
Ce que la justice reproche à Nikola Karabatic

Nikola Karabatic - AFP
Sacré champion du monde il y a un peu plus d’une semaine au Qatar, Nikola Karabatic, la star du handball français, est vite redescendu de son nuage. Vendredi, le Parquet de Montpellier a requis le renvoi de l’ex-joueur du MAHB, ainsi que de 16 autres personnes, devant le tribunal correctionnel. Au cœur de l’affaire, les soupçons de paris illicites. L’actuel demi-centre du FC Barcelone est soupçonné d’être à l’origine de paris litigieux de quelque 80000€ au sujet du résultat à la mi-temps de la rencontre de D1 entre Cesson et son ancien club, Montpellier, le 12 mai 2012. RMC Sport qui s’est procuré le réquisitoire, vous révèle ce que la justice reproche à la star mondiale du handball.
Un retrait exceptionnel de 1500€
Le 9 mai, soit trois jours avent la fameuse rencontre face à Cesson, Nikola Karabatic a effectué un retrait de 1500 euros. « Ce type de retrait en numéraire était tout à fait inhabituel de sa part à en croire ses relevés bancaires », indique le réquisitoire. Lorsqu’il fut interrogé sur ce fait précis, le handballeur avança que cette somme pouvait être un « complément nécessaire à mettre dans la cagnotte pour les vacances des joueurs à Ibiza. » En charge de cette cagnotte, Luka Karabatic, son frère, avait mis « son contenu intégral sur ce pari, dans le but de faire bénéficier à tout ou partie de l’équipe » de ce voyage à Ibiza. » Devant les juges d’instruction, Luka Karabatic a indiqué que le pot commun devait contenir 6000 ou 7000 euros.
Le téléchargement de l’application « ParionSport »
la veille du match Le réquisitoire révèle que l’ex-joueur de Montpellier a téléchargé sur son portable l’application de paris en ligne « ParionSport ». Application que Karabatic a consulté à plusieurs reprises au cours de la nuit précédant la rencontre, « de toute évidence pour vérifier l’évolution de la cote du pari. » Le joueur a aussi utilisé cette « appli » le jour du match, à 9h36 du matin.
Un « droit au silence » qui dérange
Nikola Karabatic a été placé en garde à vue le 30 septembre 2012. Alors que ses avocats assurent que leur client qui n’a rien à se reprocher, va s’expliquer sur les éléments recueillis par les enquêteurs, Nikola Karabatic se retranche derrière le « « droit au silence » selon le terme repris en réponse à chacune des questions des questions précises qui lui étaient posées. » Le 29 janvier 2013, lorsqu’il fut réentendu, il adopta une stratégie de défense basée « sur le principe de l’amnésie », notamment au sujet de certains appels téléphoniques passés par son amie avec son téléphone la nuit précédant la rencontre face à Cesson.
Il s’est retranché derrière sa compagne
Dans sa version des faits, Nikola Karabatic a défendu l’idée que sa compagne, Géraldine Pillet, « avait elle-même pris des paris à son insu. » Lorsqu’on lui demande quelle fut sa réaction lorsqu’il apprit que sa compagne (mais aussi son frère Luka), avaient joué à son insu contre Montpellier, le réquisitoire avance une réponse « peu convaincante » de l’intéressé qui dit « avoir été très contrarié », et « leur avoir fait la morale » étant lui-même « contre les paris. » De nouveau interrogé le 12 mai 2013, il maintient sa version de faits. Mais, selon le réquisitoire, il est « obligé d’affirmer » que c’est sa compagne qui a consulté, à son insu, son portable sur le site de la FDJ le matin du match afin de connaître la cote de Cesson.
Un « rôle central dans cette escroquerie »
« Compte tenu de son statut dans l’équipe de leader sportif incontesté, de sa proximité affective avec le leader de vestiaire et parieur invétéré Mladen Bojinovic et de son autorité sur son frère, un tel projet ne pouvait de toute façon pas prendre corps sans sa caution et son accord », avance le réquisitoire. Le 10 mai 2012, Nikola Karabatic a reçu un SMS de son partenaire Mickaël Robin lui demandant : « C’est quoi le truc avec la caisse noire. » Selon le procureur, cela « atteste du fait qu’il fait partie de ceux qui ont été à l’origine du stratagème, initialement limité à la mise de la cagnotte de l’équipe. » (…) « Il est ensuite celui qui a tenu informée Géraldine Pillet (sa compagne) des évolutions de la cote du pari. » Le réquisitoire qui évoque une « mauvaise foi constante tout au long de l’instruction de cette affaire et souvent affligeante de la part de son acabit », avance aussi que le rôle de Nikola Karabatic dans cette escroquerie est « central et ne se limite pas à celui de complice. »