
JO Paris 2024: les forces et faiblesses de la candidature de Paris

Bernard Lapasset - AFP
POINTS FORTS
Des infrastructures déjà existantes et un budget peu coûteux
Le camp français estime le coût des Jeux à 6 milliards d’euros (dont la moitié financée par des fonds privés). A titre de comparaison, lors des JO 2012 à Londres, les Britanniques avaient tablé sur 4 milliards d’euros, pour une facture finale de 12 milliards. Si la France ne paiera pas une addition aussi salée, c’est parce qu’à l’inverse de nos voisins anglais, 90% de ses infrastructures sont déjà construites. Seuls le village olympique, la piscine et sans doute le centre des médias sont à créer.
Un engouement populaire
Près de 79 % de Franciliens voient la candidature de Paris comme une « bonne nouvelle pour la France. » Voilà ce que révélait ce week-end un sondage commandé par le conseil régional d’Ile-de-France. Cet engouement est d’autant plus encourageant que l’adhésion des Français augmente sondage après sondage.
Une belle cote auprès du CIO
De la bouche de son président, Thomas Bach, « cette candidature est exemplaire ». Le 16 avril dernier, à l’occasion d’une rencontre avec François Hollande à Lausanne, l’Allemand se montrait très élogieux à l’égard de la candidature de Paris. « Vous avez tous les atouts et vous pouvez entrer dans cette candidature avec toute confiance, a déclaré Thomas Bach devant la presse. Nous sommes très heureux de voir que la France se mobilise et nous sommes sûrs que ce sera une candidature très, très forte. »
Une recrue d’envergure pour un lobbying plus percutant
Vous ne le connaissez sans doute mais pas Mike Lee est l’un des hommes qui se cachent derrière les victoires de Londres et Rio pour l’organisation des Jeux de 2012 et 2016, mais aussi derrière la Coupe du monde au Qatar en 2022. Homme de réseau extrêmement influent, notamment auprès des médias, il est toujours là où est le CIO. On comprend donc pourquoi la France a recruté cet ancien directeur de la com de l’UEFA et de la Premier League. Le lobbying devrait aussi être beaucoup plus efficace qu’en 2012 grâce à Bernard Lapasset. Le futur patron du comité de candidature excelle en la matière. Trilingue, le boss de l’IRB (il va quitter ses fonctions) a déjà permis au rugby à 7 d’être au programme des JO 2016.
Un savoir-faire en matière d’organisation
La France sera bien préparée au rendez-vous olympique. D’ici 2024, elle va en effet organiser de nombreuses compétitions internationales majeures. Cela commence cette année avec l’Euro 2015 de basket, mais notre pays s’est également vu confier l’organisation de l’Euro 2016 de foot et la Coupe du monde féminine en 2019, le Mondial masculin de handball en 2017 ou encore la prestigieuse Ryder Cup de golf en 2018. Rappelons aussi que les Mondiaux de cyclisme sur piste se sont déroulés à Saint-Quentin-en-Yvelines en février dernier.
FAIBLESSES
Hambourg, un sérieux concurrent
Si les possibles candidatures de Rome ou de Boston piétinent, celle de Hambourg est à prendre au sérieux. La ville allemande recueille une très grosse adhésion outre-Rhin. Le projet à taille humaine, qui permettrait aux spectateurs de se rendre sur tous les sites à vélo, a de quoi séduire. L’Allemagne, qui n’a pas accueilli les Jeux depuis 1972 à Munich, est aussi un grand pays de sport.
Une tendance à l’arrogance
Gare à ne pas reproduire les erreurs du passé. Lors de la campagne pour les JO 2012, Paris avait vu sa candidature plombée par un mauvais film promotionnel, mais aussi par une arrogance qui nous a souvent collée à la peau, à l’image de ce guide touristique réalisé pour l’événement. Une idée malvenue et beaucoup trop éloignée du monde sportif.
Un mauvais climat politique en 2017 ?
Le camp français redoute le climat politique dans notre pays si la candidate du Front National, Marine Le Pen, venait à remporter les élections présidentielles en 2017. En cas de tensions, le timing serait en effet pénalisant puisque la désignation de la ville pour l’organisation des Jeux 2024 est programmée à l’été de la même année à Lima (Pérou).
STRATEGIE
Les sportifs devant, les politiques derrière
En 2012, les têtes d’affiche de la candidature aux Jeux étaient le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le ministre des Sports, Jean-François Lamour. Cette fois, la capitale a décidé de mettre en avant les sportifs emmenés notamment par Tony Estanguet, triple champion olympique de Canoë et membre du CIO, et l’influant Bernard Lapasset, qui va quitter la présidence de la Fédération Internationale de Rugby. C’est avant tout sur le mouvement sportif que veut s’appuyer la candidature parisienne. Ce mardi, Anne Hidalgo, l’actuelle maire de la capitale, pourrait bien être la seule représentante du monde politique à prendre la parole. Pas un hasard.