
Héros du PSG-Real de 1993, Kombouaré se souvient
Antoine Kombouaré a vécu la plus belle émotion de sa carrière de joueur le 18 mars 1993. En ce soir de quart de finale retour de la Coupe de l’UEFA (devenue Ligue Europa), le défenseur kanak permet au PSG de terrasser le Real Madrid d’un coup de casque magistral, au bout d’interminables arrêts de jeu. Défait 3-1 à Bernabeu, le club parisien vient de renverser le club merengue en s’imposant 4-1. Dans un entretien accordé à RMC Sport, l’actuel entraîneur de Lens se remémore cette nuit magique au Parc des Princes, dont on lui parle encore plus de 20 ans après.
Antoine, vous rappelez-vous du contexte autour de cet exploit contre le Real Madrid en 1993 ?
Je n’ai pas beaucoup de gros souvenirs mais celui-ci, ça reste particulier pour moi et une certaine génération. On était sortis de ce match aller, non seulement déçus par le résultat (défaite 3-1) mais surtout très frustrés. On avait fait un très, très bon match. On est menés 2-1 contre le cours du jeu et on concède ce pénalty dans les arrêts de jeu... On sort de ce match enragés parce qu’on se dit : « On s’est fait voler. Malgré leur victoire, ce sont des bidons en face. » Pourtant il y avait des Butragueño, Michel (l’actuel entraîneur de l’OM), Buyo dans le but… On s’est construit à travers la rage de vaincre, de se venger. La veille du match retour, on s’est rejoints dans une chambre avec Lama, Weah et compagnie, mais sans entraîneur. Et on s’est dit : « On va leur marcher sur la tête ! »
Et vous marquez ce fameux quatrième but…
On ne pense jamais que ça va aller jusque-là parce qu’on mène 1-0, 2-0, 3-0. Le match est plié et Madrid marque en fin de match. Sur un coup franc, le ballon va sur un côté et je suis battu de la tête sur la remise. Zamorano passe devant Ricardo et marque. Et là, il y a les fameux arrêts de jeu. Au bout du bout, il y a un coup franc pour nous. Moi, je me sens concerné par rapport au but qu’on encaisse. On avait fait un match tellement énorme que je me dis qu’on est morts si on va en prolongation. Il n’y avait plus d’essence dans le moteur. La rage de gagner et l’envie de réparer mon erreur me donnent des ailes.
Est-ce le plus grand souvenir de votre carrière ?
Oui, c’est mon plus grand souvenir de joueur de foot. Moi je suis un joueur normal à ce moment-là. J’ai la chance de jouer avec de grandes stars : Weah, Ginola, Ricardo, Valdo, Lama, Guérin, Le Guen... Il y en a un paquet ! Et grâce à ce but, je deviens un joueur médiatique, avec plein de surnoms, dont « Casque d’or ». Mais il ne faut pas oublier le match d’avant. C’est moi qui permets d’aller faire le quart de finale contre le Real Madrid (en égalisant, là aussi de la tête, sur la pelouse d’Anderlecht au tour précédent).
« Ce PSG a les moyens de battre le Real tous les jours »
Vous parle-t-on souvent de ce match ?
Les fanatiques du PSG, oui. Des fois c’est un peu lourd parce que je suis passé à autre chose depuis longtemps mais ça fait plaisir. Ce sont des choses que vous ne vivez qu’une fois dans votre vie. Je n’ai plus jamais vécu ça après. Il y a eu des scènes de joies, de folie. Moi j’étais dans un état second. On me tapait sur la tête... D’ailleurs je suis très ami avec Laurent Blanc et lui aussi a vécu ça une fois, à Bollaert pour France-Paraguay (en 8e de finale de la Coupe du monde 1998). C’est parti de là le but en or. C’est fabuleux, tu marques et ça s’arrête. Mais nous, on a fait l’erreur de fêter cette victoire et cette qualification comme si on avait gagné la Coupe d’Europe. On n’avait rien compris à l’époque (le PSG sera ensuite éliminé en demi-finale par la Juventus Turin).
En ce qui concerne les forces en présence, est-ce comparable avec le PSG-Real qui va se jouer ce mercredi ?