RMC Sport

Paris 2024: le candidat Dhorasoo veut annuler les JO... mais est-ce seulement possible?

Vikash Dhorasoo, candidat dans XVIIIe arrondissement, et Danielle Simonnet, tête de liste de la France insoumise pour les élections municipales à Paris l’année prochaine, ont fait de l’annulation des Jeux olympiques 2024 l’une de leur idées majeures. Mais derrière l’effet d’annonce, la faisabilité de ce projet semble hautement improbable. En raison notamment de la mainmise du CIO sur la décision finale et des engagements contractuels des autorités françaises et du COJO.

A un peu plus de quatre ans du début des Jeux olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août 2024, la France insoumise a émis le souhait de voir la ville de Paris se retirer de l’organisation des JO 2024.

Tête de liste du parti à Paris, Danielle Simonnet veut convoquer un réferendum. "Il y a un déni démocratique sur les Jeux olympiques. Anne Hidalgo était contre au moment de son élection en 2014, avait lancé l’élu du XXe arrondissement sur le plateau de BFM Paris fin octobre dernier. Puis elle a retourné sa veste, sans aucune consultation du peuple."

Et ce samedi, l’ancien footballeur et candidat FI dans le XVIIIe arrondissement, Vikash Dhorasoo, a remis une couche sur France 2 contre l’organisation de l’Olympiade: "On accueillera les JO ou un grand événement sportif quand ce sera un événement sportif. Pas quand ce sera un événement sportif qui va servir encore à enrichir des multinationales, à polluer." Reste à savoir si cette idée, érigée en cheval de bataille par les deux candidats, est possible ou pas.

Un contrat de ville hôte ultra contraignant

Comme Danielle Simonnet et l’ancien meneur de jeu du PSG le savent probablement déjà, Paris a obtenu l’organisation des Jeux olympiques 2024 au terme d’un long processus de sélection achevé le 13 septembre 2017 à Lima. Et ce jour-là au Pérou, la ville de Paris, par l’intermédiaire de son maire et avec l’aval du gouvernement français, s’est engagée contractuellement auprès du CIO à tout mettre en œuvre pour organiser les JO sept ans plus tard. Ledit document, nommé "Contrat ville hôte", est également co-signé par Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français.

Tout au long des 45 pages, ce contrat de ville hôte reconnaît la puissance décisionnelle du Comité International Olympique sur l’organisation des Jeux olympiques. C’est donc son président Thomas Bach qui accorde au COJO le soin d’organiser la manifestation en relation avec les autorités politiques et sportives françaises.

Et de ce côté-là, les juristes de l’instance internationale n’ont rien laissé au hasard. "Le CIO a pris note des garanties données par le gouvernement du pays où sont situés la Ville hôte et le CNO hôte de respecter la Charte olympique et le Contrat ville hôte", précise ainsi le document dès ses premières pages. En clair, la ville de Paris ou les autorités de la région Ile-de-France et de l’Etat français ne peuvent pas annuler unilatéralement les Jeux olympiques depuis la signature de ce contrat 13 septembre 2017.

A-t-on déjà annulé des JO?

Dès lors, pour une annulation des Jeux olympiques de Paris en bonne et due forme, il faudrait le faire en accord avec le CIO. Et cela est déjà arrivé par le passé. Si plusieurs éditions ont été marquées par des boycotts massifs, notamment lors de la guerre froide et de la rivalité entre les Etats-Unis et le bloc soviétique, seuls trois Jeux olympiques d’été ont été annulées dans l’Histoire. La première fois en 1916 lorsque le Baron Pierre de Coubertin, fondateur et deuxième président du CIO, a compris que la Première Guerre mondiale risquait de durer encore plusieurs années et qu’il devenait donc impossible d’organiser les Jeux comme prévu à Berlin.

Après la mort du dirigeant français en 1937, ses deux héritiers directs ont suivi ses traces lors de la Seconde Guerre mondiale. Président du CIO entre 1925 et 1942, le Belge Henri de Baillet-Latour a dû se résoudre évidemment à annuler deux fois les JO de 1940 prévus à Tokyo puis après leur relocalisation à Helsinki. En 1944, le Suédois Sigfrid Edström en fera de même avec les JO que la ville de Londres devait accueillir. Clairement, le CIO n’a pas pour habitude d’annuler son rendez-vous quadriennal sauf en cas de force majeure.

Et si Paris décide quand même de se retirer?

Mais si le "Contrat ville hôte" ne suffisait pas à dissuader le prochain maire de Paris (quel qu’il soit) d’annuler les Jeux olympiques prévus pour l’été 2024, les retombées catastrophiques pour la capitale française le feront peut-être. Alors que les travaux pour la construction du Village Olympique ont débuté le 4 novembre dernier aux abords de Saint-Denis, les dépenses engagées représentent un investissement considérable. Entre les coûts d’organisation et les différents chantiers, la facture s’élèvera même à 6,8 milliards d’euros pour l’ensemble des JO 2024 dont 1,5 milliard financé par l'Etat.

Si Vikash Dhorasoo et Danielle Simonnet mettaient en œuvre leur projet d’annulation, la ville de Paris et la région Ile-de-France, et par conséquent tous les citoyens de cet espace, auraient à en payer le prix en raison des engagements contractuels consentis auprès des partenaires et différentes entreprises chargées de mener à bien les chantiers de Paris 2024. Et tout ça, sans compter le ou les procès que le CIO lanceront en raison du retrait unilatéral de la municipalité parisienne.

Outre des conséquences désastreuses sur le plan économique, une annulation des JO de Paris porterait un rude coup au sport français. N’en déplaise à certains candidats aux élections municipales, la flamme olympique risque bien d’illuminer le ciel parisien du 26 juillet au 11 août 2024.

Jean-Guy Lebreton