
Handball : Bertrand Gille, pivot des Experts, raccroche

Bertrand Gille - AFP
C’est certainement l’une des plus belles pages du handball français qui va se tourner dans quelques semaines. A 37 ans, Bertrand Gille a décidé de mettre fin à sa carrière, longue de presque 20 années, à la fin de la saison. « On ne sait jamais si c’est le bon moment, mais quand on passe plus de temps avec le kiné et le staff médical qu’avec ses copains sur le terrain, il faut savoir tourner la page, a commenté le pivot français dans l’Intégrale Sport sur RMC. J’ai beaucoup donné. J’ai toujours été dans une course contre la montre entre ce que voulait ma tête et ce que mon corps me demandait. Il y a un moment où le corps réclame son but et on en subit les conséquences. Ça fait partie de la vie d’un sportif de haut niveau, mais quand ça vient dans ces proportions-là, il faut arrêter. »
Véritable lien entre deux mythiques générations du handball français, les Costauds et les Experts, Bertrand Gille affiche un palmarès aussi grand et doré que sa carrière. C’est simple, le puîné d’une fratrie de trois handballeurs, complétée par Guillaume et Benjamin, a tout gagné ! Double champion olympique (2008, 2012), double champion du monde (2001 et 2011), double champion d'Europe (2006, 2010), « Bobo » complète également sa clinquante vitrine de trophées avec un titre de champion de France (en 2001 avec Chambéry), un titre de champion d’Allemagne (en 2011 avec Hambourg) et le titre de meilleur joueur du monde (2002), à seulement 24 ans.
« Je ne serai pas entraîneur »
Freiné par de nombreuses blessures depuis trois ans, le pivot chambérien aux 268 sélections avec les Bleus (806 buts) restera à jamais l’un des symboles des glorieuses années du handball tricolore, qui nous rassasient depuis 2006. « Bertrand Gille, j’en garde un souvenir assez ébloui, témoigne Daniel Costantini, membre de la Dream Team RMC Sport et ancien sélectionneur de l’équipe de France. C’est un joueur exceptionnel. Moi, ce que j’appréciais surtout à l’époque, c’était qu’il était surtout un joueur polyvalent. Il m’est arrivé dans des matches de le mettre arrière gauche, arrière droit. Dès qu’on avait un besoin, on savait qu’on avait Bertrand Gille. Il n’y a que gardien de but qu’il n’a jamais joué en équipe de France ! Pour ça, c’était un joueur très très précieux. »
Un an après son grand frère, Guillaume, Bertrand Gille quitte donc le devant de la scène. Si sa rage de vaincre, l’envie du combat et la science du jeu manqueront, le « roc » ne tirera pas totalement le rideau sur le handball. Bien au contraire, il souhaite garder un rôle permanent dans la discipline. « J’envisage mon avenir professionnel en jonglant sur plusieurs projets, qui ne sont pas encore finalisés complètement, explique-t-il. Mais je pense à une collaboration avec le club de Chambéry pour donner mon avis ou les aider à continuer à avancer. Je ne serai pas entraîneur car ce n’est pas un rôle dans lequel je m’imagine. Je crois être trop conscient de la complexité de la tâche. J’ai encore envie d’apporter des choses à mon sport. » Pourvu que sa reconversion soit aussi réussie que sa formidable et longue carrière.