RMC Sport

Le "Premier League Pick & Mix" de Philippe Auclair

Retour sur la 6e journée de Premier League avec Philippe Auclair, taulier de SFR Sport  et pilier de l'After Foot sur RMC Sport.

Il s’est passé tant de choses ce week-end que, pour une fois, j’ai décidé d’écrire une chronique d’un autre type, une sorte d’Impressions d’Angleterre, non pas que je me prenne pour Raymond Roussel, mais parce que cette sixième journée avait quelque chose de parcellaire. Rien ne se détachait à mes yeux, comme lorsque Liverpool avait succombé 5-0 à Manchester City ou que l’autre club de Manchester avait fini par rouleau-compresser Everton à force d’avoir usé ses réserves d’énergie. Il y avait beaucoup à raconter, par contre. Alors, plutôt qu’un plat de résistance, je vous propose ce lundi un buffet, un pick & mix, en vous souhaitant bon appétit.

>> La Premier League, c'est sur SFR Sport, et pas besoin d'être abonné SFR.

Niasse, Ni-asse, c’est un petit nom charmant…

La référence échappera à beaucoup: Fernandel n’est plus vraiment le comique à la mode. “Fernand qui?” Mais avançons. A 16:37 (heure locale), ce samedi, j’en étais à préparer un mea culpa abject autour des espoirs formulés au sujet d’Everton en tout début de saison, sur la foi de résultats encourageants en Europe et de deux premiers matchs de PL bien gérés, d’un recrutement que je n’étais pas le seul à penser judicieux, et d’un Rooney que nous croyions tous comme régénéré par son retour à la case-départ. Un quart d’heure plus tard, je pouvais froisser mon brouillon et passer à autre chose. Oumar Niasse, qui s’était levé du banc à la 55e pour remplacer Wazza l’ensanglanté, était passé par là. Et de deux buts de plus pour le Sénégalais, déjà buteur en Coupe de la League quelques jours plus tôt.

>> Retrouvez toutes les vidéos de Premier League par ici

Quand on songe que Niasse, pourtant dispos, et disponible, n’était pas dans le groupe retenu par Koeman pour les éliminatoires de la Ligue Europa, et qu’il n’avait même pas de casier dans le vestiaire des U23 où on l’avait relégué, et avec qui il avait encore joué à la mi-septembre, contre la réserve de Tottenham... D’évidence, on a affaire à un footballeur qui sait se retrousser les manches, et qui n’est pas rancunier. Koeman - un manager qui ne recherche pas nécessairement la complicité avec ses joueurs - l’avait ostracisé. Niasse lui a épargné les huées du public de Goodison. Mon man of the weekend.

Sterling en hausse

Il n’est pas question de la devise, toujours à -15% par rapport à sa cote d’avant le référendum, mais de Raheem. Mine de rien, il a déjà cinq buts à son actif après six journées de championnat, lui qui a la réputation d’être un rien maladroit devant la cage adverse. L’an dernier? Sept en 33 rencontres. Il y a bien eu un déclic. Il est devenu une sorte de presque-titulaire dans l’équipe pourtant la plus riche dans son secteur de jeu en Angleterre et, à mes yeux, la seconde en Europe après le Real Madrid. Je répète: dans ce secteur de jeu, histoire d’éviter la confusion. La preuve: il n’a manqué qu’un seul match de PL…et c’était quand il était suspendu, pour avoir célébré son but décisif à Bournemouth un peut trop énergiquement aux yeux des pisse-vinaigres de la FA.

Sterling a progressé dans tous les domaines où il péchait (discipline tactique, utilisation des espaces et des ballons, sens du but) sans rien perdre de ses qualités naturelles – sa vitesse, son goût de la feinte et de l’esquive, sa conduite de la balle dans le dribble. Pep y est pour beaucoup, mais le joueur pour encore plus. Savoir écouter n’est pas donné à tout le monde.

Le London Stadium, cimetière du football

Le silence est un gouffre qui donne le vertige. Samedi, en début d’après-midi, entraîné par presque 60 000 aphones, j’y suis tombé. Le London Stadium n’a pourtant vraiment pas besoin de ça. Il est hideux. S’y rendre est un cauchemar. Zéro signalétique, plus d’un an après l’emménagement de West Ham, quand Stratford est censé être un nouveau ‘noeud’ des transports londoniens. Quelle blague! J’ai fait le compte. De la gare au stade, il n’y a très précisement aucune indication du chemin à prendre pour rejoindre l’arène, pourtant distante de plus de deux kilomètres, et protégée par une série de couloirs routiers qui sont comme autant de douves infranchissables. Les stadiers, recrutés auprès d’entreprises de travail temporaire, paraissent aussi perdus que les supporters. Le site est une abomination, un vomis de cabinet d’architecture, sans âme, sans coeur, une coagulation de tours et de centres commerciaux, bref, d’une catastrophe urbaniste.

La stade ne vaut pas mieux, c’est dire. La piste d’athlétisme recouverte par une sorte de tapis vert a quelque chose de misérable. La pelouse donne toujours l’impression d’avoir été dépliée là comme un tapis acheté au rabais. C’est triste à mourir.

Et dire que c’est l’incroyable public du Boleyn Ground qui a échoué dans cet aspirateur d’ambiance. Il se réveille de temps à autre, vieux réflexe. On le retrouva même presque égal à lui-même dans les dernières minutes d’un match transformé par l’expulsion de Serge Aurier. Le reste du temps, il avait succombé à la déprime. Comment pourrait-il en être autrement?

Un nouveau stade, ce n’est pas la fin du monde. Ca peut même être le début d’un nouveau. Echangerais-je aujourd’hui le King Power contre le Filbert Street d’antan? Mis à part le nom, jamais. Mais si vous désirez voir comment le football anglais est parfois son pire ennemi, allez au London Stadium.

Si vous trouvez la route, s’entend.

Philippe Auclair