
Les grandes finales de la Ligue des champions: 1993, Marseille dans la légende

Didier Deschamps - AFP
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Olympique de Marseille - AC Milan: 1-0
26 mai 1993, finale de la Ligue des champions - Olympiastadion (Munich, Allemagne)
But: Basile Boli (43e)
OM: Barthez – Eydelie, Angloma (Durand 62e), Boli, Desailly, Di Meco – Deschamps (c), Sauzée – Pelé, Boksic, Völler
(Thomas 79e)
Entraîneur: Raymond Goethals
Milan: Rossi – Tassotti, Costacurta, Baresi (c), Maldini – Donadoni (Papin 58e), Albertini, Rijkaard, Lentini – Van Basten (Eranio 86e), Massaro
Entraîneur: Fabio Capello
"A jamais les premiers", comme le rappelle l’un des plus fameux slogans de l’Olympique de Marseille. Quatre mots en ciel et blanc, en référence à l’une des plus grandes victoires du football français. C’était le 26 mai 1993, date marquée d’une pierre blanche dans l’histoire de l’OM. Là où le Reims de Raymond Kopa puis de Just Fontaine a échoué deux fois, là où le Saint-Etienne de Captain Larqué n’a pas eu plus de succès, Marseille a réussi: ce jour-là, l’OM a conquis la Ligue des champions.
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L'affront de 1991 à effacer
Cette saison-là, un vent nouveau souffle sur l’Europe. La Coupe d’Europe des clubs champions vient d’être rebaptisée Ligue des champions. Et au Stade olympique de Munich, un nouveau roi va s’emparer de la coupe aux grandes oreilles face à un géant européen. C’est l’heure de l’OM. Enfin, deux ans après un terrible échec.
Le 29 mai 1991, les Phocéens ont eu leur première chance. Et ils y ont cru très fort. Régner sur l’Europe était la suite logique de la montée en puissance du club dirigé par Bernard Tapie. Mais à Bari, Jean-Pierre Papin et ses coéquipiers voient leurs espoirs se briser face à l’Etoile rouge de Belgrade. Vladimir Jugovic, Sinisa Mihajlovic, Robert Prosinecki et autres Dejan Savicevic, encore inconnus à l’époque, font déjouer les Marseillais et l’emportent aux tirs au but. Comme un symbole de la détresse des Olympiens, Basile Boli pleure à chaudes larmes. De nombreux supporters aussi.
L'AC Milan, une terrible machine
Alors, quand l’OM retrouve la finale deux ans plus tard après une très bonne campagne de qualification (6 victoires, 4 nuls, meilleure attaque de la compétition avec 24 buts), l’ambition se mêle à l’envie d’effacer l’affront yougoslave. "On n’avait aucune expérience à l’époque. Si on ne l’a pas vécu, on tâtonne. Je fais une connerie en 1991; on était supérieurs à l’Etoile rouge et je ferme pratiquement l’hôtel. (…) Je mets les mecs dans le rouge", se souvient Bernard Tapie au micro de RMC. Cette fois, son OM est mieux préparé.
Pourtant, il y a de quoi trembler. Face à Marseille se dresse l’AC Milan. Une machine redoutable pilotée par Fabio Capello. Ces Rossoneri-là sont impressionnants en Europe: 8 matches, 8 victoires, un seul but encaissé (l’œuvre d’un certain Romario, alors au PSV Eindhoven). Une équipe avec le capitaine Franco Baresi et Paolo Maldini en défense, Frank Rijkaard dans l’entrejeu, le triple Ballon d’or Marco van Basten en attaque… ainsi que Jean-Pierre Papin. Quelques mois plus tôt, le buteur en série a cédé aux sirènes milanaises. Le Ballon d’or 1991 retrouve l’OM… dans le camp adverse.

Boli serre les dents et libère l'OM
Le Belge Raymond Goethals est toujours l’entraîneur des Ciel et Blanc. Mais l’OM a un peu évolué en deux ans. Didier Deschamps est revenu et s’est vite vu confier le brassard de capitaine. Le jeune Fabien Barthez, 21 ans, a pris la place de Pascal Olmeta dans la cage. Le roc Marcel Desailly a rejoint le club. Les cadres sont encore là: Jocelyn Angloma, Abedi Pelé, Eric Di Meco… et bien sûr Basile Boli.
L’ancien Auxerrois va changer de dimension ce 26 mai 1993. Le défenseur n’aurait peut-être pas dû jouer. Touché à un genou, il souffre. Et il demande à sortir. Bernard Tapie se rappelle une scène cocasse: "Boli se roule de douleur. On est à 7 ou 8 minutes de la mi-temps. On se dit qu’on va attendre. Je vois Goethals qui s’agite, je prends alors le talkie et je dis à Bernès: "Il n’est pas question qu’il sorte." S’en suit une engueulade à distance entre Tapie, Goethals et Rudi Völler. La suite? 43e minute, Abedi Pelé obtient un premier corner et le botte. Au premier poteau, Basile Boli devance Frank Rijkaard et ouvre le score d’une tête décroisée. Marseille s’embrase. Après avoir subi sans céder face au Milan, l’OM prend les commandes.
"On était absolument sûr de gagner"
En seconde période, Fabio Capello réagit et fait entrer Jean-Pierre Papin. Mais c’est peut-être déjà trop tard. La défense olympienne annihile les assauts milanais. Les Marseillais ont l’avantage et dans leurs têtes, il n’est pas question de voir à nouveau le rêve s’envoler. "On était absolument sûr de gagner. Aucun de nous n’avait de doute", martèle Bernard Tapie. Même son de cloche chez le buteur Boli, le jour du 20e anniversaire du sacre: "Ce qui m’a marqué, ce sont les regards des Marseillais vers la coupe en sortant sur le terrain. On l’a fixée, on s’est dit qu’elle devait être à nous."
Quand l’arbitre siffle la fin du match, c’est la libération. Des larmes coulent à nouveau, mais celles-ci traduisent le bonheur. Même Bernard Tapie ne peut se contenir: "Tu ne peux pas. Impossible de résister." Le héros Basile Boli harangue les supporters et leur interdit de pleurer. Les démons de Bari sont vaincus. En terre allemande, Didier Deschamps, 24 ans, soulève le trophée tant convoité. Il l’ignore peut-être, mais ce premier titre prestigieux sera suivi de pas mal d’autres. Ce 26 mai 1993, l’OM est au sommet. "J’ai l’impression que cette date est gravée dans la tête des gens. Partout où je passe, il y a quelqu’un qui a un souvenir de ce 26 mai 1993. On a l’impression de faire partie de la vie des gens, de l’histoire", confie Basile Boli.