
JO 2020: vers la fin d’une exception olympique sur les intérêts commerciaux?
Depuis toujours, les Jeux olympiques mettent en avant la participation collective, la solidarité, l’altruisme, l’entraide. Dès la création des Jeux Modernes, au début du XXe siècle, par le Baron Pierre de Coubertin, le CIO avait interdit la pratique professionnelle du sport et avait imposé à ce que seuls des sportifs amateurs puissent participer. Depuis les choses ont quelque peu évolué, et on a vu apparaître des athlètes de haut-niveau professionnels lors de chaque olympiade. Seulement, l’identité propre est restée. Le CIO a même imposé au sein de sa charte Olympique la règle 40.
Cette dernière stipule que "aucun concurrent, entraîneur, instructeur ou officiel qui participe aux Jeux olympiques ne doit permettre que sa personne, son nom, son image ou ses performances sportives soient exploités à des fins publicitaires pendant les Jeux olympiques."Autrement dit, lors des JO, les athlètes ne jouent pas pour eux, pour leur intérêt économique et médiatique particulier, mais pour leur pays, pour l’esprit olympique. Ils n’ont pas le droit de générer des revenus lors de leur participation et ne peuvent pas en tirer profit. "L’essentiel, c’est de participer" aurait pu répondre le Baron Pierre de Coubertin.
Une clause contraire à la concurrence
Seulement, en février dernier, une Cour de Justice Allemande avait jugé cette règle contraire aux lois de la concurrence du pays. Elle avait estimé que les règles olympiques devaient être soumises non pas à une entité supranationale mais aux lois en vigueur dans chaque pays, aux lois locales. On ne pouvait pas, d’après les juges allemands, interdire un sportif de haut-niveau de se mettre en avant lors de la période olympique, au profit des sponsors officiels.
Cette décision a obligé le CIO à prendre une décision historique. Dorénavant, afin de se mettre en conformité avec le droit, la règle 40 doit être appliquée individuellement par chaque comité national. A ce titre, elle ne constituerait plus un point de règlement global mais une spécificité pays par pays.
Le Royaume-Uni, après l’Allemagne, l’Australie et les Etats-Unis
Rapidement, des nations ont décidé de ne plus la respecter. Les Australiens ont directement suivi les Allemands, puis les Américains, en octobre dernier. A présent, une nouvelle nation devrait rentrer dans le rang, le Royaume-Uni. Un groupe d’une vingtaine d’athlètes s’est en effet réuni afin de s’opposer à la règle 40, toujours en vigueur au sein du comité national olympique (BOA). Parmi eux, Mo Farah, le quadruple champion olympique (5 000 et 10 000 m) et Katarina Johnson-Thompson, la championne du monde en titre du 200 m ou le du sprinteur Adam Gemili.
Quelle est la position de la France?
Pour l’instant, les protestataires ont simplement émis une demande auprès du BOA mais pourraient aller jusqu’à une action en justice si leur demande n’est pas entendue. L’esprit olympique risque de changer très rapidement.
Quant à la France, le comité national olympique avait rappelé son respect et ses engagements en faveur de la règle 40 lors des JO d’hiver de Pyeongchang, en février 2018. Pas sur que les choses changent dans l’hexagone. Ou alors…