
Omeyer, l’Espagne, le Qatar… : le débrief de Costantini

Daniel Costantini - -
Daniel Costantini, comment avez-vous vécu cette demi-finale face à l’Espagne ?
C’est une immense satisfaction parce qu’on n’aurait pas compris que notre équipe n’aille pas au bout de cette compétition. Elle est en voie de le faire. Ce match m’est finalement apparu plus facile que prévu en première mi-temps, avec dix-huit buts marqués aux Espagnols. On s’est dit : « C’est quoi cette équipe espagnole ? Ils sont champions du monde mais ils ne sont pas là ». Et puis on a vu qu’en début de deuxième mi-temps, avec quelques arrêts du gardien espagnol, quelques ballons un peu vite lâchés, on s’est mis un peu à douter. Les Espagnols sont revenus à un but mais heureusement, quand il a fallu faire la différence, tout le monde s’est retrouvé. Il y a eu des buts très importants de Daniel Narcisse et de Valentin Porte, et puis derrière il y a eu monsieur Thierry Omeyer qui arrêtait tout.
Justement, Thierry Omeyer a été l’homme du match…
Sur les six penalties tirés contre lui en deuxième mi-temps, il les touche tous, même si certains ont été repris par les Espagnols. Avec un gardien comme ça, la moindre des choses est d’aller en finale car c’est lui qui nous y invite. Autant on a pu se poser des questions sur les premiers matchs de poule où il était un peu transparent, on a même vu Cyril Dumoulin entrer sur le terrain, autant depuis que les matchs sont éliminatoires, à lui tout seul il décourage l’attaque adverse. Et quand l’attaque adverse est impuissante, après tu n’as plus qu’à marquer un but de temps en temps et ça le fait.
Pourquoi l’équipe de France est-elle si forte ?
Il y a un super mélange, avec des joueurs qui étaient là en 2001 (Omeyer, Narcisse, Fernandez), des jeunes talents qui sont arrivés après (Karabatic, Guigou…) et surtout cette confiance réciproque. Ils ne sont pas tous toujours bons en même temps, mais il n’y a jamais quelqu’un qui passe à travers. Il y a toujours quelqu’un pour rattraper l’autre et c’est ce que les autres n’ont pas. Les Espagnols, à partir de la 45e minute, aucun d’entre eux n’avançait. Nous, en équipe de France, il y a toujours quelqu’un qui est capable de reprendre le témoin.
« Je ne vois pas comment les Français pourraient laisser échapper ce match »
Que vous inspire cette finale contre le Qatar, ce dimanche (17h15) ?
Je pense qu’on est favori depuis le début de la compétition, donc on va continuer à l’être. Le Qatar est une équipe à laquelle il faut prêter attention. Ils ont une efficacité offensive certaine, avec des joueurs surprenants, qui ne se ressemblent pas tous. On sait très bien que c’est une drôle d’équipe nationale, puisqu’il y a sept nationalités qui la composent. Mais franchement, sur ce qu’on vu en demi-finales, je ne vois pas comment les Français pourraient laisser échapper ce match. D’autant que je pense que les Qataris sont tellement contents d’être arrivés là qu’à un moment donné, ils vont peut-être accepter l’idée que le titre de champion du monde ne sera pas forcément pour eux.
Jouer contre un outsider, en plus le pays hôte, n’est-il pas dangereux ?
Oui, c’est sûr que ça ne va pas être facile à préparer. Autant j’imagine qu’avant le match contre l’Espagne, le staff a trouvé les mots qu’il fallait pour faire en sorte qu’ils prennent le match très au sérieux. Là, il pourrait y avoir un peu de démobilisation mais n’oublions pas qu’au bout du compte il y a le cinquième titre mondial, que jamais personne n’a eu, et la qualification directe pour les Jeux Olympiques de Rio. Rien que ça va faire en sorte qu’ils vont bien récupérer. On n’a pas vu William Accambray en demi-finale et peut-être que c’est lui qui va exploser les Qataris dimanche.
Que pensez-vous de cette sélection qatarie, composée de joueurs de nationalités différentes ?
Très honnêtement, ça ne m’énerve pas parce que je mesure le travail qu’ils ont dû faire pour transformer cette espèce de mosaïque en une équipe. Et surtout une mosaïque de joueurs qui n’étaient pas titulaires dans l’équipe nationale de leur pays. Ils n’ont privé personne de quelque chose. Le coach espagnol, Valero Rivera, a quand même fait un recrutement assez exceptionnel en allant chercher des joueurs auxquels personne ne croyait et il les a transformés en finalistes des championnats du monde en un an de travail « à l’ancienne », car plus aucune équipe nationale ne travaille comme ça. Eux l’ont fait, ça paye et il faut le respecter.