
Incidents Ligue des champions: le témoignage glaçant du président des supporters de Liverpool en France
Les témoignages se multiplient concernant les graves incidents du Stade de France samedi soir, autour de la finale de la Ligue des champions remportée par le Real Madrid contre Liverpool (1-0). De gros problèmes d'organisation pour les uns, un couac massif autour de faux billets pour d'autres... les versions s'opposent. Mais sur BFMTV ce dimanche, Rodolfo Amaya, président du club officiel des supporters de Liverpool en France, donne sa version des faits et ce qu'il a vécu et vu sur place.
"En arrivant au stade, on attendait quelqu'un qui devait nous donner les billets officiels, obtenus avec le club. On arrive du RER B, on nous demande nos billets. On attend sur le côté du grillage que la personne arrive. On a vu énormément de personnes essayer de forcer le passage, explique-t-il. Il y avait un contrôle de billets concernant leur validité. Les personnes qui avaient des faux protestaient, faisaient demi-tour et s'en allaient. Celles qui n'avaient pas de billet forçaient le passage. J'en ai vu essayer de courir et forcer le premier contrôle. Ils n'avaient aucune couleur de Liverpool ou du Real, pas d'écharpe, ni de maillot. Ils étaient assez nombreux pour créer des mouvements de foule et certains moments de panique."
"J'ai vu des personnes billet à la main se le faire piquer"
La situation s'est tendu encore plus environ 1h15 avant le coup d'envoi prévu (finalement reporté): "On récupère nos billets, on rentre, on voit que la situation est assez tendue. On a nos billets cachés dans nos vestes. J'ai vu des personnes billet à la main se le faire piquer, précise Rodolfo Amaya. C'était très dangereux pour les billets. Je rentre, il est vrai, je passe. Première fouille très légère. On arrive à la porte A vers 19h50. A partir de ce moment, il y a quatre ou cinq portes d'accès à cet endroit et je les vois toutes se fermer sauf une. Les cènes qui ont suivi... les gens commençaient à se demander ce qu'il se passaient. Ceux de devant demandaient à ceux derrière de reculer pour respirer. Les gens poussent, ne savent pas ce qu'il se passe. Tout se fait en anglais, on entend le fort accent de Liverpool. Devant il y a un écran, aucun message disant que le match a été retardé, ni d'avertissement de sécurité."
Comme l'ont montré des images, notamment de journalistes espagnols et anglais, des personnes ont entrepris d'escalader les grilles. Un incident est survenu, comme raconté par le président du club officiel des supporters de Liverpool en France: "J'ai vu des gens escalader pour passer par dessus des grilles. Avant j'ai vu les supporters de Liverpool expulser quelqu'un de la file en lui disant qu'il essayait de frauder. A ce moment, il n'y avait aucun policier. Il part en insultant les gens en français, il fait demi-tour et revient en cachant une lame dans sa manche. Je crie alors en anglais aux gens de se calmer. Les choses se calment, je précise qu'il n'a pas attaqué."
Ces incidents ont rappelé de mauvais souvenirs du côté des Reds: "Est-ce que c'était des supporters britanniques comme le ministre de l'Intérieur l'a dit... ce n'est pas du tout ce que j'ai vu. Ce qui me choque le plus, c'est que la même chose est arrivée en Angleterre en 1989, Hillsborough, 97 personnes ont trouvé la mort, rappelle Rodolfo Amaya. Les autorités ont accusé les supporters de Liverpool d'avoir forcé les grillages. Hier soir, j'ai eu peur à un moment. C'était très difficile d'avoir des informations. L'amie avec qui j'étais a eu une crise de panique. J'ai senti dans l'air l'odeur de poivre (gaz poivré des forces de l'ordre ndlr). Je me suis dit que ça allait partir et que c'était inadmissible."
Des tensions aussi après le match
Sur l'après-match, la situation était également tendue selon ce qu'a vu Rodolfo Amaya : "On est parti ensemble avec trois amis, on était plutôt tranquille. J'ai vu des personnes isolées se faire agresser pour récupérer leurs sacs, soit se faire directement raquetter. C'est ce que je trouve dommage, je trouve effarant de voir la réaction de la police avec des supporters levant les mains en disant 'je ne pousse pas, laissez-moi passer'. A la sortie du stade, j'ai vu des gens essayer de rentrer pour voir les célébrations. Les portes étaient complètement ouvertes pour tout le monde. Question, pourquoi y a-t-il des gens aux abords du stade alors qu'on peut sécuriser un périmètre? Des gens essaient de courir pour entrer dans le stade, se font rattraper par la police qui commence à taper. A ce moment, un bâton part. Je vois un supporter de Liverpool se retrouvant simplement sur le trajet, qui se prend un coup de bâton sur la jambe et se retrouve par terre alors qu'il était simplement en train de sortir du stade."