
Jean-François Lamour : « Le lobbying peut faire la différence »

Jean-François, cette réunion du CIO, suivie du vote, est-ce un instant particulier à vivre ?
Non seulement ça a été particulier, mais surtout très douloureux pour moi. Surtout à Singapour pour l’attribution des Jeux de 2012, où Londres a été choisi aux dépens de Paris. C’est le moment où tout se joue après quatre ou cinq années de travail pour présenter un dossier compétitif et dynamique. Et le résultat n’avait malheureusement pas été à la hauteur de nos espérances.
Comment était l’ambiance avant le vote ?
C’est paradoxal, car les membres du CIO sont réunis en conclave dans une pièce fermée, mais ils sont accessibles dans les couloirs de leurs hôtels ou à l’occasion des réceptions. C’est donc avant tout beaucoup de lobbying. Avec le recul, je pense que nous n’avions pas été suffisamment forts dans ce domaine à Singapour et surtout les trois mois qui ont précédé.
Le meilleur dossier n’est donc pas forcément celui qui est choisi par le CIO ?
En effet, le CIO nous amuse un peu avec le dossier technique alors qu’en réalité, cela revêt à peine 20 à 30 % de la décision finale. On avait un bon dossier, avec des financements garantis et un coût raisonnable. Par exemple, Londres devait construire un stade olympique alors que nous avions déjà le Stade de France. Finalement, ce n’a pas été déterminant. Je reproche à la procédure de ne pas réellement mettre en valeur les dossiers qui répondent pleinement aux attentes du CIO et qui font valoir un équilibre financier.
Que pensez-vous des quatre villes en lice pour organiser les Jeux de 2016 ?
Le CIO a gros à jouer. Rio pourrait être la première ville sud-américaine à accueillir les Jeux olympiques. C’est un beau défi. J’aimerais que le continent accueille un jour cet évènement. Mais c’est un tel effort, qu’il faut se demander si le Brésil est capable d’organiser les Jeux. Face à Rio, Chicago est le plus sérieux concurrent, car on connaît le poids des Etats-Unis sur la scène internationale et le nouvel élan incarné par Barack Obama. Ces deux villes sont sur le devant de la scène. L’Asie a déjà accueilli les JO à de nombreuses reprises et l’alternance des continents voudrait que Madrid soit écartée (quatre ans après Londres, ndlr). Mais les membres du CIO ont une indépendance d’esprit qui révèlera peut-être des surprises.