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Masseglia, le grand perdant

Denis Masseglia, patron du CNOSF et grand perdant de ces dernières semaines agitées de la candidature savoyarde

Denis Masseglia, patron du CNOSF et grand perdant de ces dernières semaines agitées de la candidature savoyarde - -

Candidat spontané à la présidence d’Annecy 2018, le président du CNOSF a dû « prendre acte » de la décision de l’Elysée de placer l’homme d’affaires Charles Beigbeder. Denis Masseglia paie les retards de la candidature et son incapacité à fédérer les acteurs du projet.

Dans le parterre de personnalités présentes lundi au conseil général de Haute-Savoie, à Annecy, pour l’annonce du nouvel organigramme de la candidature savoyarde, un homme s’est senti très seul. Denis Masseglia avait bien son nom à la table des intervenants, mais le président du CNOSF s’est montré discret. A ses côtés, la ministre Chantal Jouanno, le nouveau président Charles Beigbeder et le champion olympique Jean-Pierre Vidal menaient le bal des questions-réponses. « Je partagerai la présidence avec Jean-Pierre Vidal et Pernilla Wiberg (championne olympique suédoise) », lâchait Beigbeder, sans égard pour le patron du mouvement sportif français, privé de la primeur de l’information.

A défaut de parler, ce Marseillais de 64 ans a avalé beaucoup de couleuvres, ces dernières semaines. Pour celui qui avait mis le monde sportif au cœur de son action, lors de son arrivée à la tête du CNOSF en mai 2009, l’avènement d’un businessman à la tête d’Annecy 2018 est une gifle. « Une candidature pour les athlètes, par les athlètes », le mot d’ordre du projet français a volé en éclat le jour où Edgar Grospiron, l’ancien champion de ski de bosses, a jeté son tablier de directeur-général. « Il faut qu'on puisse digérer l'information, lâche-t-il alors sonné. On fera comme on peut, au mieux. »
L’ex-secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade ne le rate pas. « Il y avait un lobbying à faire à l’international qui n’a pas suffisamment été fait par Denis Masseglia. » L’incapacité des élus savoyards et du CNOSF à trouver un successeur à Grospiron va agacer au sommet de l’Etat. Encouragée par l’Elysée, Chantal Jouanno prend les commandes.

Le 2 janvier, il se tient prêt

Dans les cordes, le patron du CNOSF tente de se rallier Guy Drut et Jean-Claude Killy, les deux membres français du CIO, sans qui aucune candidature tricolore n’est viable. Double refus. Le premier n’oublie pas qu’il était candidat à la succession d’Henri Serandour au CNOSF en 2009. Le second ménage ses appuis, ayant discrètement adoubé Grospiron ambassadeur d’Annecy 2018 en janvier 2009. Après le refus de Jean-Louis Borloo, Masseglia franchit le Rubicon : il se jette en personne dans la bataille. Jeudi 2 janvier, le patron du CNOSF se tient prêt. Mais la nuit passe et vendredi, Charles Beigbeder peut déclarer : « On va faire gagner Annecy 2018 ». Le fondateur de Poweo est finalement l’homme choisi par les politiques. Membre du Medef, votant majorité présidentielle, anglophone, le frère de l’écrivain a le profil attendu en haut-lieu. Masseglia accuse le coup. Joint au téléphone, il demande « un temps de réflexion, par respect. » Dans un courrier adressé samedi aux présidents de fédérations, il déclare « prendre acte » de la décision, tout en regrettant le manque de « concertation ou information préalable ». Et de conclure : « La place qu’occuperont les sportifs sera essentielle ». En cette période de vœux, personne ne lui en voudra. 

Louis Chenaille