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Jeux olympiques reportés: un immense casse-tête pour Tokyo

La décision historique de reporter les JO de Tokyo 2020, probablement d’un an, en raison de la pandémie de coronavirus, devrait entraîner de nouvelles difficultés pour les organisateurs.

Seule la guerre avait eu raison des Jeux olympiques Jusqu’ici. C’est dire si la situation est inédite. Pour la première fois de l’histoire en temps de paix, les JO ne pourront se dérouler à la date prévue par le calendrier, la faute au coronavirus, qui fait des ravages dans le monde. "Reporter les Jeux olympiques, ce n'est pas comme décaler un match de football au samedi suivant", avait d'ailleurs récemment prévenu Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO). Ce qui explique pourquoi, avec le comité d’organisation japonais le CIO a souhaité prendre son temps afin d’évaluer toutes les possibilités. Car même la moins mauvaise des solutions s’apparente à un véritable casse-tête.

Le grand chambardement du calendrier

"Il va y avoir beaucoup de compromis", a expliqué à RMC Tony Estanguet. Et en tant que président du comité d’organisation des Jeux olympiques 2024, il en sait quelque chose. "Ça va être très compliqué de reporter ces Jeux, appuie-t-il. Ce n’est pas pour rien que ça ne s’est jamais fait. Il y a un certain nombre de garanties qui vont sûrement tomber. Il va falloir renégocier beaucoup d’accords. Ça va être très compliqué pour Tokyo 2020 de réussir ce pari du report. On a tous un rôle à jouer pour accompagner et saluer ce report. C’est une décision courageuse, qui est loin d’être simple. Ça va poser énormément de contraintes au comité d’organisation. De notre côté, il faut faire preuve d’adaptation et accompagner Tokyo 2020."

Le report était très attendu par de nombreux athlètes à travers le monde, la plupart. Ces mêmes sportifs qui, avec l’appui des comités olympiques nationaux et des fédérations, ont mis la pression aux organisateurs des Jeux olympiques ces dernières semaines. Ont-ils alors pensé aux éventuelles répercussions sur leur calendrier ? Oui, forcément. Et ils savent qu’ajouter des JO dans un agenda sportif 2021 déjà bien rempli ne s’annonce pas simple sur le plan de la logistique. Pour personne, en réalité, pas même les diffuseurs. Et encore moins les organisateurs, chacun l'aura compris.

Une lourde et coûteuse gestion des sites

Plusieurs fédérations ont pourtant déjà fait un pas en direction des Jeux olympiques en annonçant, à l’instar de la Fédération internationale de natation - qui organise ses Mondiaux en juillet-août 2021 au Japon -, qu’elles étaient prêtes à faire preuve de flexibilité au niveau des dates. Déjà reporté, l’Euro de football a été reprogrammé du 11 juin au 11 juillet 2021.

L’organisation des JO implique également des charges très lourdes en termes de coût et d’infrastructures et exige un calendrier très précis. Car tout est pensé spécifiquement pour la réussite de l’événement. Pour ces Jeux de Tokyo, 43 sites ont été prévus, certains construits pour l'occasion, parfois temporairement. D'autres ont été réaménagés. Le report va poser des problèmes pour chacun d'entre eux. Car selon le CIO, "plusieurs sites indispensables pour les Jeux pourraient ne plus être disponibles ensuite". 

Ultime coup dur pour le secteur hôtelier ?

C'est par exemple le cas du nouveau stade olympique de Tokyo, d'une capacité de 68.000 places, qui doit accueillir des concerts et d'autres compétitions sportives après les Jeux. Des événements qu'il faudra désormais reprogrammer. Quid du village olympique ? Le site a été construit sur un terrain à forte valeur immobilière, avec vue sur la baie de Tokyo. Il était prévu qu’il soit reconverti en milliers d'appartements haut de gamme, certains étant déjà vendus. Le report va entraîner de sérieux retard dans le réaménagement.

On en vient enfin à l’ultime inconnue et le CIO a déjà reconnu qu’elle serait "très difficile à gérer". Les chambres d’hôtel à Tokyo ont été pour la plupart réservées depuis plusieurs mois, souvent à prix d’or d’ailleurs. Les sommes seront-elles définitivement perdues ? Le secteur hôtelier, particulièrement touché par la crise sanitaire au Japon, doit-il craindre des annulations en série ? Il est encore trop tôt pour le savoir, mais c’est bien un nouveau coup dur qui menace en ce début d’année 2020 décidément très difficile.

QM