
Rolando: "Retrouver le plaisir de jouer"
Comment allez-vous, après cette période confinement?
Je vais bien. Retrouver le terrain, le vestiaire, les coéquipiers, ça change tout. Le confinement nous a permis de pouvoir profiter de la famille mais ce n’est pas ça notre quotidien. Les choses prennent, maintenant, le bon chemin.
La Liga portugaise reprend le 3 juin. Que pensez-vous de cette décision?
C’est compliqué… En tant que joueur, j’en avais marre de m’entraîner tout seul, de mener une vie qui, au fond, n’était pas la mienne, On a l’habitude de la compétition, des déplacements, du stress, et ça finit par nous manquer.
La France, elle, est mis un terme à ses compétitions, fin avril.
La France a pris cette décision et… La seule chose que je peux dire c’est que je pense qu’ils ont pris la décision trop tôt. Ils auraient pu attendre un peu, observer. On voit que la Bundesliga a repris, ce n’est pas comme avant, mais ça se passe plutôt bien. J’espère juste qu’au Portugal on va bientôt pouvoir parler jeu, matchs. C’est ça qui compte.
Vous avez rejoint Braga peu avant la crise. Quel est votre objectif?
Quand mon contrat s’est terminé avec l’OM, j’avais pour objectif de découvrir un autre pays, peut-être un autre continent. J’ai attendu mais rien de ce que j’espérais ne s’est présenté à moi. Et puis, j’ai commencé à m’habituer à être en famille, emmener mes enfants à l’école, passer tu temps avec ma femme, lorsque Braga m’a appelé en février. L’entraîneur était mon ami, Rúben Amorim, avec qui j’avais joué en jeunes au Belenenses. Quand il m’a appelé pour me demander si j’étais intéressé, je n’ai même pas hésité. Je pouvais joindre l’utile à l’agréable et j’ai donc accepté.
Rúben Amorim qui vous avait contacté est parti au Sporting entre-temps. Ça n’a rien changé pour vous?
Non, parce que je le vois comme un ami, avant de le voir comme un entraîneur. Il se disait que le Sporting était le mieux pour lui, pour sa progression. Je suis content parce que c’est son choix.
Le Sporting a payé 10 millions d’euros pour le faire venir. C’est énorme pour un entraîneur…
Au Portugal, lorsque de telles sommes sont engagées, on en parle beaucoup. D’autant plus, s’agissant en plus d’un entraîneur qui n’entraîne pas en Liga depuis longtemps… Mais le joueur qui est cher est celui qui ne joue pas, comme l’entraîneur qui est cher est celui qui ne fait pas progresser ses équipes; et il va faire progresser ses joueurs et permettre à son club d’amortir cet investissement. J’ai été étonné par le montant mais mon ami a obtenu ce qu’il voulait et je suis heureux pour lui.
Son remplaçant est Custódio, un autre ex-coéquipier. Ce n’est pas un peu bizarre d’avoir pour entraîneur quelqu’un avec qui on a joué?
Je m’y fais bien! (rires) Quand Amorim m’a appelé, ma femme m’a demandé : "Tu vas l’appeler comment? Rúben, Amorim, Mister?" Cutsódio, j’ai joué avec lui en sélection espoirs. Au début, c’est un peu bizarre mais on s’y fait.
Braga a révélé de nombreux entraîneurs ces dernières années (Jesus, Jardim, Domingos, Paulo Fonseca, Sérgio Conceição...) Custódio sera-t-il le prochain?
Rien que le fait d’être à Braga qui est un club reconnu et pas seulement au niveau national va l’aider à le mettre en valeur. J’espère qu’il aura du succès parce qu’il est mon entraîneur, un ancien coéquipier et un ami. Son succès sera aussi le mien.
Vous qui êtes passé par le FC Porto. Diriez-vous que Braga fait partie des grands, comme le FCP, Benfica et le Sporting?
C’est une question compliquée. Braga possède des infrastructures du niveau des grands. Sportivement, ils rivalisent avec eux. Mais pour devenir un grand, il y a beaucoup d’autres choses qui entrent en jeu, comme la capacité financière, ou le temps. Il en faut beaucoup pour les rejoindre. C’est un marathon et Braga est le bon chemin.
Vous célébrerez vos 35 ans en août prochain. La Seleção est-elle toujours un objectif?
La vie m’a appris à ne pas faire trop de plans sur l’avenir. Je suis un fan inconditionnel de la Seleção. Quand j’ai débuté, j’avais cet objectif de l’atteindre. J’ai disputé un Euro, une Coupe du monde. Aujourd’hui, je ne dirais pas que j’abandonne la Seleção mais je n’y pense pas. Ce que je veux, là, c’est rejouer, retrouver le plaisir de jouer, me sentir à nouveau un "vrai" joueur.
Pensez-vous à ce que vous ferez après votre carrière?
Je ne pense pas trop à ça. Parfois, je dis à ma famille que je vais profiter de la vie, avec eux. Je veux pouvoir profiter de mes enfants avant qu’ils ne s’intéressent plus à leur vieux! (rires)