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Bungert : « Le secret ? Pas de logique de profit »

Directeur de l’Evian Masters depuis 1996 et co-président de Young and Rubicam, Jacques Bungert garde un œil avisé et très écouté sur l’évolution du golf professionnel français. "L’Evian" est depuis l’année dernière l’épreuve la mieux dotée au monde… Explications.

Jacques Bungert, à l’heure où les annulations de tournois féminins s’enchaînent aux Etats-Unis, quel est le secret du succès économique de l’Evian Masters ?
C’est simple. On a des contrats de sponsoring sur une durée assez longue. En général sur cinq ans. C’est le cas de Rolex, Lacoste ou Société Générale par exemple. On a une gestion de ce tournoi qui est un peu particulière. Tout est réinvesti dans l’épreuve. Il n’y a pas de logique de profit. Sur le golf masculin, les enjeux sont tels que forcément il y a des accidents industriels. Sur le golf féminin, il y a des tournois aux Etats-Unis ou au Japon qui disparaissent en raison de la nature même de la crise et des contrats.

Comment expliquez-vous les retraits successifs de certains sponsors aux Etats-Unis ?
Quand un tournoi arrive en fin de contrat avec un partenaire et qu’il y a une crise, cela doit arriver ! On l’a vu notamment dans l’industrie automobile avec Oldsmobile, Chrysler ou General Motors. Même pour ces marques là, il y a des choix à faire. Dans le golf féminin le retour sur investissement est très intéressant. Les tickets d’entrée ne sont pas élevés. Ça le rend moins fragile que le golf masculin.

Le Groupe Danone est très présent à l’Evian, ce qui vous facilite la tâche…
Oui mais l’Evian a un mode de gestion particulier. Les hôtels et le terrain appartiennent au Groupe Danone. Il y a donc une gestion très serrée des coûts… L’économie du tournoi n’a rien à voir avec une économie classique. Nous sommes dans un mode de fonctionnement similaire à une PME. Les enjeux d’investissements sont très raisonnables.

A travers les JO d’Albertville en 92, Jean-Claude Killy vous a servi d’exemple. L’Evian Masters se vend bien ?
C’est vrai que l'approche "club des sponsors" de Jean-Claude Killy a inspiré Franck Riboud (PDG du Groupe Danone, ndlr). Cela a été visionnaire. En 1994, la dotation était de 150 000 euros. Aujourd’hui, elle est de 3,25 millions de dollars. Nous sommes devenus en 15 ans le premier tournoi au monde avec l’US Open. L’Evian est diffusé dans 110 pays. Il n’y a pas de primes de départ et les joueuses ne viennent pas seulement pour l’argent, même si la gagnante repart avec 380 000 dollars. Ce tournoi a une dimension de vitrine internationale, ce qui n’est peut-être pas le cas de l’Open de France. On ne peut pas comparer les choses…

avec C. Co.