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Paris suspects - Canayer : "Je n’ai pas de conviction"

Patrice Canayer

Patrice Canayer - AFP

A l’occasion du 5e jour de procès des paris suspects, l’entraîneur de Montpellier, Patrice Canayer, a témoigné à la barre en tant que témoin. Après son audition, le technicien héraultais est revenu sur cette journée au micro de RMC Sport.

Patrice Canayer, comment avez-vous trouvé l’attitude des joueurs cette semaine ?

J’avais à cœur d’être le plus neutre possible. Je me suis donc très peu attaché à ce qui s’est passé cette semaine. J’ai même évité de lire ou d’écouter les journaux.

Vous avez dit devant les juges que lorsqu’on pariait, cela influençait dans une certaine mesure la performance…

J’ai dit très exactement que lorsqu’on pariait sur la défaite, c’était compliqué pour être dans les meilleures dispositions mentales pour être au maximum de ses performances.

Comment traversez-vous cette affaire ?

Maintenant, les dés sont jetés. Je me suis clairement exprimé à la barre. Il y a eu pendant quelques jours la possibilité d’assumer collectivement ce qui s’est passé. Au moins pour deux joueurs qui ont avoué avoir parié (Luka Karabatic et Primoz Prost, ndlr). Il y avait des possibilités de s’en sortir honorablement en avouant les fautes, en faisant amende honorable. La fenêtre de tir a existé mais elle n’a pas été prise. On est maintenant dans un autre processus qui est celui de la justice.

Au fond de vous, vous pensez vos joueurs capables d’avoir fait ce pour quoi ils sont poursuivis ?

Je ne suis pas juge. Je n’ai pas envie de m’exprimer sur ma conviction.

Vous pensez toujours qu’il est impossible de tirer des conclusions sur une mi-temps qu’on expertise ? Sur le comportement des joueurs ?

L’analyse objective a été pour moi le moment le plus difficile ce matin. Ce que j’ai essayé de transmettre et qui n’était pas forcément simple, c’est que le niveau était en deçà de nos capacités individuellement et collectivement. Mais j’ai bien pris soin d’éviter de dire que c’était lié à une action sur les paris. Il peut y avoir d’autres causes invoquées.

Pouvez-vous répéter ce que David Christmann, ancien entraîneur de Cesson à l’époque des faits, vous a dit et qu’il a nié vous avoir dit ce matin ?

Oui, il m’a très clairement dit avant un match, alors qu’on discutait de cette affaire des paris, qu’un de ses joueurs, Wael Hoori, parti depuis en Allemagne, avait discuté avec Issam Tej. Celui-ci lui avait dit qu’à la mi-temps, ce serait un match assez facile à gagner. Je rappelle que Cesson était alors partie civile dans cette affaire et qu’ils se sont retirés. J’ai beaucoup de respect pour David Christmann mais je maintiens très clairement mes propos. Et j’ai même ajouté qu’au match d’après, après avoir été entendu par la police, il m’a fait grief de manière très franche, en face à face sur ce que j’avais dit. Je lui ai expliqué que je n’étais pas là pour lui poser des problèmes mais que l’affaire était suffisamment grave pour que je livre les informations que j’avais.

Il est difficile d’imaginer que vous n’ayez pas de conviction…

Preuve que je n’ai pas de conviction… Si j’avais par exemple la conviction qu’Issam Tej a parié, ça voudrait dire que je ne le croirais pas. Issam Tej ou Dragan Gajic nous ont affirmé les yeux dans les yeux qu’ils n’avaient pas pariés. On leur fait donc confiance. Même par rapport à ce que je sais d’Issam Tej, on lui a reconduit son contrat. Nous avons discuté tous les deux. Il sait exactement ce que je lui ai dit par rapport à ça. Je suis très à l’aise par rapport aux deux joueurs qui sont chez nous actuellement.

Propos recueillis par Julien Landry