
Ce que va changer le nouveau fair-play financier adopté ce jeudi
Le fair-play financier (FPF) va connaître un rafraichissement de la part de l’UEFA ce jeudi. La confédération européenne va adopter un nouveau dispositif après deux années noires (2020, 2021) en raison de la crise du Covid-19. Les nouvelles règles budgétaires ont d’ailleurs été conçues en pleine crise pour contenir l'envol des coûts salariaux, douze ans après la mise en place du système. La limitation du déficit des clubs a contribué à assainir les comptes mais elle a aussi révélé ses limites: sa rigueur aggrave le sort des écuries fragilisées, alors que la pandémie a coûté environ sept milliards d'euros au football européen en deux saisons, tout en étant aisément déjouée par les clubs détenus par des Etats aux fonds quasi-illimités, Manchester City et le PSG en tête.
Pour ne pas précipiter une vague de faillites, l'UEFA a donc assoupli l'appréciation des déficits depuis le printemps 2020, puis annoncé une vaste refonte des règles financières imposées aux clubs. Le principal changement est philosophique: il ne s'agit plus d'exiger l'équilibre des comptes mais de limiter les dépenses allouées aux salaires, indemnités de transfert et commissions d'agent, identifiés depuis longtemps comme le principal problème économique du football.
Un avantage pour le PSG dans le dossier Mbappé
Concrètement, l'UEFA va doubler le déficit autorisé sur trois ans (à 60 millions d'euros) mais obligera les clubs à limiter leur masse salariale à 90% de leurs revenus en 2023-2024, puis 80% et enfin 70% à partir de la saison 2025-2026, le temps que les contrats en cours arrivent à échéance. Selon L’Equipe, cette baisse progressive pourrait servir le PSG, notamment dans sa volonté de prolonger Kylian Mbappé, pour deux saisons supplémentaires. Le nouveau salaire potentiel de la star française pourrait être intégré plus facilement dans le pourcentage des revenus en 2023-2024.
Ce mécanisme est une forme atténuée de "plafond salarial" très délicate à importer pour l'UEFA: les 55 fédérations qu'elle chapeaute obéissent à des règles sociales et comptables variées, et il n'existe pas de négociation centralisée. S'ils n'y parviennent pas, les fautifs subiront des amendes préétablies selon l'ampleur du dépassement.
Encore deux ans de "flambe"
Cette "taxe de luxe", vantée dès l'année dernière par le président de l'UEFA Aleksander Ceferin, sera ensuite redistribuée parmi les clubs plus vertueux, même si le coup de pouce attendu s'annonce modeste pour chacun de ces bénéficiaires. Par ailleurs, le projet de l'UEFA prévoit des interdictions de recruter, limitations de prêts, rétrogradations d'une compétition européenne à une autre et points de pénalité lors des "mini-championnats" qui remplaceront les phases de groupes à partir de 2024.
>> Suivez toutes les infos mercato EN DIRECT
L'articulation de ces mesures avec les sanctions financières reste néanmoins à préciser, un sujet clé tant les sanctions sportives demeurent la principale menace pour les nouveaux riches du foot européen. UEFA comme ECA l'ont d'ailleurs martelé: le fair-play financier ne devrait guère infléchir la concentration des trophées.
Les nouvelles règles pourraient néanmoins peser sur la bataille entre cadors historiques et ogres aux ressources illimitées, d'autant que l'abaissement progressif du plafond salarial permettra à ces derniers, dont le PSG, de flamber encore deux saisons. A l'inverse, des clubs légendaires mais financièrement dans le rouge, comme le FC Barcelone ou la Juventus Turin, pourraient voir leurs ambitions bridées par l'obligation de réduire graduellement leur dette.