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JO Paris 2024: le marathon ouvert à tous, ça fait grincer des dents

La décision du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’ouvrir à tous la possibilité de participer au marathon lors des Jeux de Paris 2024 n’est pas accueillie avant un grand enthousiasme du côté de certains athlètes. Et notamment des ex-champions.

"La devise du Baron de Coubertin n’est plus "plus vite, plus haut, plus fort", mais "plus de monde et plus de business". Pour Dominique Chauvelier, quadruple champion de France de marathon (1981, 1990, 1991, 1993), la décision du Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) d’ouvrir au grand public la possibilité de participer au marathon de Paris 2024 n’est pas une bonne idée.

"C’est un peu du buzz"

"Le marathon est quelque chose de légendaire et là, on est peut-être en train de le démystifier, regrette l’homme de 62 ans. Ça me fait beaucoup moins rêver. Gamin, je rêvais du marathon olympique, je l’ai fait. Peut-être que ça enlève une part de rêve. Mais la société évolue, à l’ère du digital… Tout ça, c’est un peu du buzz. Je suis un peu déçu en tant qu’élitiste. On n’est plus trop dans la performance mais dans "je l’ai fait", les réseaux sociaux animant tout ça. Mais pourquoi pas, c’est peut-être moi qui suis un peu "ancienne génération"."

"Un peu plus surprenant en tant qu’athlète de haut niveau"

S’il s’agira bien de deux courses distinctes, l’ouverture du marathon olympique à tous est également accueillie avec tiédeur par Christelle Daunay, championne d’Europe en 2014. "Le marathon est une épreuve ouverte tout au long de l’année, on est habitué à courir tous ensemble, rappelle l’athlète âgée de 43 ans. Concernant l’épreuve olympique, ce sera nouveau en 2024. Le championnat du monde de semi-marathon s’est aussi ouvert aux amateurs. Il y a une course populaire qui a lieu en même temps que les garçons. On est habitué à cette ouverture. C’est bien d’innover car il faut faire avancer les choses au niveau de l’olympisme mais c’est plus surprenant en tant qu’athlète. Nous, on va chercher la performance et ce billet tous les quatre ans. Que ce soit ouvert aux coureurs, c’est peut-être un peu plus surprenant et plus difficile à percevoir en tant qu’athlète de haut niveau. Les coureurs diront : "J’ai fait le marathon des Jeux olympiques". Il y aura toujours cette connotation "olympisme" puisque la course aura lieu le même jour que les athlètes élite."

Le Comité d'organisation évoque "une expérience unique dans une vie" et étudie en ce moment la possibilité "d’ouvrir à d’autres sports les épreuves grand public dans le cadre des Jeux". 

Aurélien Brossier avec MD