
Crise en Grèce : les sites des JO 2004 à l’abandon
Les décors sont en friche, les gradins abritent des forêts de mauvaises herbes, la rouille s’est emparée des métaux. Onze ans après la fin des JO d’Athènes, la plupart des sites olympiques ont été laissés à l’abandon. En ruine, même, à l’image du stade olympique, du vélodrome et surtout du complexe d’Hellinikon qui accueillait les épreuves de canoë-kayak, de baseball et de softball. A l’intérieur de ces enceintes, les graffitis décorent des murs délabrés, dégradés par le temps et le pillage de panneaux électriques, de câbles ou autres climatiseurs. Dans l’ancien village olympique de Thrakomakedones, un portail rouillé ouvre le chemin vers une piscine réduite au rang d’étang. L’eau y croupit, les grenouilles y ont élu domicile.
Des fermetures et des abandons qui s’expliquent par l’absence de mesures de reconversion après les Jeux. Quand les 30 installations ont été livrées ou rénovées à l’époque, aucun plan global post-compétition n’a été rédigé même si les 2292 appartements du village olympique ont en partie trouvé repreneurs. Difficile, alors, de rentabiliser les 11,2 milliards d’euros investis (selon les chiffres officiels). Plusieurs dizaines de magasins ont pourtant ouvert à l’intérieur de certains sites, mais bon nombre d’entre eux ont fermé dans l’année qui a suivi. Et servent, pour certains, aux enfants du village, qui y jouent aux échecs ou regardent des films, à l’initiative d’associations de résidents.
Les Jeux, le coup fatal
L’abandon des sites olympique n’est pas propre au seul cas d’Athènes. Par le passé, Berlin en 1936, Sarajevo en 1984 ou Pékin en 2008 ont vu la nature (et la guerre en ex-Yougoslavie) reprendre rapidement ses droits sur les infrastructures. A l’inverse, des villes comme Londres ou Barcelone semblent avoir su gérer ces « éléphants blancs ». La capitale anglaise a opté pour des sites démontables, éventuellement destinés à d’autres olympiades, quand Barcelone s’est servi des siens pour redynamiser la ville.
« L’emplacement des installations d’Athènes n’a pas suivi le modèle réussi de Barcelone où l’événement a été utilisé comme un catalyseur pour la régénération d’une zone urbaine centrale déprimée », explique Aspa Gospodini, professeur de planification et de design urbain à l’université de Thessalie. Aujourd’hui, difficile d’estimer précisément le montant de la dette liée à l’organisation des Jeux. Difficile aussi de mettre la situation actuelle du pays sur le seul dos de ces Jeux. Mais les sommes dépensées auraient porté un coup fatal à la Grèce, aggravant la dette extérieure de 2 à 3%. L’an dernier, des économistes ont indiqué avoir accepté une mission d’évaluation de l’empreinte laissée par les Jeux olympiques de 2004 sur l’économie du pays. Une mission qu’on n’imagine pas prioritaire alors que le pays tout entier tente de survivre financièrement.