de décision défavorable du CIO dans la redistribution des médailles de Marion Jones.

Thanou première… mais sans médaille

Un scenario que l’on ne semble pas redouter à Lausanne : « L’avocat de Thanou a laissé entendre que si la décision ne lui donnait pas satisfaction, il saisirait le TAS, déclare Oswald. C’est une hypothèse que l’on doit prendre en compte, mais qui à mon sens n’aura pas d’incidence sur la décision. On est prêt à prendre le risque que l’affaire aille au TAS, et que le cas échéant le TAS nous donne tort. » Ce dernier, si d’aventure Thanou et son entourage contestaient la décision, ne devrait pas désavouer le CIO. Ce qui donnerait un 100m insolite, avec la Grecque, classée par l’IAAF, première devant les deux Jamaïcaines Lawrence et Ottey, mais… sans médaille autour du cou. Une situation inédite.

Le CIO devrait avoir moins de fil à retordre concernant les podiums féminins du 200m et de la longueur. L’athlète des Bahamas, Davis-Thompson, devrait récupérer l’or du 200m, alors que la Russe Kotova s’apprête à recevoir le bronze de la longueur.

Les cas des deux relais du 4x100m et du 4x400m ne seront pas tranchés, puisqu’ils ont été renvoyés devant le TAS par les coéquipières de Marion Jones, qui ont refusé de payer pour les fautes de l’ex-star américaine. Le TAS devrait rendre un avis courant décembre. A noter que l’issue du 4x100m intéresse au plus haut point les Françaises, arrivées quatrièmes, et donc potentiellement « bronzées » sur tapis vert. Mais là c’est une autre histoire, et qui ne devrait pas été réglée avant la mi-2010.

La rédaction - Louis Chenaille