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Riolo : "Le Bayern passe au terme du match de l’année !"

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Retour sur l’extraordinaire qualification du Bayern Munich devant la Juventus, ce mercredi soir en 8e de finale retour de la Ligue des champions (4-2 ap) !

Favori, le Bayern l’était, assurément. Le 2-2 de l’aller et un statut de cador de la compétition à côté du Barça, ça en imposait. Mais on a eu certainement tendance à sous-estimer la Juve. Le finaliste de la saison dernière méritait probablement plus d’attention. C’est un travers dans l’analyse, se fier à la médiatisation. Le foot italien intéresse moins, c’est moins à la mode.

Pourtant, même privé de joueurs importants, Allegri aligne un 11 avec beaucoup d’allure. Dybala pas là, Mandzukic sur le banc, il reste Morata. Là encore, un 9 totalement sous-côté. Je le dis souvent, la charnière de la Juve est avec celle du Barça, l’une des meilleures d’Europe. Quant à Allegri, c’est un grand coach, l’un des derniers dans ce métier en mutation, à, encore, réfléchir la tactique à chaque match.

Le début de rencontre est idéal pour la Juve. Le Bayern défend très mal et offre un but rapide à son adversaire. 1-0 après 5 minutes, les Juventini peuvent faire le match qu’ils voulaient. Ils défendent haut, pressent en bloc et jouent parfaitement chaque sortie de balle. Le milieu est dense. La discipline immense. Pogba, qui parfois est plus léger de ce côté là, est dans le ton. Il occupe le côté gauche du milieu et se mue très vite en meneur quand la Juve a le ballon.

Le Bayern attaque mal et défend surtout très mal. Que la Juve soit à l’aise en contre, certes, que Morata soit très fort, ok, mais le 2e but est inconcevable. Morata traverse le terrain, attire les défenseurs sur lui, les ridiculise puis sert Cuadrado. C’est magnifique, mais le Bayern n’a pas le droit de prendre un tel but. 2-0 ! C’est fou. Le Bayern n’y arrive pas. Ribéry, Muller, Douglas Costa, rien ne passe. Difficile d’envisager que les Allemands marquent deux buts à cette défense. On attend du Bayern qu’il mette le feu en seconde période quitte à se faire ouvrir en contre.

Et on passe logiquement tout près du 3-0 au moment où Morata se crée une nouvelle occasion. Le choix d’Allegri est désormais clair. On défend plus bas, on attend. Morata est seul devant. Attendre que le Bayern s’use et perde patience. Dans ces cas-là, les attaquants surjouent, perdent les automatismes collectifs. Et c’est exactement ce qu’on voit. Guardiola revoit ses matches avec le Barça, face à Chelsea, à l’Inter. La possession inutile.

Le Bayern joue très rarement face à des équipes aussi fortes défensivement. Petit à petit, les Allemands se font un mal de crâne terrible. Rien ne va, les passes sont ratées. Muller est absent, mais qui est au niveau ? La titularisation de Ribéry m’avait étonné. Est-il prêt pour ce genre de match ?

Le problème de la Juve, c’est peut-être d’être passé en mode « autobus » trop tôt. La défense haute, alternée, était parfaite. Trop bas, on se met en danger trop souvent. La sortie de Morata me laisse perplexe tant il était parfait dans le schéma de la Juve ce soir.

Même peu inspiré, le Bayern revient à 1-2. Il reste 15 minutes et le match prend feu. Chaque ballon dans la surface peut donner le 2-2. La Juve ne sort plus et veut finir à « la baston ». Bonucci, Barzagli, Evra. La Juve est à trois dans l’axe. Le niveau d’Evra, je ferai l’économie d’un commentaire à ce sujet.

Guardiola répond prend tous les risques en sortant Xabi Alonso.

Ce 8e de finale est bien le plus passionnant du plateau cette année. Le Bayern ne termine pas aussi fort qu’il le faudrait. La fatigue est partout. Mais sur le dernier débordement, l’invisible Muller égalise ! Ce match est énorme.

Comment en ayant finalement refusé le jeu, la Juve peut-elle aller marquer maintenant dans la prolongation ? Un improbable contre ? Attendre les pénos semble être l’ultime solution. Allegri a tout bien fait jusqu’à la 75e. Ce n’est pas assez contre le Bayern ! Les sorties de Khedira et Morata posent question.

L’équipe qui a toujours voulu jouer, même sans être toujours inspirée, est toujours en vie. Tant mieux ! Seul le Bayern peut marquer car seul le Bayern joue. La Juve a renoncé trop tôt ! Le but de Thiago Alcantara libère Guardiola. Allegri avait tout bien pensé au départ, mais le maître est en face. Tous les changements du Catalan ont été justes.

La Juve s’écroule et prend même un 4e but ! 4-2. Quelle soirée !

Au terme de ces 8e de finale, tout le monde est là. Le Bayern est passé près de la porte, mais est bel et bien là. Toujours favoris, à côté d’un Barça unique et facile vainqueur d’Arsenal.

Pour le PSG, rien n’a changé. Le Barça et le Bayern en favoris. Atletico, Man City, Real à éviter aussi. Benfica et Wolfsburg en cadeau à espérer. On n'attend plus que le tirage et des matches de ce niveau pour s’éclater encore !

Daniel Riolo