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Paris suspects : N.Karabatic s’est frotté aux experts

Nikola Karabatic

Nikola Karabatic - AFP

Au lendemain de son audition dans le procès des paris suspects, Nikola Karabatic a longuement pris la parole ce jeudi au tribunal correctionnel de Montpellier. Après avoir visionné la première mi-temps face à Cesson, l’international tricolore a tenu à apporter sa vision du handball face aux experts.

On a peut-être assisté à un tournant, ce jeudi, lors du 4e jour du procès sur l’affaire des paris présumés illicites, au tribunal correctionnel de Montpellier. Après que les derniers prévenus soient passés à la barre durant la matinée, la parole était donnée aux experts et à l’analyse vidéo de la première mi-temps du match Cesson-Montpellier (le 12 mai 2012), au centre de tous les soupçons, les joueurs héraultais étant suspectés d’avoir volontairement laissé l’avantage à leurs adversaires à la pause. Autant dire que tout le monde attendait cette expertise, qui est l'élément central de l'affaire pour mettre en avant le trucage.

Convaincue de la culpabilité des joueurs montpelliérains, l’expertise a d’abord avancé certains points plus ou moins troublants : un grand nombre de pertes de balles (plus que la moyenne sur la saison), un pourcentage de tirs cadrés inférieur en 1ere mi-temps par rapport à la 2ème, moins de jeu rapide en 1ère mi-temps, et cinq premières minutes de Montpellier très mauvaises, voire catastrophiques.

Quatre pages de notes pour Karabatic

Pendant la diffusion de la rencontre, Nikola Karabatic, auditionné mercredi, griffonne près de quatre pages de notes. Puis son avocat, Me Phung, appelle son client, qui piaffe d'impatience, à poser des questions et faire des observations. « C’était la première fois que je voyais le match, affirme Nikola Karabatic. J'avais une certaine peur. Là, je suis très heureux et très soulagé de l'avoir vu. On ne peut pas barricader ce sport à un sport de statistiques. Les statistiques, on s'en fout un petit peu en équipe de France. » S’en suivent 35 minutes d’échanges durant lesquels le joueur de Barcelone démonte point par point les rapports de l’expertise. « Pourquoi n'avez-vous pas analysé les compositions d'équipe ?, interroge-t-il. Montpellier jouait sans arrière droit de métier. C'est un élément à décharge, non ? »

Karabatic : « Robin fait un match super, je le recrute à Barcelone immédiatement »

La scène est quelque peu surréaliste. L’Expert du hand français et des Bleus assure le show face aux experts, les vrais. « Deuxième point : pour faire du jeu rapide, il faut que les conditions s'y prêtent, poursuit-il avec aplomb. A Cesson, les conditions ne sont pas réunies. C'est vrai que le jeu rapide est une donnée importante d'un match. Mais là, c'était impossible et ce n'est pas pris en compte. » « On n'a pas relevé ce point de détail, c'est vrai », reconnaissent les experts. Lorsque le président décide d'abréger, Karabatic conclut : « J'ai juste un dernier point qui est pour moi le meilleur : on dit que Mickaël Robin (le gardien) fait une mauvaise mi-temps avec six arrêts. La manière de prendre les arrêts d'un gardien que vous avez prise est mauvaise. Si vous comptabilisez bien, il a fait 11 arrêts et il y a trois tirs hors de la cage. Il faudrait aussi en parler. Je trouve qu'il fait un match super. Je le recrute à Barcelone immédiatement. On ne peut mettre en cause sa performance. Pour finir, on a eu le droit à deux expertises mais j'aurais aimé que cette première mi-temps soit expertisée par des personnes qui ont des vraies compétences dans le handball. »

Karabatic : « Ce n’est pas une leçon, je n’ai pris personne de haut »

C’est avec le sentiment d’avoir convaincu son auditoire que Nikola Karabatic quitte la barre. Il sera resté 35 minutes avec les experts. « On a tous vu qu’il n’y a rien à dire sur cette mi-temps, dira-t-il quelques minutes plus tard face aux micros pour sa première prise de parole devant les médias depuis le début du procès. Dire qu’elle a été truquée est quelque chose de farfelu. Ai-je donné une leçon ? Non, ce n’est pas une leçon. Je n’ai pris personne de haut. J’ai juste voulu apporter mon expertise. Toute la salle a vu le même match que moi. C’était bien d’apporter une expertise d’un joueur de haut niveau et pas seulement d’un arbitre international et d’un spécialiste de la vidéo. C’est ce que je regrettais dans les deux rapports d’experts qui ont été fournis. Jamais il n’y a eu de spécialiste, joueur ou entraîneur de handball, consultés. Ils auraient eu un tout autre commentaire. » Ce vendredi, place aux auditions des différents témoins.

AB avec JL à Montpellier