
Hand: "Devenir maman a fait de moi une meilleure joueuse", confie Cléopatre Darleux
Jusqu'à dimanche se déroule en France l'opération "Sport féminin toujours". Une semaine de sensibilisation et de promotion pour la médiatisation du sport féminin. Pour mettre en avant les évènements sportifs mais aussi les droits des athlètes féminines. L'un des sujets majeurs est la maternité. Les cas sont assez rares de sportives mettant leur carrière en suspens pour devenir maman. La handballeuse Cléopatre Darleux (32 ans) a fait ce choix. Entretien avec la gardienne des Bleues, championne olympique l'été dernier à Tokyo, revenue "revenue plus forte que jamais" après sa grossesse.
Vous avez donné naissance à votre petite fille Olympe en novembre 2019. Vous aviez 30 ans. Avez-vous eu des craintes au moment de vous lancer dans votre projet de maternité?
Oui bien sûr. C'est un projet compliqué. Déjà, c'est tabou dans le sport. Il y a l'envie en tant que femme de devenir maman mais aussi les questions sur notre carrière. Comment de temps on va être absente? Comment est-ce qu'on va revenir physiquement? Est-ce qu'on va retrouver son niveau? Moi aussi je me suis posée ces questions. Après, comme je dis souvent, devenir maman de ma fille est la plus belle chose qui me soit arrivée. C'est pour ça que j'essaie de communiquer sur mon expérience.
Vous n'avez pas eu le sentiment à l'époque de sacrifier votre carrière?
Non. Bien sûr qu'il y a des conséquences sur la carrière. Pendant notre absence, quelqu'un prend notre place mais ce n'était pas un sacrifice. Ce que j'ai en plus depuis la naissance de ma fille, ce n'est que du positif sur le plan personnel mais aussi sportif.
Vous avez mis combien de temps à revenir à la compétition?
J'ai mis deux mois et demi à reprendre la compétition. Cela dépend des kilos qu'il y a à perdre (rires). Dans mon cas, j'ai eu la chance si on peut dire que le Covid-19 arrête les compétitions au printemps 2020. J'ai joué un mois et demi concrètement et après j'ai eu plus de temps. Mais je dirais qu'on peut revenir à son top au bout de quatre mois.
Vous dites que vous êtes même devenue une meilleure joueuse, que vous vous sentez plus forte qu'avant? Et vos résultats depuis votre retour le prouvent.
Totalement! Depuis que j'ai accouché, mes résultats et mon niveau de jeu en 2020-2021, c'est la meilleure saison de ma carrière que ce soit en club et en équipe de France (NDLR: championne de France 2021, vainqueure de la Coupe de France 2021 et finaliste de la Ligue des Champions 2021 avec le Brest Bretagne Handball et championne olympique à Tokyo avec les Bleues). Surtout dans mon état d'esprit, je me sens bien avec moi-même. Je me sens épanouie, plus légitime pour parler à mes coéquipières, à mon entraineur, à mon président. Je me sens apaisée et plus mature. C'est sûr qu'on a plus de responsabilités en étant maman. Le soir, quand on rentre à la maison, on a toujours notre petit bout qui nous attend et on passe à autre chose. On prend plus de hauteur.
Vous parliez d'un sujet tabou en début d'entretien. Est-ce que vous sentez que les choses évoluent dans le bon sens?
Oui complétement. Je reçois beaucoup de messages de sportives, tous sports confondus qui me demande mon parcours, comment je me suis organisée, comment j'ai repris l'entrainement etc. Plus on en parle, plus il y aura des sportives qui iront au bout de leur projet.
Vous avez aussi œuvré pour la signature d'une convention collective entre les joueuses et la Fédération Française de Handball sur ce sujet?
Oui la convention DIHANE (Dialogue Social Innovation Handball Partenaires Féminins). Elle a été signée en mars 2021. Grâce à elle, on a obtenu un maintien de salaires pendant un an des joueuses en cas de grossesse mais aussi de grosses blessures au lieu de trois mois avant, mais aussi une hausse du salaire minimum et des droits aux congés.
Qu'est-ce que vous diriez aujourd'hui à une joueuse en pleine carrière qui vous lit et voudrait se lancer dans la maternité?
Je leur dirais : "allez-y foncez". N'ayez pas peur. Si c'est une envie profonde, il faut y aller. Pour ma part, ce n'était pas forcément calculé mais aujourd'hui, je suis hyper heureuse. Je conseille à tout le monde d'y aller à fond.