
Tevez, l’Apache au caractère bien trempé

Carlos Tevez - -
La cicatrice est impressionnante. Sur plusieurs centimètres, elle balafre le corps de Carlos Tevez, de l’oreille jusqu’au torse. Comme le souvenir d’une enfance difficile dans le quartier de Fuerte Apache, à Ciudadela. Au milieu des barres d’immeubles délabrées, c’est là, dans l’un des endroits les plus dangereux d’Argentine, qu’a grandi « Carlitos » (le petit Carlos). Sur les terrains de la banlieue pauvre de Buenos Aires, l’attaquant de Manchester City s’est forgé un caractère. Dur comme les premières années de sa vie. Une carapace en acier qu’il n’a jamais hottée depuis. Sur le pré, « le Taureau argentin » (1m73, 77kg) ne calcule jamais ses efforts. Partout où il est passé, ses partenaires louent son sens du sacrifice. « Il bosse énormément pour l’équipe, assure Mickaël Silvestre, son ancien coéquipier à Manchester United. Il presse sans arrêt les défenseurs, il mouille le maillot. Pour un groupe, c’est important d’avoir un joueur de ce niveau-là qui se défonce. »
De Boca Juniors aux Corinthians, en passant par West Ham et les deux Manchester, Tevez n’a laissé personne indifférent. Ses exploits balle au pied restent dans les mémoires. Ses coups de sang aussi. « C’est un joueur qui fait des différences, glisse Luis Fernandez. C’est un vrai compétiteur. Le seul problème, c’est peut-être son caractère. » A 27 ans, l’international argentin traîne derrière lui une réputation sulfureuse. Après avoir brillé durant deux saisons avec United et raflé deux titres de champions d’Angleterre et une Ligue des champions, l’idole albiceleste ne supporte pas la concurrence de Dimitar Berbatov. Il quitte les troupes de Sir Alex Ferguson vexé et signe chez City, l’ennemi juré. Une trahison, sur fond de pétrodollars, que les fans des Red Devils ont toujours en travers de la gorge. Après une période d’idylle avec les Bleus de Manchester, Tevez, promu capitaine, est frappé d’un coup de cafard. L’été dernier, le n°32 des Citizens clame son envie de rentrer au pays afin de retrouver sa famille. En vain.
Silvestre : « Venir au PSG, ça serait descendre de niveau pour lui »
Avec l’arrivée d’Edin Dzeko et Sergio Aguero, il est même relégué sur le banc. Insupportable pour « Carlitos ». Le 27 septembre dernier, il refuse d’entrer en jeu contre le Bayern Munich en Ligue des champions. Fureur de son entraîneur Roberto Mancini, suspension de deux semaines et lourde amende. Tevez et City, c’est fini. L’Apache est prié de se trouver une porte de sortie au mercato. Malgré ses frasques, le Milan et le PSG entrent dans la course. « Il y a une différence entre avoir mauvais caractère et avoir du caractère, estime Rolland Courbis. Ce qui m’inquiéterait, c’est qu’il se moque complètement d’être sur le banc. C’est extraordinaire pour un groupe d’avoir un joueur comme Tevez. » Paris aimerait en faire le test. A condition que l’intéressé soit sensible au projet des Qataris. « Carlos est un joueur accompli, remarque Silvestre. Venir au PSG, ça serait descendre de niveau pour lui. Il a n’a rien a prouvé, au contraire d’un joueur comme Pastore. D’ailleurs, il n’a pas déclaré qu’il rêvait de venir au PSG. Il a envie d’aller en Italie, au Milan. » Enfin, pour l’instant…