
Euro 2014 : pourquoi ces Bleues peuvent viser haut

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Le boulot d’un coach après un match consiste bien souvent à refréner les élans d’une victoire, ou à souligner les détails positifs d’une défaite. Rares sont ceux à s’extasier ouvertement de la beauté du récital joué par leurs ouailles. Que l’on ne s’y trompe pas, Alain Portes, coach de l’équipe de France féminine de handball, n’a rien d’un ravi de la crèche. Mais devant le spectacle (victoire 24-20) proposé par ses protégées face au Monténégro vendredi, Portes s’est régalé et il le dit.
« C’est comme dans un rêve. On a un jeu varié, presque tout fonctionne. Pour l’instant, nos adversaires ne savent pas où nous attendre. Elles sont un peu déroutées. Je l’attendais, mais avec toute la réussite qu’on a eue hier, je n’en croyais pas mes yeux, s’extasie le successeur d’Olivier Krumbholz. On peut rater des choses, mais vendredi, on a trouvé des solutions presqu’à chaque fois. » Lancées à grands braquets dans la compétition, ces Bleues peuvent croire en leur destin. Le pedigree de leurs trois victimes du premier tour invite à l’optimiste. Après le tour de chauffe slovaque (21-18), la France a croqué (27-17) les vice-championnes serbes (certes diminuées) puis le Monténégro, tenant du titre et vice-champion olympique. De quoi envisager l’avenir sereinement.
Portes : « Encore loin des demi-finales »
« Les résultats donnent beaucoup d’espoir, reconnait Alain Portes. Le moral est bon. On prend beaucoup de plaisir. Mais il y a quand même une forme de prudence et de sérénité chez les filles qui ont l’expérience de ces grandes compétitions. » Nous y voilà. Le sport tricolore regorge de trop grands soirs annoncés punis de mémorables fessées pour que ces filles-là se laissent piéger par l’euphorie ambiante. « Il y a beaucoup de relais dans cette équipe. Il y a beaucoup de capitaines potentielles : Alexandra Lacrabère, Allison Pineau, Nina Kanto, témoigne Portes. Elles ont la tête sur les épaules. Elles font vite des retours au calme après les victoires. Vendredi, elles ont tout de suite été tournées vers le prochain match. Ce sont des adultes, il n’y a pas besoin de les recadrer. »
Si avant la compétition, un Top 5 semblait un objectif raisonnable, qu’en est-il aujourd’hui au sein même de l’équipe ? « J’entends bien les filles parler de demi-finale. On en est encore loin, élude l’entraineur. Dimanche, c’est un match qui fait peur. On n’est pas à l’abri de se faire éliminer, même d’un match pour la 5e place. » Dimanche, ce sera la Suède. « Une équipe qui joue très bien au hand. Un hand très simple, mais rapide, puissant, avec une qualité de passe exceptionnelle et de l’adresse au tir », prévient Portes. Une analyse qui sonne comme un rappel à l’ordre. Car si la France aborde ce tour principale en tête du groupe II, seuls deux tickets seront attribués parmi les 6 équipes du groupe pour les demi-finales. Une victoire suédoise mettrait donc les Bleues sous pression. Et l’or, après lequel elles courent depuis 2003 (championnes du monde), deviendrait soudainement bien plus lointain.