
Masseglia, le grand perdant

Denis Masseglia, patron du CNOSF et grand perdant de ces dernières semaines agitées de la candidature savoyarde - -
Dans le parterre de personnalités présentes lundi au conseil général de Haute-Savoie, à Annecy, pour l’annonce du nouvel organigramme de la candidature savoyarde, un homme s’est senti très seul. Denis Masseglia avait bien son nom à la table des intervenants, mais le président du CNOSF s’est montré discret. A ses côtés, la ministre Chantal Jouanno, le nouveau président Charles Beigbeder et le champion olympique Jean-Pierre Vidal menaient le bal des questions-réponses. « Je partagerai la présidence avec Jean-Pierre Vidal et Pernilla Wiberg (championne olympique suédoise) », lâchait Beigbeder, sans égard pour le patron du mouvement sportif français, privé de la primeur de l’information.
A défaut de parler, ce Marseillais de 64 ans a avalé beaucoup de couleuvres, ces dernières semaines. Pour celui qui avait mis le monde sportif au cœur de son action, lors de son arrivée à la tête du CNOSF en mai 2009, l’avènement d’un businessman à la tête d’Annecy 2018 est une gifle. « Une candidature pour les athlètes, par les athlètes », le mot d’ordre du projet français a volé en éclat le jour où Edgar Grospiron, l’ancien champion de ski de bosses, a jeté son tablier de directeur-général. « Il faut qu'on puisse digérer l'information, lâche-t-il alors sonné. On fera comme on peut, au mieux. »
L’ex-secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade ne le rate pas. « Il y avait un lobbying à faire à l’international qui n’a pas suffisamment été fait par Denis Masseglia. » L’incapacité des élus savoyards et du CNOSF à trouver un successeur à Grospiron va agacer au sommet de l’Etat. Encouragée par l’Elysée, Chantal Jouanno prend les commandes.
Le 2 janvier, il se tient prêt
Dans les cordes, le patron du CNOSF tente de se rallier Guy Drut et Jean-Claude Killy, les deux membres français du CIO, sans qui aucune candidature tricolore n’est viable. Double refus. Le premier n’oublie pas qu’il était candidat à la succession d’Henri Serandour au CNOSF en 2009. Le second ménage ses appuis, ayant discrètement adoubé Grospiron ambassadeur d’Annecy 2018 en janvier 2009. Après le refus de Jean-Louis Borloo, Masseglia franchit le Rubicon : il se jette en personne dans la bataille. Jeudi 2 janvier, le patron du CNOSF se tient prêt. Mais la nuit passe et vendredi, Charles Beigbeder peut déclarer : « On va faire gagner Annecy 2018 ». Le fondateur de Poweo est finalement l’homme choisi par les politiques. Membre du Medef, votant majorité présidentielle, anglophone, le frère de l’écrivain a le profil attendu en haut-lieu. Masseglia accuse le coup. Joint au téléphone, il demande « un temps de réflexion, par respect. » Dans un courrier adressé samedi aux présidents de fédérations, il déclare « prendre acte » de la décision, tout en regrettant le manque de « concertation ou information préalable ». Et de conclure : « La place qu’occuperont les sportifs sera essentielle ». En cette période de vœux, personne ne lui en voudra.