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Euro 2018: l’injuste expulsion d’Allison Pineau, socle de la victoire des Bleues

L’équipe de France féminine d’handball est devenue championne d’Europe ce dimanche en dominant la Russie (24-21). Et si les Bleues sont allées chercher le titre continental qui leur manquait, c’est aussi grâce à un fait de jeu en leur défaveur: l’expulsion d’Allison Pineau, qui les a littéralement soudées. Et bouleversé le public de Bercy.

On joue la 37e minute de jeu de la finale de l’Euro de hand féminin entre Françaises et Russes - que les Bleues vont finir par remporter 24-21. Non, soyons plus précis encore. Il est 18h17 heure française quand la terre tremble du côté de Paris-Bercy, de l’AccorHotel Arena. Alors qu’elle vient d’inscrire un jet de sept mètres et de redonner trois buts d’avance à la délégation tricolore, Allison Pineau voit le corps arbitral se réunir. La raison? Son tir a touché une partie du crâne de la gardienne russe Anna Sedoïkina. Intentionnellement? Pas pour la joueuse. Mais oui pour les deux arbitres, qui se rapprochent de la déléguée. Et annoncent la sentence : carton rouge.

Alors que la joueuse française s’effondre en larmes sur le parquet, puis va prendre place en tribunes, jouant les premières supportrices des futures championnes d’Europe, Bercy hurle sa rage. Son incompréhension. Sa colère. "Il y avait une atmosphère de folie. Surtout quand Allison a pris le rouge, j’avais l’impression que c’était le feu", témoigne la capitaine et ailière gauche Siraba Dembélé. Avant de se reprendre et d’affirmer: "c’était le feu !"

Un rêve "gâché"

Un feu en tribunes, que toutes les joueuses bleues ont ressenti. Toutes. "Je sais que ça a décuplé quelque chose, que ça a réveillé aussi le public et apporté de la rage dans l’équipe", racontera plus tard la demi-centre Allison Pineau au micro de RMC, confiant ne plus vouloir "parler de ça" et évoquant à qui veut l’entendre que le corps arbitral lui a "gâché un rêve". Ce quelque chose, c’est la motivation des joueuses, de ses copines. "A partir du moment où Allison est exclue, on s’est démultiplié, on a défendu comme si on était 8, on a défendu partout", assure ainsi le pivot Béatrice Edwige.

"A partir de là, il ne pouvait plus rien nous arriver"

Un carton rouge comme socle d’un succès européen? Oui, c’est bien cela qu’affirme en chœur les reines du Vieux Continent. Certes, les minutes qui ont suivies l’expulsion ont été flottantes. Mais pour les deux équipes, comme sonnées par cette décision que peu ont comprise finalement dimanche. Et cela n’a pas empêché les Bleues, souveraines avant ce fait de jeu, souveraines après mais sans jamais avoir ce quatrième but d’avance qui aurait enterré définitivement les rêves russes, de mater leur bourreau des JO 2016.

"L’expulsion d’Allison, ça nous a encore plus soudées. Il ne pouvait rien nous arriver", estime Camille Ayglon, l’arrière-ailière droite tricolore. Et le chef d’orchestre alors? Pas mieux pour Olivier Krumbholz, qui confirme: "Il y a un moment-clé dans ce match. C’est ce carton rouge qui est totalement injustifié. A partir de là, il ne pouvait plus rien nous arriver, vu comment on a défendu." A partir de là, l’équipe de France a écrit son histoire vertueuse vers ce nouveau titre international, vers cet Euro enfin décroché.

Avec Pineau donc au premier rang, à défaut d’être sur le parquet. "C’est tellement injuste. J’espère juste que ces arbitres reverront la vidéo à tête reposée et se rendront compte qu’elles ont fait une erreur et gâche quelque chose. On ne va pas rester dix ans sur ce fait. L’essentiel est ailleurs. On est championne d’Europe." Et cela efface bien des déceptions.